La tournée mondiale de David Bowie, qui tient à ne plus jouer ses vieux hits dans le futur (le fera) commence à Montréal. La tournée fait aussi la promotion du fameux coffret Sound & Vision qui a aussi été lancé peu de temps avant et qui contient des raretés encore introuvables. Bien entendu j'ai acheté. Je suis grand fan de Bowie depuis presque 10 ans, et cette tournée arrive tout juste au bon moment, moi, qui n'ai acheté en temps réel que son album Never Let Me Down (en cassette) et deux Tin Machine, mon Bowie préféré est nettement avant tout ça. Entre 1970 et 1979 en fait. Il y a des petits trésors ici et là mais des albums que je savoures en entier, Bowie a respecté la tradition du 7à 10 ans de bonne créativité inspirée.
Le timing est donc bon pour moi aussi. Bowie ferme les livres sur son passé, et moi j'allais voir et écouter le résumé condensé du principal interressé.
Cet impair technique nourrissait l'idée que la ville de Québec était toujours trop petite pour les grandes choses. Comme les Nordiques, les olympiques, les élections, viennent le souligner aussi par la suite, dans le futur.
Souvent, autant aux matchs des Nordiques qu'aux spectacles, on achetait nos billets moins chers très haut et très loin, mais après quelques temps, si des bancs, repérés au préalable, étaient restés libres trop longtemps l'étaient encore, on y descendait. Et on occupait de meilleures places. Notre show à 17$ prenait de la valeur. Pour Bowie, on l'aimait trop, on avait acheté gros. Ce qui nous avait placé bas et près de la scène. Mais aussi, près de l'arrière-scène. Ce qui avait donné l'envie à quelques uns d'entre nous de se glisser en arrière-scène. Encore plus quand on a vu que les vrais agents de sécurité étaient en avant-scène afin que les gens ne tentent pas d'y monter ou d'y tirer des choses, et que ceux qui semblaient surveiller l'arrière-scène étaient tous de boomers anciens Chevaliers de Colomb. De vieillissants retraités plus ou moins attentifs et désorientés par tout le bruit.
On arrive sous la scène, près du garage où on appercoit sa limousine. On voit aussi sa loge, on ose pas y entrer. Puis un escalier sur la scène où on voit...Bowie...de dos, en train de chanter China Girl. Aglaë m'a sourit de nervosité : Qu'es-ce qu'on fait, on monte sur scène ?". Une entrée sur scène de la part d'une belle fille, ça pouvait faire du sens, mais pour un géant de 6'5 dans un costume trop grand et un gars de 18 ans, ça ne pouvait qu'attirer l'hostilité.
Soudainement d'autres agents de sécurité nous ont regardé de loin. On a évité leurs regards comme si il était normal que nous y soyons. J'ai eu le réflexe de prendre une planche de bois et fait semblant de travailler la scène. Je me promenais avec mon morceau de bois, avec un homme de 6'5 à mes côtés, je pouvais aussi passer pour, je ne sais pas, le fils de Bowie avec sa blonde protégé d'un garde du corps.
On a été repéré, puis expulsé. Même pas hors du Colisée, un Chevalier de Colomb reste intimidé par un 6'5 habillant trop grand. On nous as renvoyé simplement sur le parterre.
150 pieds plus loin, mais maintenant où on voyait Bowie de face.
Qu'au parterre, on a davantage savouré que nos amis assis 120 pieds sur la droite.
Qui nous voyaient. Et nous jalousaient, le regard par dessus les gardes du corps du parterre.
Young Americans, Suffragette, Fame, Heroes, Changes, Jean Genie, White Light/White Heat, Modern Love du parterre.
On avait surclassé notre spectacle dont l'écran nous avait abandonné. On y avait réorienté notre visuel.
David de la scène a aussi remarqué les cuisses d'Aglaë. C'est dire si on était près de la scène.
C'était une fameuse soirée de faux retraité.