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" aperture="aperture" />Claude Monet, Impression soleil levant, 1872Il y a un peu plus de six mois, le 21 décembre 2022, je découvrais avec ravissement cette exposition consacrée au thème du soleil dans l’histoire de l’art, depuis l’Egypte des Pharaons jusqu’à la fin du 20è siècle. Si l’Antiquité est succinctement évoquée, les 17è et 18è siècles sont un peu plus développés, mais ce sont surtout les œuvres du 19è siècle et début du 20è qui occupent la majeure partie des salles, ce qui semble correspondre effectivement à la période où les artistes ont le plus regardé vers le soleil et où la lumière solaire est devenue le thème central de la peinture, comme un inlassable motif de fascination.
Présentation de l’Exposition (Source : Site du Musée)
Le 13 novembre 1872, Claude Monet peignait depuis la fenêtre de son hôtel au Havre, une vue du port par la brume. Exposée deux ans plus tard sous le titre Impression, soleil levant (1872, Paris, musée Marmottan Monet) l’œuvre inspire au critique Louis Leroy le terme d’Impressionnistes et donne son nom au groupe formé par Monet et ses amis.
En 2022, le musée Marmottan Monet, en collaboration avec le Museum Barberini, célèbrent les 150 ans, Impression, soleil levant et lui rendent hommage à travers l’exposition « Face au Soleil, un astre dans les arts », présentée à Paris du 21 septembre 2022 au 29 janvier 2023 et à Potsdam, du 25 février au 11 juin 2023 sous le titre « Sonne. Die Quelle des Lichts in der Kunst ».
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" data-image-meta="{" aperture="aperture" />William Turner, Le soleil couchant à travers la vapeur, 1809Mon Avis
J’ai vu cette exposition le jour du solstice d’hiver – jour le plus sombre de l’année – et ces tableaux rayonnants et autres visions solaires ont eu un effet extrêmement réjouissant et bénéfique sur mon moral. Cela réchauffe et réconforte de regarder ces œuvres, l’énergie et la force qu’elles dégagent.
À côté de cet effet presque physique et sensitif des paysages ensoleillés, des aurores dorées et des images astrales, j’ai été très intéressée par les panneaux explicatifs qui nous font progresser dans les conceptions successives qu’on a eues à propos du soleil au fur et à mesure des siècles.
Ainsi l’Antiquité considère le soleil comme un dieu, un objet d’adoration (surtout chez les Égyptiens) tandis que le christianisme relègue le soleil à un rôle secondaire : il est une des innombrables créations de Dieu, sans plus d’importance que la lune ou une étoile parmi tant d’autres, selon la Genèse biblique.
Si, au Moyen-Âge, on imagine que le soleil tourne autour de la Terre, la Renaissance puis la période classique et leur intérêt pour la science et les études astronomiques sérieuses font naître une conception encore différente du soleil, où il devient objet d’étude, d’observation et de calcul. Copernic découvre l’héliocentrisme et révolutionne totalement la vision du monde, qui sera confirmée ensuite par Galilée.
Les artistes du 17ème siècle français représentent souvent l’astre solaire, en tant que symbole favori de Louis XIV, le « Roi-Soleil » et le château de Versailles y fait abondamment référence, en renouant aussi avec la mythologie antique (Apollon, Phaëton).
Au 19ème siècle et avec la période romantique, une vision plus mystique du soleil apparaît, comme chez le peintre paysagiste allemand C. D. Friedrich, où le soleil peut être une image de la rédemption chrétienne et de l’espérance spirituelle.
Les salles d’exposition que j’ai préférées sont celles des 19ème et 20ème siècles où la puissance d’expression, la liberté de la touche picturale et la vivacité des couleurs se prêtent particulièrement bien à l’image d’un soleil intense et triomphant, qui occupe désormais toute la surface de la toile.
Un Cartel Explicatif choisi dans les salles du 19è/20è siècles
FACE AU SOLEIL
Au lendemain d’Impression soleil levant, l’astre devient un leitmotiv de la peinture moderne, un motif rayonnant par-delà les clivages esthétiques qui scandent l’histoire de l’art au tournant du 20è siècle. Ainsi la précision naturaliste des peintres de Skagen – qui empruntent à la tradition, à l’impressionnisme et à la photographie – est bousculée par un soleil éblouissant qui, chez Schonheider-Moller, absorbe la représentation sous un halo lumineux. Vallotton et les symbolistes explorent les potentialités décoratives de cet astre, qui mue le monde en « féerie ». Enfin, Munch révèle la puissance expressive du soleil qui, dans une perspective plus vitaliste, devient la source d’une énergie picturale débordante. L’astre solaire n’est plus seulement la composante d’un paysage, le détail – fût-il central – d’une vision panoramique ; il devient « le dieu de la peinture moderne » (Maurice Denis), un sujet à part entière qui s’impose dans le monde des arts et envahit dorénavant toute la surface de la toile.
(Source : Musée)
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" data-image-meta="{" data-medium-file="https://laboucheaoreilles.files.wordpress.com/2022/12/expo_soleil_2022_morgner_wilhelm_composition_astrale_xii_1912_mini_format.jpg?w=300" aperture="aperture" />Wilhelm Morgner, Composition Astrale XII, 1912smart
" data-attachment-id="6423" data-image-meta="{" data-medium-file="https://laboucheaoreilles.files.wordpress.com/2022/12/expo_soleil_2022_delaunay_sonia_contrastes_simultanes_1913_mini_format.jpg?w=300" data-permalink="https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2023/07/03/lexposition-sur-le-soleil-a-marmottan-hiver-2022-23/smart-79/" aperture="aperture" />Sonia DELAUNAY, Contrastes simultanés, 1913smart
" aperture="aperture" />Otto DIX, Soleil Levant, 1913Cartel à propos du Soleil Levant d’Otto DIX
Ce lever de soleil montre l’influence de Van Gogh, exposé à Dresde en 1912, sur le jeune Otto Dix, qui lui emprunte notamment sa touche épaisse et sinueuse, dans un paysage à la portée symbolique. Loin de la chaleur du Midi, le soleil devient ici un astre glacial qui, dans une explosion de rayons jaunes et noirs, se lève sur un paysage enneigé peuplé de corbeaux. Cette aurore, aussi effrayante que la tombée du jour, nous rappelle toute l’ambivalence du soleil à la veille d’une guerre qui marquera profondément Dix.
(Source : Musée)
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