Après avoir identifié un nouveau type de capteur moléculaire qui permet au parasite du paludisme d'infecter des cellules humaines ou les moustiques au bon moment, ces scientifiques de l'UNIGE (Genève), visent à désorienter le parasite pour l'empêcher de prospérer. Ces travaux, publiés dans la revue Science Advances, ouvrent en pratique la possibilité de brouiller les signaux perçus par le capteur, désorienter le parasite et de l’empêcher ainsi de se répliquer et de se transmettre.
Avec 250 millions de cas chaque année, dont 621.000 mortels, le paludisme reste un problème majeur de santé publique, notamment en Afrique subsaharienne. La maladie parasitaire causée par un parasite du genre Plasmodium est transmise par les moustiques. Ainsi, au cours de son parcours du moustique à l'homme, Plasmodium doit s'adapter aux spécificités des nombreux organes et cellules qu'il parasite. Il dispose notamment de capteurs constitués de protéines lui permettant de détecter des molécules spécifiques aux environnements qu'il colonise. Alors que la plupart des organismes vivants partagent les mêmes types de capteurs, Plasmodium fait exception.
Découverte d’un nouveau capteur qui permet à Plasmodium de se repérer et de s’adapter
Lorsqu'un humain est piqué par un moustique infecté par Plasmodium, le parasite pénètre dans la circulation sanguine et se rend dans le foie, où il se développe pendant une dizaine de jours sans provoquer de symptômes. Après cette période, Plasmodium réintègre la circulation sanguine, où il parasite les globules rouges. Une fois à l'intérieur des globules rouges, les parasites se multiplient selon un cycle synchronisé de 48 heures. À la fin de chaque cycle de multiplication, les parasites nouvellement formés quittent les globules rouges de leur hôte, les détruisant et en infectant de nouveaux. C'est cette destruction des globules rouges qui provoque les vagues de fièvre associées au paludisme. Les formes graves de paludisme sont liées à l'obstruction des vaisseaux sanguins par des globules rouges infectés.
Expliquer la capacité d’adaptation du parasite : pour prospérer, du globule rouge à l'intestin du moustique ou au foie de son hôte humain, Plasmodium doit pouvoir percevoir les changements de son environnement pour pouvoir s’y adapter. A chaque étape de son cycle de vie, le parasite doit donc capter des signaux lui permettant de réagir correctement, mais lesquels et comment ? L’équipe constate d’abord qu’il existe de petites molécules présentes chez le moustique que le parasite est capable de détecter, puis identifie un capteur qui permet au parasite de détecter la présence de ces molécules lorsqu'il est ingéré par un moustique.
Ce capteur composé de 5 protéines permet au parasite de s’adapter à ses différents environnements et de poursuivre son développement, en particulier lorsque le parasite doit quitter le globule rouge. Sans ce capteur, Plasmodium est piégé dans les globules rouges, incapable de continuer son cycle d'infection.
Prochaine étape, imaginer comment brouiller les signaux perçus par le parasite à différents stades de son développement, afin de le désorienter et de bloquer sa multiplication et sa transmission ; identifier les molécules humaines détectées par le parasite pour mieux comprendre comment les vagues de fièvre sont provoquées par Plasmodium.
Comprendre ce mécanisme biologique très particulier est une étape importante pour lutter contre le paludisme.
Source: Science Advances 16 June, 2023 DOI : 10.1126/sciadv.adf2161 A Plasmodium membrane receptor platform integrates cues for egress and invasion in blood forms and activation of transmission stages
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Équipe de rédaction SantélogJuil 7, 2023Rédaction Santé log