Par hasard, pendant qu'elle buvait un café avec une amie, elle avait laissé son regard vagabonder sur les annonces du mur d'affichage de l'Université et avait aperçu un petit bout de papier:
"2 gars cools cherchent troisième personne pour partir en Birmanie cet été sac à dos. Intéressé/e?". Le mot était suivi d'un numéro de portable et signé Alex et Matt.
Vanessa Egger saisit cette opportunité. En effet elle n'a pas envie de voyager seule et le risque ne lui semble pas grand puisqu'il s'agit de deux étudiants de son université helvétique.
Cet été 2012, Alexandre Baer, fils de famille aisée genevoise, et Matthias Chiu, fils d'une famille bien plus modeste d'origine chinoise, viennent tous deux d'être diplômés de HEC Genève.
Vanessa doit rendre début 2013 un mémoire de fin d'études littéraires où elle se propose de comparer La vallée des rubis de Joseph Kessel et Une histoire birmane de George Orwell.
Vanessa a donc choisi la Birmanie pour connaître le pays de ses auteurs favoris, tandis que Matt et Alex veulent y aller parce que c'est un pays fascinant venant d'entrouvrir ses frontières:
Les minorités ethniques font l'objet de nombreuses persécutions par la junte militaire. La religion principale est le bouddhisme. Au niveau économique, la Birmanie cultive principalement le riz. Son sous-sol est riche en pierres précieuses, notamment le rubis et le jade, mais aussi en pétrole.
À leur arrivée à Rangoon, les étudiants suisses se rendent dans une maison d'hôte tenue par deux Françaises. Vanessa, après avoir pris une douche, rejoint Alex et Mathias attablés à la terrasse.
Vanessa aperçoit son ex, Ben, assis quelques tables plus loin avec sa femme Fiona. Cet Anglais volage, connu à Londres lors d'un échange Erasmus, se rend souvent dans ce pays pour affaires:
Mais il lui semblait étrange qu'il se trouve dans un petit hôtel plutôt inconnu et recommandé par un guide pour routards français. Tout à coup, elle comprit! Il avait dû voir son profil Instagram, c'était la seule explication possible.
À une autre table, un couple de Français, Sam et Diane, attire l'attention du trio: [ils] semblaient plus habitués à des hôtels du type Relais & Chateaux qu'à de modestes chambres d'hôte.
Pendant ce temps-là, à Genève, l'inspecteur Camino se demande comment il va fêter ses quarante ans; Monsieur Léonard, directeur de Van Asp & Co accepte une commande du prince Khaled:
Une magnifique parure de rubis [que sa troisième femme] porterait le jour de leur mariage.
Quel est lien entre tous ces personnages, auxquels s'ajoutera un autre en cours de récit? Le titre du roman de Sandrine Warêgne, Un crime couleur rubis en Birmanie en donne une indication.
Un crime y sera bien commis pendant le périple qu'y feront sur le même itinéraire Alex, Mathias, Ben, Fiona, Sam et Diane, avec pour mobile les rubis destinés à la parure commandée par Khaled.
Démêler les tenants et les aboutissants de ce crime ne sera pas une mince affaire. Mais le lecteur, malmené, aura la satisfaction d'avoir fait, comme s'il y avait participé, un beau voyage exotique.
Francis Richard
Un crime couleur rubis en Birmanie, Sandrine Warêgne, 206 pages, Éditions Spinelle
Livre précédent:
Le banquier du quai du Mont-Blanc, Éditions Mon Village (2015)