Il pleut du plastique, de la suie ou des particules de gaz aux noms exotiques. On s’interroge pour savoir qui de nos dents ou de nos cheveux tomberont en premier.
Il pleut des substances toxiques et dans la mer les poissons se couvrent de boutons. Le pêcheur ébahi les rejette à la baille et rentre chez lui en rêvant de tracteurs, mais dans les champs brûlés, le blé…
Il pleut des clous, du verre brisé et nous marchons sur quelques millimètres de caoutchouc usé. Bientôt, les premières déchirures mettront à nu nos pieds. Il y aura une première morsure, à peine une éraflure, suivie d’une petite entaille, de multiples fentes et de crevasses béantes qui ne se reformeront jamais.
Nous aurons mal bien sûr, de plus en plus mal, mais nous continuerons à marcher. Et lorsque nos jambes auront été rongées jusqu’à la taille, nous marcherons sur nos mains. Et lorsque de nos bras il ne restera plus que deux moignons, nous marcherons sur nos têtes.
Hommes-troncs inversés, nous laisserons nos cervelles et nos dernières pensées éparpillées sur les gravats des allées de nos cimetières d’où aucune âme ne pourra s’envoler.