Quand Du Bellay écrivant Les Antiquités de Rome ne faisait sans doute que projeter son mal-être sur la ville où alors il s’ennuyait de son Anjou natal, Jan Baetens projette dans ses Vacances Romaines d’autres livres, d’autres films, d’autres vies, et en cite les noms : Borges, Gracq, Orwell, Demy, et d’autres comme des compagnons de voyage.
Les mots jouent entre eux : « dans le mot chambre, marche » ; « Le temps d’antan pour tout, / Un moment à peine, un monument parmi / D’autres ». Voilà pour les mots. Et le latin n’est pas en reste, où « Roma » est encore « amor ».
Dans la deuxième partie de ce livre, l’auteur prend à témoin qui lit : « (Patientez un peu) » … « (Oui, toi et moi, vous avez bien lu) ». Et « les mots ressemblent aux choses ». Pourtant être ici n’est pas différent de s’en absenter puisque le papier, la patrie, le paysage ne sont que le parti du départ.
Mais quand « l’image cache la couverture », « la colonne fait le paysage autour d’elle », c’est dire tout ce qui manque et les pins meurent au rythme d’un poème d’Apollinaire.
Et pour conclure, après ces pas dans Rome ou dans les mots de Rome, le poète écrit ce qui importe :
Le reportage de soi,
L’aveu, l’oraison,
Avoir trouvé les mots,
Non pour les dire
Mais pour l’effort
De se porter plus loin.