Cette opération, destruction et reconstruction, se répète ainsi depuis cinq siècles. Inscrit au patrimoine immatériel de l'Humanité depuis 2013, le pont Q'eswachaka, près de Huinchiri, est en paille travaillée à la main. Il enjambe à 28 mètres de hauteur la rivière Apurimac, une des lointaines sources de l’Amazone. Il mesure plus de 35 mètres de long et un peu plus d'un mètre de large.
Ce pont relie quatre communautés isolées de langue quechua, les Huinchiri, Chaupibanda, Choccayhua et Ccollana. Même si un nouveau pont métallique a été construit à proximité pour les voitures, les habitants de l’endroit qui circulent à pied, continuent à emprunter ce pont de corde. Pendant longtemps on ne l'a rénové que tous les trois ans mais depuis quelques années il s'abîme plus rapidement avec l'afflux des visiteurs...
A la base une herbe originaire des Andes, la q'oya que les femmes coupent à la faucille dans les champs, elle est séchée et battue pour l'assouplir, puis elle est tressée. Avec les fibres, on fait de fines cordes, celles-ci forment des cordes plus grosses qui deviennent à la fin des câbles qui constitueront l’armature du pont. Les hommes, la tête couverte de leurs bonnets typiques et mâchant des feuilles de coca pour lutter contre la fatigue, nouent les cordes et les tendent sans donner l’impression d’être sujets au vertige. "Nous avons construit ce pont en trois jours. C'est une grande démonstration d'ingénierie. Ce pont est vraiment solide", déclare Alex Huilca, jeune ingénieur civil qui dirige les travaux. L'ancienne structure démontée tombe dans la rivière. Deux grosses cordes serviront de main courante et d'autres, plus fines, formeront le garde-fou. Quand, au bout de trois jours, tout est terminé, les équipes de chaque côté du pont se rencontrent et on entend leur cri "Haylly Q'eswachaka" saluant la renaissance du pont. Ensuite c’est la fête dans les communautés, musique, prières et grands repas se succèdent.
Il faut signaler que si les femmes participent à la récolte de la q'oya et au tressage, elles sont exclues de la réfection du pont proprement dite. La croyance rapporte que les sirènes de la rivière qui accompagnent ces travaux annuels seraient jalouses. Et Gregorio Huayhua chargé de sécuriser le pont à chaque extrémité avec un système de pierres, précise "Ce pont appartient aux sirènes".
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur
La Journée internationale des personnes handicapées a eu lieu hier. Cette journée est destinée à sensibiliser le public aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines de la...
LES BRÈVES