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Le Vieil homme et la mer, d’Ernest Hemingway

Par Etcetera
Le Vieil homme et la mer, d’Ernest HemingwayCouverture en Folio

Un grand classique de la littérature américaine, que je n’avais encore jamais lu (ni aucun autre livre d’Hemingway, je l’avoue !) et que je me suis décidée à acheter, malgré un a priori pas très positif que j’aurais du mal à expliquer et qui était tout à fait idiot, comme la plupart des a priori.

Note pratique sur le livre

Genre : Court Roman
Editeur : Folio
Traduit de l’anglais (américain) et préface par Philippe Jaworski
Nouvelle traduction publiée en 2018
Nombre de Pages : 136

Note biographique sur Hemingway

Il est né en 1899 à Oak Park, près de Chicago. Dès 1917, il travaille comme reporter puis s’engage sur le front italien. Il s’installe à Paris et commence sa carrière d’écrivain. Son roman Le soleil se lève aussi le classe d’emblée parmi les grands écrivains de sa génération. Le succès et la célébrité lui permettent de voyager aux Etats-Unis, en Afrique, en Europe.
En 1936, il s’engage comme correspondant de guerre auprès de l’armée républicaine, en Espagne, ce qui lui inspire « Pour qui sonne le glas« . Il participe à la guerre 39-45 et fait partie de la division Leclerc qui entre dans Paris. Après la guerre, il voyage à nouveau, Cuba, Italie, Espagne. C’est à Cuba qu’il écrit en 1952 Le Vieil homme et la mer, son chef d’œuvre le plus célèbre, publié en 1953.
Hemingway obtient le Prix Nobel de littérature en 1954.
Malade, il se suicide en 1961.
(Sources : éditeur, Wikipédia)

Quatrième de Couverture

À Cuba, voilà quatre-vingt-quatre jours que le vieux Santiago rentre bredouille de la pêche, ses filets désespérément vides. La chance l’a déserté depuis longtemps. À l’aube du quatre-vingt-cinquième jour, son jeune ami Manolin lui fournit deux belles sardines fraîches pour appâter le poisson, et lui souhaite bonne chance en le regardant s’éloigner à bord de son petit bateau. Aujourd’hui, Santiago sent que la fortune lui revient. Et en effet, un poisson vient mordre à l’hameçon. C’est un marlin magnifique et gigantesque. Débute alors le plus âpre des duels.
Combat de l’homme et de la nature, roman du courage et de l’espoir, Le vieil homme et la mer est un des plus grands livres de la littérature américaine.

Mon humble avis

Pendant les trente ou quarante premières pages du livre je n’étais pas tout à fait convaincue et puis peu à peu je me suis laissée emporter par cette histoire assez fascinante qui ressemble à un conte, avec son lot d’épreuves, de rebondissements et d’héroïsme grandiose. Le vieil homme nous paraît en effet être un héros parfait, qui affronte seul le destin et les forces de la nature déchaînées contre lui, à la manière d’Ulysse par exemple, et j’ai trouvé qu’il y avait cette dimension mythique et quasi épique.
Ce héros nous semble d’autant plus courageux et exceptionnel que, justement, il est vieux, doté de forces déclinantes, et qu’il se trouve dans une situation de malchance et de solitude particulièrement aiguës — bien soulignées par l’auteur — ce qui rend ses exploits, son habileté et son endurance vraiment extraordinaires.
On peut remarquer que ce sont souvent les anti-héros, et les êtres sans qualités notables, qui ont été en vogue dans la littérature au 20ème siècle et qu’ici Hemingway renoue avec des genres littéraires plus anciens tout en trouvant un style assez moderne et marqué par une certaine angoisse. Car, pendant son combat avec l’énorme poisson, le vieil homme est aussi obligé de faire face à ses propres démons : par moments il perd sa lucidité à cause de la fatigue, de la douleur, de la faim ou de la soif et il doit combattre les idées dangereuses qui l’assaillent à ces instants précis.
Les sentiments du vieil homme vis-à-vis du poisson sont également intéressants car emprunts de respect et d’affection, ce qui ne l’empêche pas de vouloir le tuer à tout prix et on se dit que l’enjeu, dans l’esprit du vieil homme, va bien au-delà de la simple idée de harponner un poisson et que c’est en réalité une quête existentielle et métaphysique.
Un beau livre, qui se lit assez vite à cause de sa brièveté et de son suspense haletant, et dont la fin est tout à fait bouleversante !

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Un Extrait page 65

Je me demande pourquoi il a viré brusquement, pensa-t-il. Le fil de métal a dû glisser sur cette montagne qu’est son dos. Assurément son dos ne peut pas le faire souffrir comme le mien. Mais il ne peut pas tirer cette barque éternellement, si grand soit-il. A présent j’ai dégagé tout ce qui pouvait me gêner et j’ai une bonne réserve de ligne ; on ne peut rien demander de plus.
« Poisson, dit-il doucement, à haute voix, je reste avec toi jusqu’à ma mort. »
Lui aussi restera avec moi, je suppose, pensa le vieil homme, et il attendit que le jour parût. Il faisait froid maintenant avant le point du jour et il se rencogna contre le bois pour avoir chaud. Je peux tenir comme ça aussi longtemps que lui, pensa-t-il. (…)

*

Un autre Extrait page 75

« Il remonte, dit-il. Allons, main. Réagis, je t’en prie. »
La ligne s’éleva lentement et régulièrement, puis la surface de l’océan se renfla à l’avant de la barque et le poisson parut. Il n’en finissait pas de paraître et l’eau ruisselait sur ses flancs. Il brillait au soleil et sa tête et son dos étaient pourpre foncé et les larges rayures de ses flancs au soleil d’un ton bleu lavande clair. Son rostre était long comme une batte de base-ball et effilé comme une épée et il jaillit hors de l’eau de toute sa longueur, puis replongea souplement comme un plongeur et le vieil homme vit sa queue pareille à la lame d’une grande faux disparaître dans les profondeurs et la ligne commença à se dévider à toute vitesse. (…)

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