Titre : Le château des animaux, T3 : La nuit des justes
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Félix Delep
Parution : Novembre 2022
La Nuit des justes est le troisième tome du petit bijou qu’est la tétralogie Le château des animaux. Cette splendide série est née de la collaboration du scénariste Xavier Dorison et du dessinateur Félix Delep. Comme le titre le sous-entend, cette histoire est une variation inspirée du roman La ferme des animaux de George Orwell. Sans rentrer particulièrement dans les détails, sachez que les deux premiers épisodes de cette saga sont des petits chefs-d’œuvre de mon point de vue. Il est donc inutile de vous préciser que j’avais hâte de me plonger dans la lecture de la suite du combat mené par Miss Bengalore…
Questionner et faire réfléchir le lecteur.
Avant d’entrer pleinement dans ma critique de l’album, je vous propose une rapide présentation du contexte de l’histoire. Pour cela, je vais vous citer les quelques mots de la quatrième de couverture : « Les hommes sont partis. Dans le Château, il ne reste plus que les animaux : poules, chèvres, ânes et moutons s’épuisent à la tâche pour le prestige du Président Silvio et sa cruelle milice de chiens. La dictature et la terreur règnent… À moins que certains animaux ne décident d’entrer en résistance. »
Cette résistance est menée par Miss B, une ravissante chatte qui ne cesse de se révéler depuis le premier tome. Son combat pacifique est le fruit de ses échanges avec Azélar, un vieux rat voyageur au discours philosophique d’une richesse rare. Leurs discussions sont des petits joyaux d’écriture qui ne peuvent que questionner et faire réfléchir le lecteur. L’héroïne est attachante. Rien ne l’avait préparé à devenir la leader d’une révolution basée sur la « non-violence ». C’est par sa personnalité, son honnêteté, son courage et ses valeurs qu’elle est perçue par les animaux comme la plus légitime pour mener leur combat. On ressent de l’admiration pour Miss B. On est ému par ses moments de doute, de peur ou de fragilité. Elle est profondément touchante et s’avère être un rouage essentiel de la réussite de la série.
La qualité narrative de cet album est à la hauteur de celle des épisodes précédents. C’est donc peu dire qu’elle est remarquable ! Le scénario prend le temps d’installer les nouveaux enjeux en les inscrivant dans la continuité des précédents. Les différents points de vue des protagonistes sont subtilement et savamment présentés offrant ainsi une densité à cette histoire captivante. La montée dramatique est constante. Cohabitent l’espoir de la réussite du projet des résistants et la crainte de voir leurs rêves s’effondrer… Le suspense est constant du début à la fin générant une implication émotionnelle du lecteur constante et intense.
Et que dire des dessins offerts par Félix Delep ? Chaque planche est un petit bijou graphique. La qualité de son style animalier est remarquable. Les personnages prennent vie sous son trait. Le travail sur les décors est tout aussi brillant. L’ensemble est sublimé par des couleurs qui apportent un écot certain à l’atmosphère de la lecture et à sa force émotionnelle. Depuis ma découverte de cet illustrateur à travers la lecture de cette série, je me dis qu’il faut je guette de plus près ses autres parutions. Ne pas le faire serait me priver du potentiel d’en prendre plein les yeux !
Pour conclure, La Nuit des justes est un petit chef d’œuvre qui confirme que Le château des animaux est une des plus belles séries de ces dernières années. La richesse émotionnelle, philosophique, narrative et graphique fait de cette lecture un moment intense et captivant. L’histoire et les personnages ne nous quittent pas une fois le livre refermé tant leur destin nous bouleverse. Il est impossible de se priver de ce bonheur de lecture…