Clément Cogitore est un artiste multiple, à l’aise dans tous les registres : plasticien, réalisateur ou encore metteur en scène d’opéra. Il campe le décor de son dernier long dans le quartier parisien de la Goutte d'Or dont il porte le nom éponyme.
L'intrigue de Goutte d'or tourne autour du personnage du voyant charlatan Ramsès, incarné par un magnifique Karim Leklou, buldozer pétri de doutes. Son truc ? Entourlouper ses clients grâce à leur identité numérique sur les réseaux sociaux.
Ce chaman des temps modernes arnaque les pauvres gens à la Goutte-d'Or jusqu'à ce que de jeunes voyous venus de Tanger ne viennent perturber son commerce et le quartier de la Goutte-d'Or.
Cette bande d’adolescents des rues lui demandent de retrouver un certain Saïd, qui s’est fait la malle après avoir dérobé un mystérieux « trésor ».
Les choses se compliquent lorsque Ramsès découvre le corps dudit jeune homme dans une benne à ordure.
Quand la Goutte d’or devient une héroïne de cinéma étonnante et détonante.
Ancrant son intrigue dans ce quartier populaire qu’il connaît bien, Clément Cogitore en saisit l’énergie bouillonnante avec une bienveillance qui n’élude pas la violence. Le cinéaste dévoile ainsi Paris sous un autre angle, celui d'une ville oppressante et broyeuse d'âmes, mais aussi génératrice de métaphormoses humaines. On se souvient que dans son premier long métrage, Ni le ciel ni la terre, le cinéaste plasticien filmait l’Afghanistan et ses grands espaces. Ici aussi, il est question de la façon dont on perçoit un lieu, urbain cette fois.
Porté par un Karim Leklou totalement habité, son récit souvent nocturne mais lumineux, mêle naturalisme social, à travers la question de ces jeunes étrangers livrés totalement à eux même, et mysticisme pour conférer au réel une vraie part de mystère, sondant subtilement notre rapport aux croyances.
Avec Goutte d'Or, Clément Cogitore réalise une œuvre d'une belle densité formelle où la poésie des images se même avec brio à un un fort discours politique