Sur le papier, City on Fire avait tout pour être un rendez-vous que je ne devais pas manquer. Après avoir vu l'intégralité de cette mini-série, je garde un arrière goût amer. Le roman dont City on Fire est l'adaptation est riche (et est le roman le plus cher de l'histoire acheté 2 millions de dollars par son éditeur). Pas étonnant de voir Apple se mettre sur la production de cette adaptation tant le roman de base a dû coûter cher. Mais le résultat sur le petit écran n'est pas vraiment à la hauteur du roman ni même de ce que j'ai envie d'attendre de Stephanie Savage et Josh Schwartz. Les deux acolytes à qui l'on doit Newport Beach et Gossip Girl infusent le récit de leurs propres influences (notamment la musique, la bourgeoise américaine, etc.) mais ne fait rien de véritablement mémorable. City on Fire se contente donc des artifices pour faire vibrer son spectateur mais derrière cela se cache un manque de matière pour tirer la corde sur huit épisodes. La densité du récit est forcément intéressante et l'ambiance de ce New York est électrisante mais au delà de ça, les personnages sont assez filiformes, unifiés par rapport à ce que les créateurs font habituellement. J'avais envie de les voir sortir de leur zone de confort et ils ont tendance à devenir prévisible.
Alors que le roman se déroulait en 1977, City on Fire se déroule en 2003. Certes les deux années ont réellement été marquées par des black-out à New York mais celui de 2003 n'a pas eu le même impact sur les new-yorkais que celui de 1977 (qui a duré plus longtemps). Il y a aussi l'anachronisme de la musique qui fonctionne dans les années 70 mais beaucoup moins dans les années 2000. L'idée est bonne, le roman aussi mais l'adaptation est tellement académique qu'elle n'offre pas de surprises. Le côté rétro de la série et nostalgie des années 2000 aurait pu apporter un bonus (même si visuellement c'est très alléchant) mais le scénario est trop banal pour réellement marquer les esprits. Non Stephanie et Josh, il ne suffit pas de plonger des personnages à tout va dans un univers sexy et gloss pour en faire une bonne histoire. Il faut aussi derrière de la matière et c'est clairement ce dont manque cruellement City on Fire.
C'est dommage de voir les deux scénaristes se perdre dans un New York qu'ils ont écumé pendant six saisons de Gossip Girl (et dans certaines saisons très bien d'ailleurs). Au fond, City on Fire n'est pas vraiment l'évènement attendu et transforme le roman de Garth Risk Hallberg en roman de gare ultime avec tous les poncifs du genre (et en occultant certains personnages pourtant importants dans le roman). Certes le roman fait plus de 900 pages mais était-ce nécessaire de l'infuser en huit épisodes ? Rien n'est moins sûr. Surtout si c'est pour supprimer des éléments qui à mes yeux étaient nécessaires. Je me suis penché sur le roman après avoir vu les deux premiers épisodes et fini City on Fire après l'avoir lu. Je ne sais pas trop pourquoi on ne retrouve pas la même ambiance, ce côté sombre et en même temps très captivant. Les évocations du roman sont ici transposées dans des éléments qui n'ont pas toujours de sens. D'un côté, City on Fire m'a donné l'impression d'être beaucoup trop longue. On se concentre sur des éléments narratifs sans grand intérêt et moins sur d'autres pour créer le suspense. Et en même temps je me dis que c'était peut-être trop court et que City on Fire aurait pu prendre plus de temps pour laisser son récit s'infuser.
Intégralement écrite par les deux scénaristes, City on Fire méritait peut-être un angle différent, une paire de mains en plus pour apporter une fraîcheur dans ce qui ici n'est que bis repetita de ce que l'on a déjà pu voir des deux créateurs précédemment. Le casting est assez bon pour tenir le bon bout par moment mais j'avais envie d'être beaucoup plus surpris que ça. City on Fire restera donc probablement dans les méandres d'Apple TV+ une fois vue. Rien de bien mémorable, juste une bonne histoire hachée.
Note : 4.5/10. En bref, une vraie déception.
Disponible sur Apple TV+