Roland-Garros : se dirige-t-on tout droit vers une finale entre Swiatek et Sabalenka ?

La fin des huitièmes de finales dans le tableau féminin laisse entrevoir de plus en plus ce qui s'apparente désormais comme une évidence quasi inéluctable : la finale des Internationaux de France devrait opposer cette année Iga Swiatek à Aryna Sabalenka. Autrement dit, la numéro une contre la numéro deux. Ce serait un nouvel épisode de la rivalité née en 2021 entre les deux joueuses qui se rencontreraient ainsi pour la neuvième fois (avantage 5-3 pour la polonaise), la troisième fois cette année (à chaque fois sur terre battue) après la finale de Stuttgart (gagnée par Swiatek) et celle de Madrid (capturée par Sabalenka), avec en jeu, la place de numéro une mondiale. La native de Varsovie ne paraît pas forcer depuis le début de l'épreuve. Les scores de 6-0 s'alignent dans une relative monotonie quand l'adversaire ne décide pas de renoncer. Victime d'un virus respiratoire similaire à celui d'Elena Rybakina, l'ukrainienne Lesia Tsurenko n'a pas eu d'autre choix choix que d'abandonner contre la tenante du titre, en huitièmes de finales, alors que le score était de 5-1 contre elle dans la première manche. À la vitesse d'un train express, voilà Swiatek en quarts de finales, sans véritable opposition face à elle jusqu'à maintenant. De l'opposition, sa rivale biélorusse en a eu un peu plus. Aryna Sabalenka a subi son premier test du tournoi en huitièmes face à une Sloane Stephens revigorée par ses récents résultats mais, ce ne fut pas suffisant néanmoins pour empêcher le rouleau-compresseur de Minsk d'accomplir son œuvre destructrice. En termes de puissance, la deuxième joueuse mondiale était une nouvelle clairement au-dessus et s'est logiquement envolée vers les quarts malgré les pressions dont elle fait l'objet depuis le début du tournoi à propos de la guerre en Ukraine. 
On y a va tout droit, donc, vers cette finale entre Swiatek et Sabalenka... Vraiment ? Ce serait trop facile. Il ne faut surtout pas oublier qu'il y a six autres prétendantes toujours en course qui vont avoir leur mot à dire. De plus, les deux rivales ont bénéficié pleinement de l'hécatombe des têtes de série survenue depuis le début de l'épreuve. Le fait qu'elles n'aient, ni l'une ni l'autre, encore pu se tester contre des joueuses bien classées pourraient leur causer des problèmes malgré la force dont elles font preuve. Mais alors, qui parmi les rescapées va réussir à bousculer le destin ? Voyons en détail le programme des quarts de finales et essayons d'analyser la situation.
Iga Swiatek (Pologne, n°1) vs Coco Gauff (États-Unis, n°6) :
C'est la revanche de la finale 2022 et Coco Gauff est bien décidée à la prendre même si les événements ne jouent pas en sa faveur. Depuis un an environ, l'américaine a eu des résultats en dents de scie et enregistré d'inquiétantes défaites (à Stuttgart, Madrid et Rome notamment) qui ne l'ont pas mises dans de bonnes dispositions mentales. De plus, son parcours à Roland-Garros cette année est pour le moment chaotique avec un premier tour peu emballant contre l'espagnole Rebeka Masarova et une victoire contre Mirra Andreeva qu'elle doit surtout à la fatigue de la jeune russe. Les chances de voir l'américaine s'écrouler contre la polonaise sont par conséquent très grandes, à moins qu'elle soit très agressive en attaque et psychologiquement prête à relever un des plus grands défis de sa jeune carrière. Si elle reste mobilisée et régulière, elle pourrait réussir à bousculer la polonaise qui, elle, se retrouve face à son premier vrai test depuis le début de la quinzaine.
Beatriz Haddad Maia (Brésil, n°14) vs Ons Jabeur (Tunisie, n°7) :
La question va être de savoir si la brésilienne a physiquement encore des cartouches alors qu'elle a déjà énormément puisé dans ses réserves contre Diana Shnaider, Ekaterina Alexandrova et Sara Sorribes Tormo (contre qui elle est restée près de quatre heures sur le court dans le plus long match féminin de l'année pour l'instant). Si elle n'a pas suffisamment récupéré, Jabeur n'aura plus qu'à cueillir tranquillement le fruit tant qu'il est mûr avant de porter l'estocade. Impressionnante en huitièmes de finales contre Bernarda Pera, la tunisienne donne l'impression de monter très progressivement en puissance sans trop dévoiler son jeu. À moins d'une brésilienne survoltée, le dernier carré semble promis à Jabeur qui rencontrerait ensuite la gagnante du duel Gauff/Swiatek.
Karolina Muchova (République Tchèque) vs Anastasia Pavlyuchenkova (Russie) :
La russe a déplacé tellement de montagnes depuis le début du tournoi qu'elle donne l'impression que rien ni personne ne peut l'arrêter. Seulement voilà, elle va se heurter à une joueuse qui, tout comme elle, retrouve peu à peu toute la plénitude de son jeu après une période de convalescence et a su jusqu'à maintenant contourner habilement tous les pièges. J'ai très envie de voir une rencontre spectaculaire entre ces deux-là, indécise jusqu'au bout et pleine de rebondissements avec, peut-être, une victoire de Muchova au bout d'un super tie-break de folie. 
Elina Svitolina (Ukraine) vs Aryna Sabalenka (Biélorussie, n°2) :
C'est sans doute le match que tout le monde attend, pour bien des raisons sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. Contentons-nous, et c'est très bien comme ça, de l'aspect purement sportif en espérant voir une Svitolina combative et entreprenante comme lors de ses meilleurs jours, capable de faire dégoupiller une sabalenka qui, on le sait, peut vite se frustrer et commettre des erreurs quand elle sent bousculée et poussée dans ses retranchements. Certes, l'avantage est à la championne de l'Open d'Australie sur le papier. Sur le court, en revanche, le vent peut très vite tourner.