4 A la Renaissance

Publié le 24 juin 2023 par Albrecht

Les artistes commencent à donner au thème des significations variées, allant du simple emblème à des allégories plus personnelles et plus élaborées.

Article précédent : 3 Bordures gothiques

Quelques emblèmes isolés

Une figure astrologique

La technique astrologique des Monomoria [42] consiste à associer une image à chacun des 360 degrés du Zodiaque, dans le but de pronostiquer l’avenir d’un enfant à naître.


Johann Engel, Astrolabium planum in tabulis, 1488 p 171, BSB

Dans son ouvrage de 1488, Johann Engel associe pour la première fois le 290ème degré (20ème degré du Sagittaire) à un singe tenant un miroir. Le principe est que les images doivent être suffisamment intrigantes (voir l’homme à quatre jambes du 289ème degré), pour autoriser à la fois une description littérale :

Un singe se regardant dans un miroir

et une proposition de pronostic (à compléter par l’analyse du décan) :

ce sera un homme orgueilleux / magnifique (superbus permet l’ambiguïté)


Albrecht Glockendon, Gradbilder (Prognose) zum Sternbild Steinbock, 1557 Universitatsbibliothek Heidelberg Cod. Pal. germ. 833, Bl. 088r

Dans ce manuscrit du siècle suivant, le pronostic est clairement négatif :

ce sera un homme hautain (hoffärtig)

On voit que l’astrologue ne s’intéresse qu’au miroir (symbole de la Vanité) et pas au singe : n’importe quel animal aurait fait l’affaire, pourvu qu’il puisse tenir le miroir.

Il y a par ailleurs un autre singe dans le livre (au degré 251), assis sur un loup, avec la signification :

« il sera le dominateur des autres hommes ».

On voit que, chez cet astrologue en tout cas, le singe a plutôt bonne presse.


Un emblème de guilde

Statuettes de la Guilde du Singe, 1637, Historisches Museum, Berne

On suppose que le nom de la « Gesellschaft zum Affen » vient du fait que cette corporation de tailleurs de pierres avait acquis en 1389 une maison qui s’appelait « Haus zum Affen ». Dans l’argot du métier, le « singe » est le bloc non taillé qui sort de la carrière.


Un motif de jeu de cartes


Quatre de tasses, Jeu de Minchiate
Francesco di Domenico dit Padovano, Florence, 1547, Petit Palais

On ne connaît pas l’origine de cette figure, mais elle se veut probablement une référence à l’Antiquité (d’autres cartes du même jeu présentent des animaux imités des Fables d’Esope).


Un motif purement décoratif


Les Noces de Cana, Monogrammiste HM, 1576-1590, Herzog August Bibliothek, Wolfenbüttel (deutsche-digitale-bibliothek.de)

Dans cette série de Scènes de la Vie du Christ, les cadres très ornés sont tous différents : le motif du singe au miroir s’est ici banalisé en un motif grotesque parmi d’autres. Les deux diffèrent cependant (l’un carrément singe, l’autre plutôt homme sauvage), à la manière des deux rois en bas, l’un vieux et l’autre jeune, qui se disputent une poule.


Daniel Meyer, L’ Architecture Ou Démonstration De Toute Sorte d’ Ornemens, ès Portes, Fenestres, Planchés… à Heydelberg chez Pierre Bourgeat, 1609 planche 22 (édition de 1664), gallica

Cet ornemaniste recycle toutes sortes de drôleries moyenâgeuses dans des encadrements monumentaux, sans autre souci que la variété.


Des allégories variées

Un singe persifleur


Le singe du pont de Heidelberg [43]

Cette statue, disparue au XVIIème siècle, montrait son cul à ceux qui arrivaient dans la ville, tout en les regardant venir dans son miroir. Il pourrait s’agir d’une moquerie, de la part des habitants du Palatinat, envers ceux qui venaient des terres de l’Evêque de Mayence.

Dans la Nef des Fous (chapitre 60) Sébastien Brant le prend comme exemple de narcissisme :

Celui à qui plaisent tant sa propre forme et son travail
Est pareil au singe de Heldelberg

Wem so gefelt wiß, gstalt vnd werck
Das ist der aff von Heydelberck



Kilianskapelle, Wertheim

Une statue similaire surplombe l’escalier montant vers la porte d’entrée de la chapelle, peut être pour inviter les fidèles à reconnaître le singe qui est en eux.

 

Pourquoi me regardes-tu ?
N’as-tu pas vu le vieux singe
à Heidelberg ? Regarde autour de toi
Et tu verras plus de mes semblables !

