Avertissement : À tous les ayatollahs de la performance pour qui une course se résume exclusivement au chrono final et à des sub 10, 11, 12 etc., capables de se mettre minable pour gratter deux secondes (à chacun sa façon de trouver le bonheur et le plaisir), ce que vous allez lire dans les lignes suivantes risquent de vous agacer... Restez zen...
Un jour d’Ironman est évidemment hors norme. Il est un repère dans une saison, une date cochée en rouge dans un agenda. Il est la raison pour laquelle pendant des semaines, on se lève aux aurores pour aller nager, rouler ou courir. Il intrigue, questionne, interpelle. Parfois, il fait peur. Toujours, il excite. Même quand il s'agit du neuvième. Il est une expérience de vie intense, parfois brutale. Avec tous ses excès. Un jour d’Ironman passe en revue toute la palette des émotions. À chacune de ses extrémités.
Et puis surtout, j’ai encore appris sur moi. De nouvelles pistes d’amélioration se sont ouvertes. Je ne parle pas ici du physique car je sais depuis bien longtemps que si je commençais à m’entraîner un peu plus rationnellement (oui je fais n’importe quoi, ou presque), et surtout à perdre dix kilos (ça ne dépend que de moi, même si le concept « Fat and Furious » me fait rigoler), les choses seraient bien plus faciles (est-ce que ça m’amuserait autant… ?). En revanche, la partie mentale de l’effort me fascine. Réussir à analyser sa façon de penser selon les circonstances, ressentir les instants où tout bascule mentalement, déceler les turpitudes du cerveau dans ce type d’exercices, les déchiffrer pour ensuite les maitriser, ou en tout cas s’en donner l’illusion, voilà ce qui m’amuse profondément.
Alors oui, la journée fut belle, un superbe événement, magnifiquement organisé (Deutsch Qualität +++) avec de nombreux spectateurs, des bénévoles au top (pléonasme). Mais le speaker s’est trompé. Je n’ai pas vécu « la plus belle journée de ma vie ». Parce qu’elle est j’en suis sûr, encore à venir.
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Pour les amateurs de chiffres, voici une analyse un peu plus « strava » de ma course.
Pas grand-chose à dire. Des conditions parfaites pour nager (même si déteste les rolling-starts qui sont pour moi contre-nature du triathlon #vivelabaston #cetaitmieuxavant #vieuxcon) et un rythme à peu près régulier malgré une petite baisse de rythme dans le dernier kilomètre (Benoit, je n'ai pas arrêté de penser à tes conseils "on s'endort pas"). Un chrono plus ou moins équivalent à ceux de mes autres Ironman et un « classement » dans les premiers 20%, comme d’habitude… Autant en profiter parce qu'après, ça se gâte…
T1 : 10’54’’
Le parc à vélos étant très grand, ça prend du temps. Ça c’est l’excuse bidon. La réalité, c’est surtout que je me change complètement pour mettre une tenue cycliste, que je n’ai pas retrouvé tout de suite mon sac (mauvaise allée, #boulet) et que je ne suis pas à 30 secondes près.
Vélo (2 boucles de 90 km et très peu de dénivelé - moins de 500 m au total) : 6h35’58’’
À mon petit niveau de cycliste (je pédale longtemps certes, mais pas vite), et sans beaucoup de bornes au compteur cette année, un correct 27,5 km/h de moyenne. Baisse dans le second tour avec du vent de face un peu plus consistant. Précision : je n’ai pas de prolongateurs et j’ai dû faire 99% des 180 bornes les mains en haut du guidon. Mais pas si mal pour moi (mon 2e meilleur temps sur Ironman, youhou ! ).
T2 : 14’10’’ !!!!!!
Cf. T1 pour l’excuse bidon, mais surtout, je me change à nouveau complètement pour passer en tenue course à pied (les chaussettes de compression, c’est chiant à mettre), j’ai cherché un moment mon dossard, finalement coincé dans mon cuissard, et surtout, j’ai un peu papoté avec une amie que je n’avais pas vue depuis bien longtemps et qui avait accès au parc.
Le plus mauvais marathon de ma vie. Je m'en remettrai. Ok, j’ai vite eu une ampoule assez pénible sous le pied, mais surtout les 90 kilos deviennent vite rédhibitoires. Un premier tour en trottinant puis l’essentiel des trois autres tours en marchant. De toute façon, quand j'essayais de trottiner, je gagnais à peine 30 secondes au kil... et je peinais même à reprendre du terrain sur ceux qui marchaient devant moi... Alors à quoi bon ! Sur Ironman, il y a toujours beaucoup de ravitos, environ tous les 2,5 km. Bien parce qu'on ne manque de rien mais revers de la "médaille", on y perd beaucoup beaucoup de temps quand on s'arrête à chaque point. Mais ça permet aussi de discuter avec les gens sur le côté et de profiter du cadre et de l’ambiance. Toujours voir le bon côté des choses. Et comme le parcours au bord du lac est sympa, que les spectateurs étaient à certains endroits bouillants, c'était finalement plutôt agréable. Un peu longuet quand même.
Temps final : 14h24'51''
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Pas de récit sans les mercis. Merci à tous pour vos encouragements, toujours précieux. Merci au TTSG (Tri Team Saint-Germain-en-Laye) pour sa convivialité qui facilite les levers aux aurores pour le plouf de 6h30, et à ses coaches, tous bénévoles, qui font vivre le club. Merci à Séverine, « ma » coach de Pilates dont les cours m’ont permis de retrouver un peu de mobilité du dos et de gainage. Et merci enfin celles et ceux qui supportent mes bêtises souvent bien prenantes.
Une pensée enfin pour le motard qui transportait un photographe, victime d'un accident sur la partie vélo (collision avec un cycliste en contre-sens) et qui n'a pu être ranimé par les secours.
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