Après les émeutes de 2005, les gilets de jaunes et le mouvement social contre la réforme des retraites, la cocotte-minute sociale explose.
Le régime macroniste ne tient que par sa police depuis qu'il lui a accordé une forme d'impunité pour décourager par la violence les gens de manifester contre sa politique néolibérale.
Il a fallu la mort d'un mineur à Nanterre, tué à bout portant, pour que nos quartiers laissent libre court au ras-le-bol.
La casse de bâtiments publics, écoles, bibliothèques, postes de police, médiathèques, transports publics ou centres sociaux, le pillage de magasins ou de supermarchés ne seraient probablement pas le résultat d'une stratégie politique réfléchie selon certains.
Mais, quand on sait qu'en Seine Saint-Denis, les enfants ont 20 % d'heures de cours en moins que dans le reste du pays, la question de la politisation consciente ou inconsciente des acteurs de ces faits semble évidente. Idem pour les transports en commun où les usagers sont entassés comme du bétail pour aller bosser dans le centre ou rentrer dans leur quartier.
Ces faits révèlent la colère contre les injustices, les services publics au rabais dans certains territoires les plus défavorisés. Colère contre cette société de consommation qui incite à consommer. Ces publicités des multinationales qui créent des besoins et font croire que l'acquisition de tel bien de luxe permettra d'accéder au bien-être ou à l'apparence d'un statut social élevé.
Chaque nuit les images de bâtiments en feu sont spectaculaires comme celles de jour avec des carcasses de bagnoles et de bâtiments incendiés. On peut regretter un tel gâchis. Mais ce gâchis n'est pas le fruit d'actes de vandalisme mais d'une politique de classe.
Il ne s'agit pas de chercher des excuses ni d'appeler comme la droite et l'extrême droite à emprisonner les jeunes et supprimer les rares aides sociales aux familles défavorisées.
Il faut plutôt se demander pourquoi nous en sommes arrivés là.
La colère, les pillages, la violence sont le fruit de décennies de politiques néolibérales qui ont détruit la société. Ajoutez à cela une police qui se comporte parfois comme une armée coloniale dans certains quartiers avec le racisme qui justifie toutes les violences et vous avez devant les yeux le résultat : colère et dévastation.
Les appels au calme sont vains.
La répression ne changera rien durablement. Idem pour la justice pénale même si la reconnaissance de la culpabilité de policiers coupables d'abus et de violences est nécessaire.
Pour faire société et avoir des rapports sociaux calmes, il faut un minimum de justice sociale, avoir le sentiment de vivre dans une même société, et, peu ou prou un destin en commun.
Or, les politiques néolibérales mises en oeuvre par les Sarkozy, Hollande et Macron se sont employées à détruire les solidarités héritées du mouvement ouvrier et la société au profit d'une caste de privilégiés et de capitalistes.
Comment qualifier la gestion de Macron pour l'école publique ou la santé publique autrement que par "destruction de biens communs" ? Plus que jamais, la réussite à l'école ou se faire soigner dépendent aujourd'hui de la chance ou du portefeuille ! Bien-sûr, il existe des exceptions qui sont systématiquement mises en exergue pour faire croire que l'égalité des chances et des soins existe toujours.
Encourager au sein de l'entreprise ou de la société des inégalités salariales qui n'ont jamais été aussi importantes dans l'histoire, même sous l'Ancien régime, a contribué à défaire le vivre ensemble et le lien social.
Permettre les délocalisations, le dumping social et la désindustrialisation du pays ont contribué à créer du chômage masse, du désespoir et de la pauvreté.
Favoriser l'optimisation fiscale et permettre l'évasion fiscale par la loi et la suppression de milliers de postes au sein de l'administration fiscale permettent depuis des décennies le pillage des ressources du pays. Et chaque année, l'Etat se retrouve pillé de plusieurs dizaines milliards d'euros indispensables pour construire une République sociale.
Démanteler le droit du travail et les rares protections des travailleurs contre la toute puissance des actionnaires a permis d'ériger la précarité de nos vies en norme sociale. Le projet de Macron de transformer les allocataires du RSA en travailleurs au rabais va dans ce sens.
Favoriser, par exemple, les horaires atypiques et la généralisation du travail dominical comme des jours fériés détruit également les liens familiaux. Pourtant, ce sont ceux qui ont voté les lois antisociales qui appellent à la répression et exigent de sanctionner les parents en les privant d'aides sociales. Comme si ajouter de la misère à la misère permettra de résoudre les problèmes !
Ce ne sont pas les jeunes en capuche et en baskets qui sont les véritables responsables du pillage du pays mais cette classe politique qui gouverne depuis l'an 2000.
Loi après loi, à coups de 49-3, les droits des classes populaires et moyennes sont systématiquement rétrécis, vidés de toute substance ou supprimés.
La précarité est devenue la règle : logement social insuffisamment financé, école publique en faillite, hôpitaux publics défaillants, chômeurs dénigrés et culpabilisés, syndicalistes criminalisés, joyaux industriels bradés, précarité sociale massive, services publics détruits, retraités paupérisés, transports en commun en cours de privatisation, etc.
Les vrais pilleurs sont les multinationales et la grande bourgeoisie qui s'enrichissent comme jamais tandis que le reste de la société s'appauvrit.
La société continue à se disloquer sous les coups des vrais pilleurs et de leurs complices au gouvernement.