Poème de Martin Zeller, 1632

Was tust Du mich hier angaffen?
Hast Du nicht gesehen den alten Affen 
Zu Heidelberg sieh Dich hin und her
Da siehst Du wohl meines Gleichen mehr.


L’Homme est plus Singe que moi
Tapisserie provenant de Furth bei Gottweig, Autriche, Zentralinstitut fur Kunstgeschichte M »nchen – Photothek

Cette tapisserie de date inconnue propose le même retournement de situation.


Un Sanguin détroussé


Couple d’amoureux, vers 1480, MET

De cette gravure il ne reste qu’un seul exemplaire avec un texte tronqué :

(elle se comporte comme) un faucon . Et lui comme un singe. Ils se réjouissent…

(D’une main au) menton elle le rapproche. De l’autre elle lui prend son salaire. Puis elle…

…de sa poche. Elle lui fait pisser la bourse à fond. Elle lui dit tu m’aimes… Je vais te rendre heureux.

..ein falken gut und sie ihm für ein Affen .Sie frewert sich auf sein ingsic seim

…mundlin tet sie ihm naschen . Mit der anndern Hant nam sie iren lon. Denn sie

…auß seiner taschen. Piß sie him den pewtel lert . Sie sprach du libst mir hewer ert. Ich wil dich frölich machen


Calendrier des Bergers, 1480-90, Cambridge, Fitzwilliam Museum 167, folio 102r

Le couple singe/faucon prend sa source dans l’iconographie populaire du tempérament sanguin, lequel est mû par le plaisir :, le singe pour sa lubricité ou parce qu’il a le vin joyeux ([1], p 248 et ss), le faucon en tant que symbole de l’élément Air :

Du singe et de l’air tient le sanguin
Qui est chaud et a bonne humeur

Notre couple d’amoureux représente donc un Sanguin aveuglé par la Passion, dans lequel sont enrôlés :

  • le Singe fasciné par le miroir, du côté de la proie stupide ;
  • le Faucon du côté de la femme rapace – le pot de fleur juste en dessous porte l’inscription « Ich wart » (je veille).

Un Singe de bon conseil

A la même époque en Allemagne, le Singe au Miroir joue un rôle positif dans une estampe très particulière.


Losbuch , 1485, imprimé par Martin Flach, Bâle (digital.staatsbibliothek-berlin)


Le jeu consiste à faire tourner un cadran en papier, et à lire le conseil donné par l’animal sur lequel on est tombé :

Je suis le serviteur infidèle.
Je vais te donner mon conseil.
Tu es un idiot né (geborner Thor)
Puisque tu vas volontiers
Avec qui peut te vider la bourse.
Laisse-le en chemin,
Ce sera pain bénit pour tes pfennigs.

Ich byn der untrew Knecht / Myn rat
Sag ich dir recht / Ich sag es dir für wa.
Du bient eun geborner Thor / Das du trry-
best also geren / Das dir kan en Seckel
leren / Liest du es unter wegen / Das
wer dynn pfennig ein gütter Segen.

Le Singe dit être un « serviteur », car il vient en troisième après le Lion (« le Roi des animaux ») et le Renard (« le Premier Serviteur »). Avec l’adjectif « infidèle », il se présente comme le Diable, mais un Diable qui donne des bons conseils car, à l’instar de la Prudence, il regarde dans son miroir. Ici le singe au miroir ne représente pas l’Idiotie ou la Folie (comme le dit Janson ([1], p 210 ), mais son exact contraire : la Prudence.

Une planche humaniste

Quatre singes, Israhel van Meckenem, 1490, British Museum

Les deux scènes de gauche sont sexuées :

  • en haut un couple femelle / mâle se lèche mutuellement les doigts ;
  • en bas un mâle tend un pomme à la femelle, qui en a déjà transmis d’autres aux trois enfants.

Les deux scènes de droite mettent en scène deux couples de jeunes, sans indication de sexe  :

  • en haut, enchaînés à un même boulet, l’un épouille l’autre ;
  • en bas, autour d’un vanity case, l’un manie le peigne et se regarde dans le miroir que lui tient l’autre.

La composition répond à plusieurs exigences :

  • souci naturaliste : à l’encontre du Physiologus, elle nous montre des singes avec queue, en attribuant cet appendice tantôt au mâle, tantôt à la femelle [44] ;
  • souci de variété : chaîne attachée tantôt à un anneau, tantôt à un boulet
  • souci d’homogénéité : captivité en haut, liberté en bas.



