Il n’y a bien que Françoise Lagarde pour continuer à proclamer que la croissance sera au rendez-vous, certes dans une fourchette basse de 1,7% et a rejeter toute possibilité de récession en s’appuyant sur le fait qu’une récession correspond à une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs. En l’espèce le PIB a enregistré un recul de 0,3% au deuxième semestre. Un message en décalage avec sa propre administration qui, soucieuse de sa crédibilité, a prévenu que le troisième trimestre ne serait pas bon. Un recours à la méthode Coué dénoncé avec ironie depuis plusieurs mois par l’opposition qui a fait sienne la chanson de Ray Ventura « Tout va très bien madame la marquise ».
Les faits semblent donner raison aux oiseaux de mauvais augure socialistes qui annonçaient déjà il y a quelques mois un plan de rigueur. Le PS a beau jeu d’appuyer sur ce qu’il considère comme le pêché originel de Nicolas Sarkozy, le paquet fiscal et son coût annuel récurrent de l’ordre de 13 milliards.
Dans ce contexte difficile, François Fillon a fait le choix d’organiser malgré les vacances ministérielles une réunion d’urgence à Matignon avec les membres du gouvernement chargés de l’économie pour «analyser les causes» de la dégradation de la conjoncture internationale, et «identifier les réponses qui devront y être apportées». Une réunion de crise aux allures de Titanic. L’iceberg est en vue mais il ne sera pas possible de l’éviter.
Reste à savoir quand aura lieu la sortie du tunnel. Pas avant la mi-2009, début 2010 selon une majorité d’experts. Cet intervalle correspondra donc au moment de vérité pour Nicolas Sarkozy et son gouvernement qui tablent sur le fait que les différentes réformes engagées devraient commencer à produire leurs effets.
Si le ralentissement touche toute la zone euro, le problème comme l’a rappelé dernièrement Jacques Attali sur France Inter, c’est que quand l’économie repart, nous sommes les derniers à entrer dans la croissance mais, quand c’est la récession, nous sommes les premiers. L’ancien Sherpa de François Mitterrand, auteur d’un controversé rapport sur la croissance a réitéré sa comparaison de la crise des subprimes avec la crise de 29. Avec un bémol de taille, les mêmes causes ne devraient pas produire les mêmes effets, grâce notamment aux rôles des banques centrales.