[#PLIB2023] « Meute » de Karine Rennberg

Publié le 24 juin 2023 par Callysse

Roman atypique lycantrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d’une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l’on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s’installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n’existent pas ?
Ce récit fantastique est avant tout celui d’une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la couleur.

Meute, c’est un roman dont j’ai beaucoup entendu parler. Et j’ai l’impression qu’il y a deux clans de lecteurs avec lui : ceux qui détestent et ceux qui adorent. Il faut dire qu’avec sa narration à la 2e personne du singulier, il a le mérite de sortir du lot. Ça change, c’est inhabituel et moi j’adore ça. Les romans qui sortent des sentiers battus, c’est typiquement ce qui m’attire. Parfois ça casse… mais pas avec Meute. J’ai adoré dès les premières lignes! Je n’ai donc pas hésité à le faire dédicacer par son autrice, adorable, à Ouest Hurlant alors que je n’avais lu que 50 pages. Actu SF, la maison d’édition, a d’ailleurs parfaitement bien cerné ce titre. C’est bien la première fois que je lis une quatrième de couverture qui décrit si bien un roman : Atypique, tranche de vie et couleurs sont réellement les mots parfaits pour le décrire!

Meute, c’est avant tout une histoire de personnages. On découvre Nathanaël, Val et Calame à un moment clé de leur vie. Celui qui va tout chambouler, les déstabiliser, les mettre en danger et tester la solidité de leurs relations, qu’elles soient anciennes ou récentes. A Ouest Hurlant, l’autrice m’a demandé lequel des 3 je préférais. La question m’avait prise de court et j’avais répondu Val par réflexe. C’est le plus facile des 3 à aimer. Il est loyal, dévoué, fort, posé, intelligent, calme. Mais il n’a pas vraiment de défaut en fait et il reste ainsi assez fidèle à lui-même tout au long du récit. Val était peut-être un peu trop parfait à mes yeux pour avoir ma préférence. J’aurais pu répondre Calame aussi. Avec sa sensibilité, sa gentillesse et son traumatisme, c’est un jeune homme qu’on a envie de rassurer, d’aider pour qu’il se sente mieux et qu’il survive aux épreuves qui le hantent. Et il a une façon bien particulière de penser, chaque émotion ayant une couleur précise pour lui. Le côté atypique de cette oeuvre n’est donc pas que dans la narration en « tu » mais aussi dans la manière de penser de ses héros et dans leur personnalité, leur vécu. Après être venu à bout de ce pavé, j’ai donc réfléchi de nouveau à la question de l’autrice et en réalité mon choix s’est porté sur Nath. Ne te méprends pas, j’ai adoré les deux autres mais Nath est celui qui m’a le plus plu. C’est un homme complexe, qui a du mal à apprivoiser ses failles et qui fait de son mieux pour faire face à l’arrivée de Calame et à tout ce que ça change pour lui. Il le gère parfaitement, trouve les mots et les gestes qu’il faut alors qu’il est perdu, prend sur lui. Il gère comme il peut sa colère aussi. J’ai trouvé son évolution incroyable tout au long du récit et c’est justement pour ça qu’il a ma préférence.

Meute, c’est aussi un parti pris avec un worldbulding assez léger. Si tu es friand(e) des descriptions et de l’histoire de l’univers dans lequel prend place le récit, tu risques d’être un brin frustré(e). Tu n’apprendras pas grand chose et tu devineras plus qu’on ne t’expliquera ce monde dystopique. Personnellement, me sachant dans un récit « tranche de vie », je n’ai pas ressenti de manque. Ce qui est dit, clairement ou non sur ce monde, m’a suffit. Car encore une fois, on est plus sur une histoire de personnages et de psychologie que sur un récit d’actions. Il y a bien un petit fil rouge ceci dit, une intrigue à laquelle on a besoin que des réponses soient apportées, ce qui apporte un intérêt supplémentaire pour l’histoire.

Meute enfin, c’est un rythme pausé, davantage tourné vers les pensées de ses narrateurs que vers le dialogue, d’autant qu’ils ne sont pas très bavards de base, pour différentes raisons que je tairais ici. Le récit est donc assez dense et ce roman étant déjà un pavé, je ne te cache pas que j’ai mis pas mal de temps avant d’en venir à bout. Même si j’aurais bien aimé qu’il y ait un peu plus d’actions et de rythme par moment, je n’ai toutefois pas ressenti de longueurs à sa lecture. L’ambiance est rude, violente, dure, marquée par la loi des gangs et par une menace pesant sur nos héros. Mon attachement pour eux grandissant de pages en pages, mon angoisse et ma crainte de les voir mourir n’a donc fait que grandir au fil de ma lecture et m’a tenue en haleine jusqu’au bout. De plus, Nath, Val et Calame ont pris une place de choix dans mon coeur dès les premiers chapitres. J’ai aimé leur différence et la belle représentativité que l’autrice a glissé dans son histoire. Comme quoi, ce n’est pas si dur de représenter, de manière naturelle, les genres, les populations, les identités, les handicaps dans un roman. Karine Rennberg le fait parfaitement bien. Alors, merci pour cette magnifique lecture, elle se démarque et sera parmi mes plus marquantes de cette année, c’est sûr.

Auteur(e/s) : Karine RENNBERG
Traduction : /
Editions : Actu SF
Nombre de pages : 658
Catégorie(s) : Fantasy
ISBN : #ISBN9782376864387
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