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Les surprises à Roland-Garros, un phénomène qui n'a plus rien d'exceptionnel
Publié le 11 juin 2023 par FranckyChaque année, à la même période, c'est la même question qui revient enflammer les discussions entre passionnés de tennis : qui va être la surprise de Roland-Garros ? Le tournoi parisien n'a pas failli cette année à sa réputation de coupeur de têtes (on avait rarement vu une telle hécatombe sur la première semaine) même s'il a couronné la numéro une mondiale et grandissime favorite Iga Swiatek. Cependant, la surprise est venue de son adversaire, Karolina Muchova, 43e mondiale, qu'on n'attendait pas à pareil fait. Pourtant, la tchèque fait désormais partie d'une lignée de joueuses qui ont crée la sensation à Roland-Garros, à tel point d'en dérouter les meilleurs pronostiqueurs. Muchova est désormais entrée dans le livre d'histoire du tournoi en figurant parmi celles qui ont su faire déjouer les favorites pour aller (presque) au bout de leur rêve. Elle n'est pas la première surprise de l'épreuve et ne sera pas la dernière. C'est pourquoi, en attendant celles qui bientôt, comme la tchèque, créeront à leur tour la sensation dans les années qui viennent, nous allons regarder dans le rétroviseur pour voir quelles furent les surprises les plus marquantes des vingt dernières années à Roland-Garros. Pour les plus nostalgiques, prévoyez un mouchoir.
Anastasia Myskina (Russie) et Elena Dementieva (Russie), finale de Roland-Garros 2004 :
Plus de dix ans après la dislocation de l'URSS, deux joueuses russes se retrouvent en finale de Roland-Garros pour la première fois de l'histoire du tournoi alors que ni l'une ni l'autre n'a encore remporté de Grand Chelem. Sixième mondiale, Anastasia Myskina fait des dégâts dans le tableau en sortant successivement les américaines Venus Williams et Jennifer Capriati contre lesquelles elle ne cède pas un set, tandis que sa compatriote Elena Dementieva, réputée pour avoir un des services les plus faibles du circuit féminin, sort Lindsay Davenport et Amélie Mauresmo. De cette énorme surprise, il nous reste le souvenir d'une finale sans la moindre saveur, pliée 6-1 6-2 par Myskina qui n'exprime aucun sentiment de joie alors qu'elle gagne le premier (et seul) tournoi du Grand Chelem de sa carrière.
Ana Ivanovic (Serbie), finale de Roland-Garros 2007 :
En 2007, lors de l'édition du centenaire de l'épreuve, personne ne semble être en mesure d'empêcher Justine Henin de remporter son troisième Roland-Garros consécutif. Pourtant, certains émettent l'hypothèse un peu folle que la jeune serbe Ana Ivanovic, dix-neuf ans et surprise du tournoi, pourrait bien contrarier les plans de la belge. Ivanovic crée la sensation en écartant en quarts de finales la russe Svetlana Kuznetsova avant d'exécuter un récital en demi-finales contre Maria Sharapova qu'elle désintègre en deux petits sets 6-2 6-1. Hélas pour elle, la magie cesse d'opérer le jour J. Totalement liquéfiée par le stress, elle se loupe en finale et ne peut que constater l'ampleur du désastre face à l'impitoyable wallonne, dernière joueuse à ce jour à avoir accompli le triplé. Qu'à cela ne tienne, Ivanovic aura rendez-vous avec la gloire un an plus tard en remportant le tournoi face à Dinara Safina.
Francesca Schiavone (Italie) et Samantha Stosur (Australie), finale de Roland-Garros 2010 :
Tête de série n°7, Sam Stosur semble avoir les clefs en main pour remporter son premier tournoi du Grand Chelem même si sa présence en finale est une surprise pour de nombreux observateurs. L'australienne est sur une pente ascendante après deux succès phénoménaux en huitièmes de finales sur Justine Henin et en quarts de finales sur Serena Williams (8-6 dans le dernier set). Mais voilà, il était dit que Francesca Schiavone, tête de série n°17, écrirait l'une des plus belles pages du sport italien en devenant la première transalpine à gagner Roland-Garros avec, à la clef, des victoires sur la chinoise Li Na et la danoise Caroline Wozniacki. À la fin du match, l'émotion était palpable sur le court central.
