Charles Wright raconte ici son voyage de 700 km à travers la France.
« J’ai l’impression étrange que les paysages commencent à entrer en moi, à m’investir, à me saisir. Dans son Journal, Thoreau délivre ce conseil :
“N’allez pas à l’objet, laissez-le venir à vous.”
Il a raison. Lorsqu’on se vide de toute convoitise, de toute avidité de saisie, qu’on laisse les choses être, les yeux flâner, et qu’on n’oppose plus au paysage notre poussée personnelle, alors ces choses viennent à nous et exhalent leur secret, leur intériorité. On acquiert une vue perçante. Le monde s’illumine. On s’aperçoit qu’autour de nous, c’est un festin de lumière, de beauté, une profusion de formes, de saveurs, de couleurs. Tout est là, donné, en abondance, il suffit de cultiver une attention aimante, une fraîcheur de regard, et de se servir. >
Charles Wright
« Le chemin des estives »
« La liberté libre », pages 160-161
Dans la vision sans tete, on laisse en effet les objets venir à nous.
Quand nous marchons, les arbres, le chemin, le paysage se déplacent en nous; les choses viennent dans cet espace ouvert et immobile que nous sommes.
Et de plus, dans cette attention ouverte, le monde se met à s'illuminer, à briller d'un éclat nouveau.
Un éclat de présence.
On ne peut plus distinguer sa présence et la présence du monde.
JLR.
citation vue sur https://volte-espace.fr/nallez-pas-a-lobjet-henry-david-thoreau/