Long poème, qualifié par l’auteur de « poème documentaire », l’Éloge de l’ombre haute est un hymne pour le « septembre nouveau », un poème qui intervient après le massacre de Sabra et Chatila et rappelle que ces morts ne sont pas les premiers, qu’avant septembre 1982, il y eut le massacre de Kafr Qassem, en octobre 1956, et le massacre de Deir Yasin en avril 1948, et combien combien de morts ?
Voilà « Beyrouth à l’aube, à minuit, la nuit », Beyrouth / Hier / Maintenant / Après-demain ». Il n’y a pas de fin, il n’y a que commencement : « Je ne fais pas mes adieux, / mais je distribue ce monde / sur l’écume dernière ». Car le poème porte la voix d’un
peuple, d’une mer : « mer devant toi, en toi, derrière toi (…) et tu es son chant ».
« — Que cherches-tu, jeune homme,
dans le vaisseau brisé de l’Odyssée ?
Que cherches-tu ?
— Une vague par moi égarée dans la mer,
une bague
pour enclore le monde
dans les frontières de ma chanson. »
Au moment où Mahmoud Darwich écrit ces vers, les Palestiniens sont une nouvelle fois confrontés aux meurtres et le poète dit n’allez pas croire que c’est la fin, allez au commencement : « tu es la liberté de la genèse, toi ».
Et qu’il dise ces vers devant le Conseil national palestinien leur donne une solennité qu’aucune haine ne pourra détruire « car tu es plus vaste que les pays des autres ».
La photo ci-dessus est une reproduction d'une oeuvre d'Amer Shomali