Je suis le spectateur et l’acteur et l’auteur,
Je suis la femme et son mari et leur enfant,
Et le premier amour et le dernier amour,
Et le passant furtif et l’amour confondu.
Et de nouveau la femme et son lit et sa robe,
Et ses bras partagés et le travail de l’homme,
Et son plaisir en flèche et la houle femelle.
Simple et double ma chair n’est jamais en exil.
Car, où commence un corps, je prends forme et conscience.
Et, même quand un corps se défait dans la mort,
Je gis en son creuset, j’épouse son tourment,
Son infamie honore et mon cœur et la vie.
Paul Eluard
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