Il est difficile de trouver une « moralité » à l’ensemble, les impératifs commerciaux voulant que les gravures puissent fonctionner aussi bien en paire que vendues séparément. On peut néanmoins conclure :

  • que chacune illustre un thème simiesque connu : le Goût et la Réflexion (dans une flaque ou un miroir) ;
  • que le comportement le plus humain (partage des aliments plutôt que léchage mutuel, toilette plutôt qu’épouillage) concerne l’animal libre, et non l’animal en captivité.

La composition dégage donc, à l’inverse de la vision diabolique et peccamineuse du Physiologus, une moralité humaniste : le singe se libère de sa condition animale par sa capacité à éduquer sa famille et à se reconnaître dans le miroir. En particulier, la scène terminale est à comprendre moins comme une dérision de la coquetterie humaine que comme une promotion de l’humanité latente chez le singe.


Une danse mauresque


La danse des singes (verso d’une lettre à Félix Frey), Durer, 1523, Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett, Inv. 1662.168

Deux singes musiciens et neuf singes dansant font cercle autour d’un chaudron fumant, devant un meneur de jeu qui brandit :

  • un miroir à neuf pointes, dans lequel se reflètent les danseurs,
  • un légume à longue tige, probablement destiné à être jeté dans le chaudron.

Sa feuille et sa spirale le rapprochent de la célèbre calebasse du Saint Jérôme de 1514 (voir 5 Apologie de la traduction).



Tandis que la spirale parfaite de la queue équilibre le cercle du miroir, le légume appelle la comparaison avec le sexe minuscule, mais bien érigé, du singe en chef.

Hans Suss von Kulmbach, vers 1508 Moriskentanz Kupferstichkabinett Dresden Monogrammiste HL (Hans Leinberger ?) , vers 1520, Vienne, Albertina

Danse mauresque

Comme le note Janson ( [1], p 271), le singe au miroir et à la courge parodie la Femme au miroir et à la pomme qui était l’enjeu de la danse mauresque, une coutume carnavalesque où des hommes devaient rivaliser de cabrioles pour attirer son attention.

Tout comme les Morisques sautent autour de la belle femme
Chacun bougeant son corps avec des gestes différents,
Cette grave beauté accorde sa faveur à tous
et ne bouge pas ses membres en musique,
loyale dans sa stabilité, ainsi les étoiles sautent autour de la terre.

Epigramme de Conrad Celtis

Maurisci ut circum pulchram saltant mulierem
Et vario gestu corpora quisque movet

Omnibus haec pulchra spondet gravitate favorem
Et resonante melo non sua membra movet ,
Candida per stabilem, sic saltant sidera terram

La parodie de Dürer est donc double : non seulement il simianise les danseurs, mais il masculinise l’objet de leur convoitise, transformant le rite de fécondité en un sabbat entre garçons : ce qui donne un possible double sens à l’excuse rhétorique de la lettre à Félix Frey inscrite au recto : Dürer y fait amende honorable pour avoir « grossièrement ébauché » (ungeschickt aufgerissen) les singes, « car il n’en avait pas vu depuis longtemps ».


Le singe, père abusif

Décades de la description, forme et vertu naturelle des animaulx, tant raisonnables que brutz, Lyon 1549, vue 38 La description philosophale de la nature et condition des animaux, A Lyon, par Benoist Rigaud, 1586, p 15
Barthélémy Aneau, Gallica

Le texte de Barthélémy Aneau évolue au fil des différentes éditions [45], développant de plus en plus l’histoire du singe et de ses enfants. Mais comme le principe du livre est que chaque illustration représente l’animal seul, le miroir ne change pas, illustrant l’idée « d’image » qui ouvre le texte. A noter que la phrase péjorative « ou plutôt à sa dérision » est remplacé par l’adjectif « agile » : sans doute pour recentrer le texte sur l’idée principale et originale (les parents abusifs) plutôt que sur le poncif de la laideur du singe.


Le singe qui se trouve beau

Sebastian de Covarrubias-Orozco, Emblemas morales Centurie I, Nr .98, 1610

La même image illustre en Espagne une moralité toute différente, appuyée sur une citation d’Ovide :

Chacun se trouve aimable pour ce qu’il est ; pire soit elle, à personne ne déplaît sa forme.

Ovide, L’Art d’aimer

sibi quaeque videtur amanda; Pessima sit, nulli non sua forma placet.

