Une cuisine mature, bien ancrée dans sa région, bien travaillée, tant en salé qu’en sucré.
Il se mérite ce village ! Situé dans une belle partie de la Vienne, la rivière n’est pas loin, il n’est desservi par aucun service public de transports. Pas de train, pas de bus… voiture obligatoire. Mais la récompense est au bout du chemin. Situé au milieu du village, La Chatellenie est le point de ralliement de tous les gourmands et des bons vivants de la région et même plus loin.
Le couple, Emilie et Thomas Fournier, s’est installé ici il y a 13 ans reprenant une affaire en sommeil depuis quelques mois. Tous deux ont grandi dans une ambiance de métiers de bouche. Le Michelin leur a donné un Bib Gourmand dans l’édition de cette année 2023.
Thomas Fournier est originaire de Lisieux, en Normandie. Presque toute la famille est dans les métiers de bouche et surtout un oncle pâtissier. Cette ambiance et les grands repas qui vont avec plait au jeune Thomas qui voit très vite son chemin se tracer.
La salle de restaurant est claire, simple, agréable, à la décoration marine en hommage aux origines bretonnes de la patronne, tomettes au sol, cheminée, et tables bien espacées en bois clair. L’ensemble est de bon goût, et un soir de semaine dans ce petit village, la salle était comble. Le chef travaille sur 4 menus, plus un menu végétarien aux légumes de saison. Dans chaque menu, il y a deux choix par catégorie.
Le vin est le domaine d’Emilie Fournier. Elle s’occupe de la sélection, va à la rencontre des vignerons le plus possible, et gère une carte de 160 références. Belle sélection de blancs de la vallée de la Loire dont une petite sélection/découverte des vins de la Vienne. Des vins abordables avec des entrées de gamme à 22 € et une moyenne de 30 €. La carte s’est étoffée avec l’entrée de grands noms des vignobles français : Jaboulet, Faiveley, Château Saint-Maur, etc. En rouges, les Bordeaux sont très présents mais également avec des deuxièmes vins de châteaux autour de 30 €. Dans l’ensemble, la moyenne des prix bouteilles est de 50 €. Emilie Fournier propose des vins au verre suivant son inspiration de moment sur la base d’un rosé (5 €), 4 blancs (de 5 € à 9,50 €), et 2 rouges à 5 € et 6 €.
En amuse-bouche, une Petite anguille, purée de maïs, pop-corn. Original, bien fait, très bon.
Asperges vertes en cannelloni, jambon de bœuf, bouillon dashi. Les cannellonis sont fourrés avec une purée d’asperges vertes, asperges vertes posées dessus, deux fines tranches de jambon de bœuf, le tout arrosé d’un bouillon dashi, bouillon typiquement japonais dont celui-ci était assez neutre de goût. L’ensemble du plat est d’ailleurs dans une tonalité assez douce, sans grand relief. Un plat agréable, mais qui manque de pep’s et de saveurs plus marquées.
Truite de Talbat, fenouil, chlorophylle d’herbes sauvages. Belle pièce de truite d’un élevage local (Talbat). Un joli plat, bien pensé, bien construit. Cuisson douce et respectueuse de la fragilité de la chair du poisson, rehaussée par le subtil goût anisé du fenouil, le tout déposé sur un jus d’herbes vertes. Un plat, fin, « discret ». On retrouve cette douceur qu’affectionne le chef mais qui est, là encore, au bord du neutre. On aimerait qu’il « sorte » les saveurs pour réveiller le plat. Plaisant à déguster au demeurant.
Agneau Poitou Charentes en deux cuissons, légumes printaniers. Les chefs en général affectionnent cette cuisson confite de l’agneau, pourtant difficile pour éviter qu’elle arrive trop sèche. Ce fut presque le cas ici mais l’agneau est de belle qualité et la cuisson comme la saveur de la côte saisie fut parfaite. Sélection de légumes de printemps, navets, carottes, artichauts, champignons, petits pois, savoureux et parfaitement cuits mais quel dommage de les avoir déposés sur une belle et fine purée d’oignons doux, presque sucrés. Obligé alors de les manger ensemble, l’oignon en purée a tendance à emporter les goûts. Sinon, c’est une assiette riche et généreuse, appétissante à l’œil et à la dégustation. Très bon jus de cuisson de l’agneau monté au beurre et savoureux.
Magnifique Pré-dessert : Fraises, rhubarbe, sorbet shizo, qui va devenir le futur dessert du menu. Belle alliance, saveurs tranchées, amertume légère de la rhubarbe, douceur des fraises justes mures et qui seront encore meilleures plus tard, et la fraicheur éclatante du shizo et son goût de basilic. Parfait !
Soufflé « safari », fruits exotiques. Aérien et franchement délicieux soufflé à la cuisson au millimètre, et joli contrepoint avec le sorbet passion et les dés de mangue. Equilibre et harmonie pour un dessert très réussi.
La cuisine du chef Thomas Fournier est bien au point, surtout avec la qualité des produits grâce à son réseau de fournisseurs proches de lui dans une région assez riche tant en agriculture qu’en élevage. Une cuisine mature, bien ancrée dans sa région, bien travaillée, tant en salé qu’en sucré, cette dernière partie que le chef maitrise parfaitement.
La Chatellenie est une table agréable, sérieuse, soignée, on y mange bien dans une ambiance sans chichis et dans une salle conviviale où les clients paraissent se régaler, et c’est le cas. Le chef Thomas Fournier possède bien son sujet, sait ce qu’il veut faire et tient à garder cet esprit de travail bien fait. Il en est récompensé par le succès tranquille mais bien installé de sa maison.
1, rue du Commerce
Availles – Limouzine (86460)
Tél : 05 49 84 31 31
www.lachatellenie.fr
restaurant-chatellenie@gmail.com
Menu du Marché (déjeuner en semaine) : 17 € (2 plats) – 22 € (3 plats)
Menu Chatellenie : 37 € (3 plats)
Menu Gourmandise (3 choix par catégories) : 49 € (3 plats) – Fromages : + 6 €
Menu Dégustation : 58 € (5 services) – 75 € (7 services)
Accord mets & vins : 3 vins (19 €) – 5 vins (32 €)
Menu Végétarien : 20 € en semaine (3 plats) – 30 € le week-end (3 plats)