Depuis que Lausanne, ma bonne petite ville de province alanguie sur les bords du lac Léman, a décidé de commencer sa métamorphose, les autorités se sont lancées dans une ronflante opération de «démarche participative» pilotée par le groupe OLA ! «Oui Lausanne avance !» mis en place pour l’occasion par le consortium lausannois Critères Plates-Bandes & Co.
Première question isolente qui sort de mon esprit parfois englué par le discours lénifiant des autorités : je me demande bien qui a décidé de métamorphoser Lausanne ? Qui a décidé, comme ça, du jour au lendemain, que la ville devait se transformer. Qui a décidé qu’elle devait changer d’apparence ? Qui a décidé que, à l’instar du Dr Banner qui se métamorphose en l’incroyable Hulk, Lausanne devait devenir une nouvelle ville ou une ville nouvelle, une ville incroyable ? Qui a décidé cela et pourquoi ?
La réponse officielle est la suivante : «Une réflexion globale et approfondie sur la manière de réaliser de grands équipements utiles à Lausanne et à la région a été élaborée par la Municipalité.»
«Métamorphose» n’est que la traduction en un seul mot de la volonté municipale. Une traduction pour le commun des mortels, pour la galerie, pour la com’ et pour la presse.
Quel drôle de mot que ce «métamorphose» qui veut affirmer que la ville «bouge». Une ville qui bouge comme si elle s’éveillait de décennies d’immobilisme et de torpeur. Un concept porteur, qui s’inscrit dans la droite ligne des préceptes de la modernité qui postulent que tout doit bouger et vite si possible. Une modernité qui associe la lenteur et l’immobilité à la mort. Une modernité qui fait la mobilité reine, même à la veille d’un grand coup de frein pétrolier.
Métamorphose, mobilité, modernité … Quels beaux concepts, quelle contemporanéité !
Mais je m’égare.
Sur la page d’accueil de Critères, il est dit «Nous vous apportons un appui pour améliorer votre communication». Dans la pratique le groupe Ola ! est chargé de mettre sur pied et d’animer «des ateliers destinés à la réflexion sur l’écoquartier offriront des espaces d’expression, de discussion et de collecte de données.»
Ola ! est donc là pour sentir le pouls de la population et pour recueillir ses aspirations, ses propositions, ses envies. Il est donc là pour écouter et prendre note puis pour transmettre. C’est en tout cas ainsi que je le comprends.
À part les ateliers, les balades en ville et une roulotte, Ola ! s’est fendu d’un site Internet et, évidemment, d’un groupe sur Facebook. Et c’est avec le site Internet que cela se gâte. Oh, pour pas grand-chose. Pour un de ces petits riens qui font que l’on en arrive vite à se demander si on ne se fiche pas un peu de nous. Pour une de ces petites formules malheureuses que l’on peut tolérer d’un profane mais pas d’une entreprise de com’.
Une petite formule qui en dit long :
http://ola.lausanne.ch le site qui sait tout !
Le site qui SAIT tout !
Le site de ceux qui ont été mandatés pour mener une démarche participative, donc pour écouter, recueillir, transmettre ce que les habitants de la ville en métamorphose désirent SAIT tout !
Quelle magnifique erreur de com’ ! Quelle bévue ! Si leur site sait tout, qu’est-ce que les Lausannois peuvent lui dire ? Qu’est-ce qu’ils peuvent bien lui apprendre ? Et que dire d’eux ? Que dire des autorités qui les ont engagés ?
Si seulement ce site s’était baptisé :
http://ola.lausanne.ch le site qui DIT tout !
On y aurait cru un instant.