Elle va rester là pendant deux nuits, gratuitement. Un service offert par l'organisme Répit Providence, un groupe absolument unique au Québec.
" On est le seul organisme qui accueille les enfants pour deux dodos ", dit Isabelle Perreault, la directrice de Répit Providence.
En offrant une maison sécurisante et réconfortante ainsi que du soutien alimentaire pour les enfants de familles en situation de vulnérabilité, l'équipe de Répit Providence tend la main aux parents. La fin de semaine, elle accueille des enfants un peu plus vieux, jusqu'à 11 ans.
On offre un répit, un dodo, pour soulager la famille en accueillant leur enfant. Les familles qui veulent obtenir des services doivent être dans un état de monoparentalité, consommation, perte d'emploi, violence conjugale, dépression, maladie mentale ou physique. Souvent il s'agit de personnes en burnout qui ont besoin d'une pause.
Plusieurs des familles que Répit Providence aide viennent des régions. " On remarque des familles qui viennent de la Gaspésie, de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac Saint-Jean et elles ne savent pas où aller vivre les difficultés ", nous dit Isabelle Perreault.
Ces familles sont toutes référées par des intervenants, souvent des travailleurs sociaux, qui sont déjà en contact avec la famille.
Ils vont au-delà des répits - une fois que la famille arrive chez eux, ils offrent un soutien alimentaire chaque semaine, adapté pour la famille. Et si le parent est intéressé, on offre des ateliers en compétences parentales, une éducation positive. Ils créent un réseau où les parents peuvent rencontrer d'autres parents pour échanger de l'information. Tout est gratuit.
Quand les gamins restent chez eux, explique Isabelle, " on peut voir si les enfants étaient abusés. On donne des soins, on donne des bains. Nous sommes la seule ressource neutre qui propose ça. Quand tu vois tous les cas de négligence, une petite fille de Granby, sept, huit ans... "
Et quand les gamins dorment chez Répit Providence, ils ne chôment pas : " Nous ne sommes pas une garderie - on les aide à se développer. Il y a des cours de musique, des sorties, des activités, beaucoup d'efforts à proposer des activités. "
" On a constaté une augmentation des besoins ces derniers mois ", dit la directrice de communications, Cassandra Lussier. " À cause de la pandémie, il y a beaucoup plus de demande pour le soutien alimentaire. À cause des augmentations des loyers, davantage de familles habitent dans des appartements inadéquats. "
En activité depuis 1995, l'organisme dessert l'est de Montréal. " Le besoin est tellement grand ", confie Cassandra, " on aimerait ouvrir d'autres maisons sur l'île de Montréal, mais ça coûte trop cher! " Trouver du financement pour un organisme flambant neuf est presque impossible. Ça demande du personnel formé, entre autres. Isabelle a accueilli des groupes de Sherbrooke et d'ailleurs qui songent à créer des organismes sur le modèle de Répit Providence, mais personne n'avait du succès en le faisant jusqu'à présent.
" Notre but c'est d'éviter que les enfants soient placés avec le DPJ. La prévention c'est notre meilleur outil ", dit Isabelle. Elle déplore le fait qu'ici au Québec on ne dépense pas assez sur la prévention à un jeune âge. Elle souhaite voir plus d'engagement de la part de gouvernements.
Il faut prévenir les problèmes le plus tôt possible, pense Isabelle : " S'ils entrent dans des écoles et n'ont pas développé de saines habitudes, ils auront des problèmes, du décrochage, et la DPJ doit agir. Mais souvent la DPJ est débordée, et ça finit avec un placement dans des familles d'accueil. Ils quittent l'école et deviennent itinérants. Pourquoi ne pas aider les familles dès le début? "
Pour plus d'information: repitprovidence.com