La Goulue est de retour : et au Lucernaire, cette fois !

Par Filou49 @blog_bazart

On vous parlait en février 2019 de La Goulue, spectacle découvert au Théâtre de l'Essaïon ! On a une super nouvelle pour vous : elle est de retour ! Et prend ses quartiers au Lucernaire jusqu'au 20 août.

On vous propose de re-découvrir la chronique que nous en avions faite.

En ce moment, la Goulue est à l'honneur avec les 90 ans de sa mort, la sortie récente de sa biographie La Goulue, Reine du Moulin Rouge aux Éditions du Rocher écrite par Maryline Martin et les 130 ans du Moulin Rouge. Autant de prétextes pour en savoir plus - ou comme c'était mon cas, de la découvrir... - sur celle qui se cachait derrière ce surnom, à savoir, Louise Joséphine Weber...

Un spectacle musical sur un texte de Delphine Gustau nous l'offre, cette belle occasion en ce moment au Théâtre de l'Essaïon et on peut dire qu'elle est vraiment trop belle pour que l'on passe à côté !

" La Goulue aux bas de soie noire, son pied de satin noir dans la main, faisait virevolter les soixante mètres de dentelle de ses jupons, et montrait son pantalon cocassement brodé d'un coeur qui se tendait, farceur, sur son petit postérieur. [...] La danseuse décoiffait son cavalier d'un petit coup de pied chic dans le chapeau, et faisait le grand écart, le buste droit, la taille mince dans sa blouse de satin bleu ciel et sa jupe de satin noir, coupée en forme de parapluie, s'étalant en ses cinq mètres de largeur. ".

Voilà comment Yvette Guilbert, chanteuse de caféconcert et actrice, la décrivait, notre Goulue.

Mais combien de vies a-t-elle eu, la Goulue ? Cette femme multiple, restée égale à elle-même du berceau à la tombe, passée de la misère à la gloire, avant de retomber dans la déchéance.

En seulement une heure de spectacle, on arrive à avoir un bel aperçu du destin incroyable qu'a eu la plus célèbre danseuse de modèle pour chahut (ancien nom du french cancan). Ex-blanchisseuse, ex-dresseuse de fauves - à en croire son CV -, elle fait ses débuts au Bal Debray et au Moulin-de-la-Galette, devient Renoir, muse de Toulouse-Lautrec qu'elle appelle affectueusement "Le Touffu", figure phare du Moulin Rouge et véritable star des cabarets, et côtoie d'illustres figures comme le futur Roi d'Angleterre Édouard VII...

Cette femme éprise de liberté n'avait pas la langue dans sa poche et n'a jamais voulu s'embarasser des diktats de son époque, ni des carcans qu'imposaient la bienséance. Elle n'avait peur de rien ni de personne, elle osait tout et c'est ce qu'arrive très bien à montrer Delphine Grandsart dans ce formidable spectacle musical qui retrace sa vie de façon antéchronologique, de ses derniers jours plongés dans une pauvreté immense à ses six ans où elle dansait devant Victor Hugo et pleurait la mort de sa maman - un passage à briser tous les coeurs du monde.

Delphine Grandsart (que l'on a pu voir dans des comédies musicales comme Cabaret où elle jouait le rôle de Fraulein Kost et Mozart l'Opéra Rock où elle incarnait celui de Cécilia Weber) campe ici une Goulue exceptionnellement authentique : tout dans sa façon de s'exprimer, de lever haut la jambe, de chanter de sa voix railleuse, sonne juste - pas étonnant qu'elle ait été élue meilleure interprète féminine lors des Trophées de la Comédie musicale 2018 ! Fidèle à la gouaille et à l'insolence de La Goulue, elle s'adresse à nous avec audace, se moque des femmes dont elle sent peser le regard et monter l'indignation, provoque les hommes en venant s'asseoir sur leurs genoux, nous montre sa culotte ornée d'un gros cœur avant de la parfumer, se pomponne avec les jambes bien écartées de part et d'autre de sa coiffeuse. Tour à tour provocante, drôle, émouvante, érotique, toujours bouleversante, jamais vulgaire, la comédienne m'a bluffée, émue, épatée.

On est complètement plongés dans la Belle Époque grâce aux entraînantes compositions du musicien accordéoniste Matthieu Michard qui s'inscrivent dans le répertoire des chansons du début du XXème siècle et dont les paroles sont écrites par l'auteure et metteuse en scène - impressionnante, cette jeune fille !

On ressort avec l'envie de la connaître mieux, cette Goulue, de l'écouter encore des heures et des heures, et avec la certitude de ne plus jamais l'oublier. Vous aussi, vous allez tomber amoureux de La Goulue !

Louise Weber dite La Goulue, jusqu'au 30 mars, les vendredis, samedis à 21H30, relâches les 15 et 16 mars, puis reprise dans la salle Cabaret duu 15 avril au 25 juin, les lundis mardis à 21H30 au Théâtre de l'Essaïon 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris