Voici déjà le cinquième album de King Krule mais j’avoue que, comme beaucoup, je les avais seulement découvert avec leur précédent album, The OOZ. Space Heavy est né de la réflexion d’Archy Marshall lors de ses déplacements très réguliers entre les villes qu’il appelait alors, chacune, chez lui : Londres et Liverpool. Aussi le titre fait-il immédiatement référence à l’espace entre les deux villes – à savoir, cet espace qui à la fois sépare et réunit les deux grandes villes anglaises grâce à son pêle-mêle de vie, de nature, de modernité, d’étrangeté, de beauté banale et quotidienne et tellement d’autres choses encore que l’on ne peut qu’admirer lors d’un voyage en train…
Le style de King Krule demeure étonnamment tout aussi chaleureusement glauque que sur le précédent album. Oui, la musique est éminemment froide et clinquante, pourtant, il y a des notes ici et là si humaines que la chaleur l’emporte toujours malgré l’ambiance sombre pesant sur nos épaules. Dans la lignée des premiers Pulp ou de New Road, Black Country, King Krule s’installe définitivement entre le groupe culte et le tout jeune groupe prodige, devenant assurément une référence dans un style désenchanté mais à l’espoir visible au bout du tunnel.
Space Heavy doit véritablement se révéler lors d’un trajet quotidien en train, et à plus forte raison entre Liverpool et Londres, de préférence à un moment subis, tôt le matin ou en fin de journée, en allant ou en revenant du travail – c’est alors que nos pensées, fatiguées, voire lasses car littéralement épuisées, partent dans tous les sens et, nous, en devenons spectateurs. Avec une telle bande-son, le voyage doit être aussi beau que la délivrance d’arriver enfin à destination.
(in Heepro Music, le 06/07/2023)
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