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« Tar » de Todd Field

Par Etcetera
« Tar » de Todd FieldAffiche du film

Les critiques ayant été quasiment unanimes à saluer les grandes qualités de « Tar », je suis allée le voir avec confiance, persuadée d’assister à un spectacle intéressant et de bonne tenue. Je n’avais encore jamais vu de film de ce réalisateur, dont le nom ne m’évoquait pas grand-chose, mais j’ai toujours apprécié le jeu de Cate Blanchett et sa seule présence dans le casting était pour moi un gage de qualité, a priori.

J’ai vu « Tar » dans le cadre de mon Mois sur l’Amérique, qui se termine aujourd’hui, mais il aurait pu figurer aussi bien dans le « Printemps des Artistes »…

Note Pratique sur le Film

Genre : Drame psychologique
Nationalité : Américain
Date de sortie en salles : 2022 aux Etats-Unis – février 2023 en France
Actrices : Cate Blanchett (Linda Tar), Noémie Merlant (Francesca Lentini, l’assistante de Tar), Nina Hoss (Sharon Goodnow, l’épouse de Tar), Sophie Kauer (Olga Melkina, la violoncelliste russe)
Durée : 2h37

Résumé du début de l’histoire

L’histoire se déroule dans le milieu de la musique classique. Lydia Tar est une des plus brillantes cheffes d’orchestre de sa génération. Elle dirige le très prestigieux Philharmonique de Berlin avec fermeté et autorité. Elle donne des cours de musique à des étudiants. Bien sûr, elle accorde des interviews aux médias les plus en vue et de plus grande qualité. Elle va bientôt sortir un livre autobiographique pour montrer l’exemplarité de sa réussite auprès d’un vaste public. Elle forme un couple solide et heureux avec son épouse violoniste et toutes les deux élèvent leur petite fille. Mais ce parcours trop parfait ne va pas tarder à se fissurer et les failles vont devenir de plus en plus apparentes. Peu à peu, tout se dégrade et se délite dans sa vie.

Mon Avis

La première partie du film est principalement occupée par des conversations au sujet de la musique et des éléments biographiques de grands musiciens célèbres des 19è et 20è siècles. Nous avons d’abord une longue interview de Lydia Tar par un journaliste. Puis, de nouveau, une très longue discussion en face-à-face, au restaurant, avec l’un de ses collègues musiciens, toujours sur des thèmes musicaux. Cette mise en place des premiers éléments de l’intrigue m’a paru poussive, laborieuse et très statique. Beaucoup de ces paroles ne rajoutent rien à l’histoire et ne nous éclairent pas tellement sur les personnages. Par contre, ce qu’on comprend assez vite et qui est bien souligné plusieurs fois, c’est que Lydia Tar n’est pas une partisane de la cancel culture, que le féminisme n’est pas son cheval de bataille favori. Elle aime les compositeurs masculins des époques classique, baroque et romantique, et elle continue à les jouer même s’ils ont eu des comportements sexistes.
Ensuite, nous commençons à comprendre que Lydia Tar est une cheffe ultra-autoritaire, que ses méthodes de sélection de ses musiciennes se basent essentiellement sur la séduction et la beauté physique de la personne, qu’elle pratique sans cesse l’abus de pouvoir et la manipulation de ses collègues.
Parallèlement à ce système peu reluisant, des phénomènes étranges, inexplicables et angoissants commencent à se produire autour de l’héroïne, et nous semblons nous orienter, au travers de plusieurs scènes sporadiques, vers des moments d’effroi, comme si nous allions basculer peu à peu vers un thriller ou un film d’épouvante. Heureusement, on évite cet écueil – de justesse.
J’ai trouvé que nous étions souvent dans une atmosphère de cauchemar, assez glauque, déplaisante, avec des images laides, une lumière terne, mate, qui oscille entre le grisâtre et le verdâtre. La seule scène romantique un peu touchante entre les deux femmes est abondamment arrosée d’une horrible lumière, d’un rose criard, qui fait mal aux yeux.
Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment compris ce que le réalisateur souhaitait prouver ou dénoncer avec cette histoire. Peut-être qu’il cherche à démontrer que le milieu de la musique classique est sans foi ni loi, complètement pourri, et que « les hommes blancs cisgenres » ne sont pas les seuls à être très méchants puisque les femmes homosexuelles ne valent pas mieux qu’eux ? Chacun fera ses propres hypothèses.
L’aspect très remarquable de ce film c’est le jeu des actrices, elles sont vraiment époustouflantes de justesse et de naturel. On a même l’impression par moments que le scenario a été entièrement conçu pour donner à Cate Blanchett l’occasion d’exposer toute la gamme de ses talents et de ses états émotionnels, de la douceur à la violence, de la frayeur au dégoût et de la joie au désespoir.
Ce n’est donc pas, selon moi, un film réussi ou plaisant à regarder. Je n’ai pas tellement apprécié la musique, qui est jouée avec brutalité et sans nuances – D’ailleurs Cate Blanchett a des attitudes de boxeuse quand elle dirige son orchestre.
A voir à la rigueur pour les performances d’actrices mais sinon ce n’est pas terrible.

« Tar » de Todd Field
Une image du film, Cate Blanchett

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