Elles sont sans yeux, empruntent notre voix, notre forme qu’elles grandissent ou avalent ou déchirent. Corinne Hoex dialogue avec les ombres, les encres de Robert Lobet (la fois précédente, c’était le feu). Les ombres nous accompagnent, nous attendent à la tombée du jour mais ont un tel besoin de lumière pour exister qu’elles sont capables de nous réveiller la nuit : allume !
Comme si la chapelle Notre Dame de la Stalle le savait, à la nuit tombée, un projecteur dessinait sur le mur de sa chambre son ombre, un double, une autre, une autre vie, autre possible. C’était un rendez-vous. La lumière le savait sans aucun doute : dans cette période de confinement, en l’été 2020, Corinne devait rencontrer son ombre et pas seulement passer de l’autre côté. Lui parler. En faire sa messagère au milieu de lumières colorées, jamais froides, sa messagère furtive, saisie sur le papier, silencieuse. L’attendre comme on peut attendre un oiseau, vive comme la beauté, légère comme une âme.