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Ne vous laissez pas leurrer par des techniques ! Il n'y a pas de techniques de démontage de l'ego. Il n'y a pas de techniques pour faire de Dieu la victime de votre avidité. Il n'y a pas de techniques pour s'emparer du réel. Il y a la possibilité d'une vie de rigueur, de discipline, de conscience. Mais n'attendez pas de quelque technique qu'elle fasse de vous des êtres conscients.
Peut-être y a-t-il des différences à constater entre les disciplines de conscience. Mais si nous restons dans le rêve et le sommeil, nous serons continuellement les victimes de nos mécanismes, de nos automatismes, et opposer à cela la mentalité moderne de la technique efficace serait une autre façon de perpétuer le rêve.
Depuis toujours, il y a la même base à toute discipline. Si la finalité de l'existence c'est aimer, avant que de pouvoir aimer il faut être conscient, et ne peut être conscient que celui qui s'oblige à la conscience
De la même façon que le rêve, le sommeil semble être devenu notre nature, il faut s'obliger de telle façon que la conscience soit notre nature. Personne ne peut nous rendre conscients, aucun événement, aucune situation en particulier. Pourquoi ? Parce que tout veut nous rendre conscients, parce que tout aspire à la conscience, ce qui vit aspire à la conscience. C'est pourquoi ce n'est ni un événement ni une situation en particulier que l'on doit favoriser ou privilégier : tout est conscience.
Tout est conscience, tout aspire à sa propre reconnaissance. Et nous faisons partie de ce mouvement-là : tout doit être occasion de travail, tout doit être occasion de conscience pour nous.
C'est le manque de conscience qui engendre la souffrance, qui engendre la destruction. Parce que c'est dans le manque de conscience qu'il y a l'irrespect de ce qui est, le manque de souci, de soin de ce qui est.
C'est pourquoi celui qui vit dans la conscience, on doit voir dans sa vie, dans ses actes, dans ses relations le souci constant du bien. Aujourd'hui plus que jamais des êtres conscients sont nécessaires, je ne donnerai aucune technique, je ne peux que rappeler l'obligation de conscience.
La vie est très courte, vous ne savez pas ce qu'il y avait avant votre naissance, vous ne savez pas ce qu'il y aura après votre mort. Ce que vous pouvez savoir aujourd'hui, vous le savez par le biais de l'existence, de ce qui n'était pas avant votre naissance et de ce qui ne sera plus après votre mort. Ce que vous savez aujourd'hui, vous le savez au travers de votre corps. Alors qui peut dire ce qu'il y a quand il n'y a plus de corps ? Mais au moment de partir, quand vous serez devant la dernière porte à laquelle nul ne peut échapper, c'est la vie tout entière qui vous posera une question : « Comment as-tu aimé ? » Vous saurez à ce moment-là ce que vaut votre existence. Vous saurez à ce moment-là si vous avez vécu. Vous saurez si vous appartenez au club des AA, les Amoureux Anonymes.Seule une ouverture dans la conscience peut nous faire accéder à une qualité désintéressée de vie où nous n'aurons pas le souci de ce que nous allons récolter de notre vie après la mort.Vous connaissez la fable du laboureur et ses enfants : il y a un trésor dans le champ, et on laboure, on laboure, et le trésor c'est le labourage. De la même façon il y a des gourous, des maîtres, des saints qui vous parlent d'un trésor, et vous labourez, vous labourez, vous labourez avec des tas de techniques, mais le trésor est dans le labourage.Dans le zen, maître Dogen dit : « La pratique est l'éveil, et l'éveil est la pratique. » Et en français découvrir un trésor se dit « inventer un trésor ». Alors si vous voulez trouver le trésor de la vie, inventez la vie. Seule une conscience libre de l'ego et libre de l'intérêt personnel peut inventer sa vie.
Yvan Amar - Tisser le lien
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