Sara Errani (Italie), finale de Roland-Garros 2012 :
Après les exploits de Francesca Schiavone, l'Italie se trouve une nouvelle héroïne en la personne de Sara Errani. Tête de série n°21, la native de Bologne, quart de finaliste à l'Open d'Australie quelques mois plus tôt, sort un match énorme en huitièmes de finales contre Svetlana Kuznetsova puis, portée par la confiance du moment, elle va s'offrir successivement Angelique Kerber et Samantha Stosur avant de plier en finale contre une Maria Sharapova sûre de sa force. La marche était trop haute pour Errani mais, quelle surprise elle a crée !
Lucie Safarova (République Tchèque), finale de Roland-Garros 2015 :
La logique est implacablement respectée pour cette cent-huitième édition avec une victoire qui revient à la patronne Serena Williams, numéro une mondiale. Mais, cette finale ne fut pas une sinécure pour l'américaine qui dut s'employer pour venir à bout de la surprise du tournoi, Lucie Safarova, qui joua crânement sa chance en poussant la meilleure joueuse du monde en trois sets. La tchèque était montée en puissance tout au long du tournoi en sortant l'allemande Sabine Lisicki au troisième tour, Maria Sharapova en huitièmes de finales, Garbine Muguruza en quarts et Ana Ivanovic en demi-finales. Personne n'aurait parié là-dessus.
Jelena Ostapenko (Lettonie), finale de Roland-Garros 2017 :
Une pure folie. Âgée tout juste de vingt ans et classée 42e mondiale, Jelena Ostapenko bouscule les conventions en pratiquant un jeu à très haut risque qui va lui permettre d'effacer notamment Samantha Stosur et Caroline Wozniacki avant d'accéder à sa première finale de Grand Chelem. Les observateurs promettent alors un enfer à la lettone face à la numéro trois mondiale Simona Halep qui va mener 6-4 3-0 balle de double break avant que l'ouragan ne s'éveille. Contre toute attente, Ostapenko renverse la roumaine et finit par l'emporter deux manches à une dans ce qui restera l'une des surprises les plus incroyables du tournoi. C'est néanmoins son seul fait d'arme à ce jour.
Marketa Vondrousova (République Tchèque), finale de Roland-Garros 2019 :
Après Lucie Safarova et avant Barbora Krejcikova et Karolina Muchova, Marketa Vondrousova figura parmi les autres joueuses tchèques à marquer Roland-Garros de son empreinte. Non tête de série, la jeune joueuse de dix-neuf ans va surtout profiter d'une absence réelle de hiérarchie sur le circuit féminin en traçant sa route avec des succès sur Carla Suarez Navarro, Petra Martic et Johanna Konta, avant que l'australienne Ashleigh Barty ne fasse respecter la logique en maîtrisant de bout en bout la finale en un peu plus d'une heure. Vondrousova verra alors sa carrière interrompue après le tournoi par une opération au poignet qui aura de lourdes conséquences sur sa progression.
Barbora Krejcikova (République Tchèque) et Anastasia Pavlyuchenkova (Russie), finale de Roland-Garros 2021 :
Même les pronostiqueurs les plus habiles n'ont pas vu venir cette finale alors que les meilleures du monde étaient là. Et pourtant, une opportunité incroyable se présente pour les deux joueuses alors que Serena Williams, Ons Jabeur, Sofia Kenin et Sloane Stephens se font sortir en huitièmes de finales. Puis, en quarts de finales, c'est Paula Badosa et la tenante du titre Iga Swiatek qui disparaissent. Spécialiste du double, Krejcikova, qui n'est pas tête de série, produit une demi-finale sensationnelle contre Maria Sakkari (9-7 dans le dernier set), tandis que Pavlyuchenkova, tête de série n°32, trace sa route en renversant d'abord Victoria Azarenka en huitièmes puis, Elena Rybakina en quarts (qu'elle bat finalement 9-7 dans la dernière manche), avant d'éviter le piège Tamara Zidansek (autre surprise d'un tournoi complètement dingue). La tchèque a le dernier mot lors d'une finale inédite qui restera comme l'une des plus étonnantes de ces dernières années.