1923 (Saison 1, 8 épisodes) : sur la route des plaines du Montana

Publié le 30 juin 2023 par Delromainzika @cabreakingnews

Outre le fait que 1923 a réussi à rassembler des acteurs comme Harrison Ford, Helen Mirren ou Timothy Dalton, 1923 est surtout une série ambitieuse se déroulant dans les plaines du Montana. L'univers de Taylor Sheridan initié par Yellowstone s'étend avec cette série prequel. 1923 ce n'est pas qu'une série sur le Montana c'est aussi une série qui se sert du contexte économique et politique de l'époque alors que l'on va faire face à la révolution industrielle, la future crise de 1929 et l'arrivée des exploitants miniers. Le contexte est rapidement posé et se concentre alors sur les Dutton (et tous les protagonistes qui peuvent faire avancer la roue de cette histoire). 1923 suit donc Cara et Jacob Dutton dans le ranch qui verra naître le futur personnage de Kevin Costner. Si cela fait plaisir de voir Harrison Ford et Helen Mirren dans ces rôles, 1923 veut surtout parler de l'époque et de ce conservatisme américain. On a alors les valeurs de l'Amérique profonde mais aussi l'amour de la nature et les changements que l'industrie a opéré sur celle-ci.

Si Cara et Jacob symbolisent parfaitement le traditionalisme américain, ils n'en reste pas moins des personnages plus progressistes. Notamment car Cara représente l'émancipation de la femme alors que Jacob incarne le déclin de l'Amérique. La façon dont la série créé un parallèle entre ces deux personnages permet aussi de donner plusieurs nuances au récit des Dutton. Nous avons aussi le neveu, Spencer, ancien soldat de la Grande Guerre qui est revenu traumatisé et qui s'éprend d'une jeune britannique. Cette partie là, mielleuse à souhait, n'est pas le fort de Taylor Sheridan. Ce dernier n'a jamais été bon pour les romances et il le démontre une fois de plus. Difficile de s'attacher à ce que 1923 raconte ici tant cela semble complètement déconnecté du reste. 1923 tire alors sur la corde et les bons sentiments sans offrir autre chose qu'une aventure dans les plaines du Montana. On est loin de Sur la route de Madison ou toutes ces romances américaines se déroulant à la campagne et qui restent aujourd'hui de vraies histoires mémorables.

Mais 1923 ce n'est pas que les Dutton. 1923 fait aussi la part belle à d'autres histoires terrifiantes de l'époque. Il met notamment en lumière l'endoctrinement religieux qui a été imposé aux amérindiens. La violence est ici assez inouïe mais n'est pas sans rappeler celle d'autres séries bien à lui comme Mayor of Kingstown ou ses fils Sicario. Si cela reste du western assez classique, cela permet aussi de donner un vrai cachet au récit. Impossible de ne pas se prendre au jeu de l'histoire de Teonna Rainwater. L'évasion de cette dernière reste l'un des moments les plus intéressants de 1923. A la fois car cela démontre la violence de l'époque mais aussi car la série utilise cette évasion pour permettre à Teonna de voyager (et nous faire voyager par la même occasion). Le danger est permanent pour elle (notamment lorsqu'une nuit elle se retrouve entourée de loups voraces en plein milieu du désert américain). Le Père Renaud à côté, incarné par un sadique Sebastian Roché, est lui aussi un personnage fort.

Il incarne parfaitement la violence de cette époque et Taylor Sheridan, tout en exagérant pas mal les traits violents, offre ici un portrait peu reluisant des américains. C'est une force en soit pour le récit qui dénonce quelque chose qui a une certaine forme de résonance de nos jours. Il utilise 1923 comme époque de villégiature afin de raconter quelque chose qui a encore une signification aujourd'hui. C'est d'ailleurs derrière tout cet adage assez classique qu'il cache finalement une récit plus moderne qu'il ne veut bien nous le faire croire. Dans le reste des personnages nous avons aussi Donald Whitfield, incarné par un pervers Timothy Dalton. Si les images de Donald regardant ces femmes se fouetter a tendance à devenir un brin redondant (et ennuyeux), il n'en reste pas moins l'incarnation type de ce que l'Amérique riche a fait naître de pire.

Le casting reste une vraie force dans 1923. Si l'on a parfois envie de profiter un peu plus de Peter Stormare, Currie Graham ou encore Joseph Mawle, la galerie de personnages est telle que 1923 a aussi tendance à avoir peu de temps pour diluer le récit de chacun d'eux. C'est dommage mais visuellement cela reste impressionnant. C'est beau et léché (même si cela aurait pu être encore plus mémorable). Ben Richardson, que Taylor Sheridan avait en directeur de la photographie sur Wind River - son meilleur film -, démontre qu'il a une vision assez âpre des paysages qui mettent en valeur les horreurs de l'époque. Cela créé une certaine dichotomie avec les paysages qui sont magnifiques.

Note : 8/10. En bref, une belle surprise non sans défauts mais qui offre une palette intéressante de personnages et d'histoires qui ont encore une résonance de nos jours.

Disponible sur Paramount+