EP : Absence of Colors - Cycles
NoPo
ABSENCE OF COLORS - EP "Cycles"
Les formations en duo fleurissent depuis quelques années.
Il faut dire que la Covid n'a pas favorisé les réunions de famille et qu'un modèle réduit permet de tourner plus facilement.
D'autre part, les évolutions technologiques aident à construire un son qui peut faire croire à la présence d'un orchestre complet!
Les pâlots barbus, dont on va parler, viennent de Chambéry :
Damien Bernard, batterie et programmation
Olivier Valcarcel, guitare et programmation
Si leur musique reste sombre pour coller à leur nom, des rayons lumineux, des étoiles, des explosions et autres événements quantiques viennent éclairer le paysage.
Ils retranscrivent cette tonalité binaire par leurs éclairages sur scène dans une ambiance de séquelles pandémiques.
On les case dans un post-rock légèrement métallique que je rapprocherai d'un groupe comme No pain No pain, des gars bien de chez nous (Bretagne).
Pour l'international, ils se réclament de Mogwai, Isis ou encore Tool...
Un grondement, un pas cadencé dans des vibrations de saturation, le son de 'Too big to fail' s'éclaircit lorsque la guitare zèbre l'obscurité dans laquelle file un bruit d'étoile filante (?!).
Les couches de guitare se multiplient et s'amplifient dans la réverbération. Le sentiment s'installe entre mélancolie et tristesse plus profonde.
Dans un passage planant, des coups sur le cercle agissent en relance mais c'est une voix radiophonique et prolixe qui plombe l'atmosphère jusqu'à plaquer, de son souffle, les cordes de guitare.
Lorsque cette voix s'évanouit, la guitare reprend le flambeau et illumine le morceau tenu par une batterie lourde et martiale.
La guitare serpente à l'entrée de 'Cycles' et la batterie continue de labourer. Une combinaison de plusieurs couches de guitares fait grimper la température.
A nouveau, un discours vient segmenter la plage en lui inoculant une sève ambient. L'effet provoque un ralentissement durant quelques instants.
La guitare répète un accord autiste mais après que la batterie écrase des coups profonds et des roulements sur toms et cymbales en mitraillette, une touche de synthé traverse la guitare en boucle.
L'ensemble enfle crescendo jusqu'à dégager des bulles magmatiques puis s'arrête dans le néant.
Une ligne lointaine semble se lamenter comme le texte débité à travers un téléphone au son ancien. On entend aussi un électrocardiogramme faible.
Une alternance, caisse claire grosse caisse laissant rarement passer une frappe sur la cymbale cale l'atmosphère lourde tapissée de quelques brossés à la guitare.
'Dust bowl' montre d'abord quelques teintes électros. Puis le ciel s'allège grâce à une gratte céleste, même si le son de basse au synthé donne de la profondeur.
Un break quasi religieux à mi-morceau, puis une voix plaintive de femme domine des percussions discrètes. On ressent un étouffement plaqué par un accord cadencé.
Enfin, le feu reprend sur un rythme pachydermique et crache des braises musicales versatiles qu'un roulement finit par enterrer.
On égrène des cordes étouffées devant un synth-basse percussif.
Une 2è ligne de guitare s'envole au dessus puis une troisième cristallise.
L'ambiance reste aussi noire que le pétrole. 'Erika' n'est probablement pas une princesse.
Après un long temps faible, une corde s'accroche aux frappes tribales et sonne la débâcle qui s'en suit.
Ce très bel hallali corne dans une brume, dissipant ses vapeurs et perçant jusqu'à l'âme.
La dernière mélodie tranche et emporte jusqu'au bout.
Cet EP captivant de 30 minutes fait défiler de folles images telle une bande originale de film.
Il ne reste plus qu'à inventer l'histoire qui va avec.
1.Too big to fail 06:14
2.Cycles 07:36
3.Dust bowl 09:22
4.Erika 07:19
Enregistrement (été 2021) : Djan et Olivier Valcarcel au studio Larsen
Mixage : Olivier Valcarcel
Mastering (juin 2022): Jeremy Henry - La Villa Mastering
Distribution digitale : Inouie Distribution
Production : Weird Noise