Les amateurs de rugby se faisaient une fête d'occuper leur samedi d'avant-saison par un match des tri-Nations entre les Springboks et les All-Blacks.
Le choc tant attendu a accouché d'une rencontre insipide, marquée par un festival d'approximations, de mauvais choix et de fautes de la part des champions du Monde. Seuls la remarquable prestation de Richie McCaw et l'application de ses partenaires ont permis à ce match sinon de décoller, du moins de ne pas sombrer dans l'inintérêt. Au final, une défaite cinglante pour les Sud-Africains (0-19) et des perspectives de victoire dans le Tri-Nations plutôt compromises.
Il n'en fallait pas tant pour ranimer la critique vis-à-vis de Peter de Villiers, le sélectionneur des Boks. Et il n'est pas du tout certain que ce dernier reste encore longtemps à son poste, dans un pays où le sort de l'équipe nationale de rugby est une affaire d'Etat.
Sa désignation avait déjà suscité des commentaires très acides de la part des spécialistes et des media. Pour certains, le fait que De Villiers soit noir a joué en faveur de sa désignation. Les pressions politiques s'étaient effectivement faites sentir, alors que la fédération sud-africaine de rugby peine encore à s'ouvrir aux communautés ethniques jusqu'à présent peu représentées au sein des instances dirigeantes comme des sélections. A cet égard, on a même pu parler de la désignation d'un entraîneur "politiquement correct".
Malgré quelques résultats plutôt positifs, avec en particulier une victoire historique en Nouvelle-Zélande à l'occasion des Tri-nations, les critiques ne passent rien au sélectionneur. Ses choix humains comme tactiques sont jugés assez négativement, en particulier s'agissant de ses tergiversations sur des joueurs clés comme F. Steyn ou B. Habana. En tout état de cause, De Villiers semble avoir des difficultés à imposer sa vision du jeu.
La relative méforme de certains des cadres de l'équipe ne contribue pas à donner des résultats favorables au sélectionneur. Mais il faut égament reconnaître que son comportement ne joue pas forcément en sa faveur : ses critiques systématiques sur l'arbitrage, comme justification quasi-exclusive des revers de son équipe, commencent à agacer. Il a d'ailleurs remis ça au terme de la défaite face aux Blacks, alors que l'arbitre n'a pas du tout pesé sur les débats.
Même si Peter de Villiers ne doit pas être jugé sur huit mois (sa désignation date de janvier dernier), il va devoir produire des résultats. Car les conditions même de sa nomination, obtenue par 10 voix contre 9, exigent qu'il justifie rapidement la très relative confiance placée en lui. Aussi, les prochains matches seront sans doute cruciaux. Une dernière place au Tri-Nations ne serait pas loin de sceller son avenir. S'il parvient à se maintenir à la tête des Springboks au terme de la compétition, il devra négocier un périlleux déplacement dans l'hémisphère nord en novembre prochain. A l'occasion des tests d'automne, les Boks affronteront d'abord le Pays de Galles puis se déplaceront à Twickenham pour y rencontrer l'Angleterre. On sait qu'à cette période, les équipes du Nord sont généralement en meilleure forme que leurs homologues sudistes.
Une défaite contre l'une ou l'autre des sélections britanniques pourrait bien sonner le glas de la carrière de Peter de Villiers à la tête de la sélection. Nous n'en sommes pas encore là, et on suivra très attentivement les deux prochains matches des Boks face à l'Australie.
Inutile d'insister sur la pression qui pèse sur les épaules d'un sélectionneur déjà en sursis...