 
 

Soit la guenon abominable, et laide.
Voyant son visage dans un miroir
Elle est satisfait,e et ne veut pas
D’une autre grâce, beauté, raffinement ou clarté.
La disgraciée se prendra pour divine,
Du visage toilettant la peau vile,
Pour celui qui désire la gloire,
La laideur passe pour la beauté.

Siendo la mona abominable, y fea,
Si a caso ve su rostro, en un espejo
Queda de sí pagada, y no desea
Otra gracia, beldad, gala, o despejo.
La mal carada, se tendrá por dea,
Del rostro acicalando el vil pellejo,
Y cada qual, de gloria desseoso,
Lo feo le parece ser hermoso


Villava, Empresas espirituales y morales, 1613, Partie 2, Emblème 23

Villava reprend la même moralité, mais avec une autre image (le singe admirant son enfant) et une autre maxime latine qui condense celle d’Ovide [45a]:

Chacun aime ses propres choses

Sic sua quique placent

 
 

Personne ne verra, dans le singe fronçant les sourcils,
Un qui est amoureux,
De ses noirs enfants , ne riez pas.
Un qui se félicite et chante,
Parce qu’il pense – ce qui est le plus salé –
Qu’on ne peut soulever rien de plus brillant ni plus beau
Et celui qui en rit
Ne remarque pas, dans son propre amour brûlant,
Combien il est amoureux de ses affaires.

No ay quien de ver a la fruncida mona,
Qual anda enamorada,
De sus negros hijuelos, no se ría,
Qual se ufana y entona,
Porque entiende que cosa más salada,
Más luzida y hermosa no se cría
Y alguno que riendo
Se está, no advierte en propio amor ardiendo,
También él se enamora de sus cosas.


Reflet et lignée

Ces variations étonnantes (la même image pour deux maximes, ou deux images différentes pour la même maxime) montrent bien qu’à la fin de la Renaissance, l’amour immodéré du singe pour lui-même et son amour pour sa lignée étaient devenus pratiquement synonymes. Cette équivalence se trouve déjà en germe dans un adage d’Erasme qui joint, dans la notion de narcissisme, l’attirance du singe pour son reflet et son amour fatal pour ses enfants :

« Mais ces animaux sont dotés de philaütia (= d’un narcissisme) particulier, ce qui fait qu’ils sont sensibles aux louanges, prennent du plaisir à se regarder dans les miroirs et se réjouissent du contact physique avec leurs petits, au point de les tuer dans leur étreinte. »
Erasme Adage 2489. « Un joli petit singe »

Nous avons vu que dpuis l’Antiquité, on expliquait la chasse au tigre par le fait que la tigresse reconnaissait dans le miroir, non pas son image en petit, mais l’image de son petit (voir 1 Chasse au singe dans les bestiaires). Le même idée a fini par s’appliquer au singe, mais beaucoup plus tard.


Les singes au miroir de Theodor de Bry

Le capitaine prudent – Guillaume de Nassau, Musée du Louvre (photo Sylvie Chan-Liat) Le capitaine de Follie – Duc d’Albe

Modèles pour des fonds de plat en argent ciselés, Theodor de Bry, 1558

Ces deux gravures opposent le libérateur des Provinces-Unies et son oppresseur, le duc d’Albe, dont le portrait satirique révèle, en le retournant, le visage d’un fou. Les scènes de la bordure se divisent en trois, élogieuses d’un côté, obscènes de l’autre.



Deux singes tournent leur miroir non pas vers eux mêmes, mais vers deux faunes unijambistes (l’un masculin portant sur sa tête un coq à mamelles, l’autre féminin portant un coq) en train de se soulager sur deux miroirs tenus par un singe ithyphallique. L' »explication » est fournie par le distique associé :

Quand un Tiran le sot et badin contrefaict
Le Temps produit après son ordure en lumière.


Johann Theodor de Bry, 1596

De la même manière, cette gravure détourne le motif habituel en nous montrant un singe qui tient le miroir non pas face à lui, mais face au spectateur. Le cadre porte un texte volontairement ambigu, pouvant s’appliquer aussi bien au singe qu’au spectateur à la face simiesque :

Laisse-moi porter ma collerette, et ne t’en occupe pas, ce n’est qu’une singerie

LASS MICH MEINE KROS (kraag) TRAGEN, DARNACH THU NIT FRAGEN, IST DOCH NUR AFFENSPIEL

Ainsi le port de la collerette, attribut éminent de la distinction masculine, est assimilé à un jeu de singe.

Le titre sous l’image est en général mal traduit :

Regarde comment ce singe accroche ses profondes fronces.

ASPICE UT INGENTES SUSPENDAT SIMIA RUGAS

Le texte joue sur le double sens du mot RUGA (ride, fronce) pour démarquer des vers connus de Juvenal :

 

Regarde les joues pendantes et sillonnées de rides
Telles celles que, dans l’étendue ombreuse des forêts de Tabraca,
Une guenon incise autour de sa vieille bouche.

Juvenal, Satire X

Pendentesque genas , et tales aspice rugas ,
Quales , umbriferos ubi pandit Tabraca saltus,
In vetula scalpit jam mater simią bucca .



Copie d’après Johann Theodor de Bry, British Museum

Dans cette copie, le texte est plus explicite, et sans référence latine :

Regarde bien dans ce miroir, comme ta fraise est grande et large.
Si elle est plus grande que moi, reste un singe et fous-moi la paix.

Besich in diesem Spiegel fein, wie gross und breit dein lobben sein.
Hast du sie grosser dan ich thu, bleib du ein Affen, las mich mit Ruh


Le singe de Goltzius


Portrait de Johan Gols à l’âge de 44 ans
Goltzius, 1578, NGA

Tout juste âgé de vingt ans, le jeune artiste a gravé ce portrait de son père, avec la maxime affectueuse :

« Bien que l’homme puisse tout détruire et bannir, l’amour existe éternellement »

Le motif décoratif de droite montre un oiseau détournant sa tête d’un chat grimaçant : image animale de l’inimitié et de la discorde.

Dans le motif de gauche, les expressions sont inversées : un singe bouche close tient face à un jeune oiseau piailleur ce qui ressemble à un miroir, mais est en fait un écu, orné d’une tête d’oiseau et agrémenté des initiales HG.


Portrait d’Hendrik Goltzius, Jan Muller, vers 1617

Il s’agit de l’écu des Goltzius, puisqu’il a été apposé ici au milieu de son nom. Intermédiaire entre l’aigle (la Noblesse) et le griffon (l’Immortalité), il constitue ici une métaphore flatteuse du célèbre graveur.


Le couple mal assorti, gravure de Claes Jansz Visscher d’après Goltzius, 1602

Cette signature armoriée est ici employée d’une autre manière, comme si le noble oiseau des Golzius s’indignait du vieux coq qui, juste au dessus, tente sa chance auprès d’une jeune fille. Les vers valent d’être traduits :

Le décrépit tente de persuader la jeune fille charmante,
Vieillard en proie à un amour honteux.
Le vieux va avec la vieille, dit-elle, je cherche un couvercle qui aille à ma cruche.
Aucun espoir de coucher avec moi.

Decrepitus juvenem lepidamque movere Puellam
Conatur, turpi victus amore senex
Cascus ait, cascam: corpucula digna patula

Quaero: conjugii spes tibi nulla mei.


Dans le portrait paternel, l’emblème complexe imaginé par Goltzius détourne de manière subtile la figure du singe au miroir : sans doute faut-il comprendre que l’Imitation (le singe) propose à Goltzius fils (l’oiseau blanc-bec) de prendre exemple sur son Père (l’oiseau au centre du blason, qui renvoie au portrait de Johan Gols au centre de la gravure).


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Références : [15a] Sabine Melchior-Bonnet « Histoire du miroir » [42] https://www.astro.com/astrowiki/de/Monom%C3%B6rien [43] https://en.wikipedia.org/wiki/Heidelberg_Bridge_Monkey [44] Inexplicablement, Janson ([1], p 130) suppose que Van Meckenem prend la queue comme un attribut sexuel secondaire du mâle, alors que dans l’image du couple se lêchant, le singe avec queue arbore distinctement des mamelles. [45] Remy Emmenecker, master 2 Université de Lyon « Résentations et symbolique des animaux dans la seconde moitié du XVIe siècle à travers les Décades de la description […] des animaulx de Barthélemy Aneau et la Description philosophale […] des Bestes » https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/70213-representations-et-symbolique-des-animaux-dans-la-seconde-moitie-du-xvie-siecle-a-travers-les-decades-de-la-description-des-animaulx-de-barthelemy-aneau-et-la-description-philosophale-des-bestes.pdf [45a] On le trouve dans la chute d’un poème d’Alciat sur les couleurs, Emblematum Liber, 1531 , cité par Roy Osborne, Renaissance Colour Symbolism, p 172 https://books.google.fr/books?id=0COGDwAAQBAJ&pg=PA172#v=onepage&q&f=false