“Sarah sent bien que son public somnole, alors tout à coup elle décide de chanter La Marseillaise, et là je retrouve la Bernhardt, tout son visage traversé d’une foudre qui se déchaîne, rejetant tout ce qu’elle a appris, s’appuyant sur sa douleur à grands coups de poings dans la cuisse, jusqu’à épuisement. Et quand cette foudre-là a décidé de se manifester, on peut bien avoir soixante-douze ans et ne plus pouvoir marcher, mais simplement regarder droit devant soi, simplement redresser la tête, simplement lever un bras, eh bien dans ces gestes minuscules il y aura tout, la beauté des femmes et la beauté des bêtes, la noblesse, la victoire. Et les gars, sous la pluie, bouche bée, comprennent enfin où la vie était allée se nicher.”
Nul ne l'ignore désormais notamment grâce à l'épatante exposition que le consacre le Petit Palais à Paris jusqu' au 27 août.: 2023 marque le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt dont la devise est restée : « Je ne veux pas être normale. Je veux être extraordinaire ».
Surnommée par Victor Hugo "la voix d'or", Sarah Bernhardt était unanimement considérée comme la plus grande tragédienne française du 19e siècle.
Femme moderne fantasque et fascinante, elle aura bousculé les traditions et connu une destinée follement romanesque. Ses tournées internationales portèrent les pièces de Racine et des mélodrames comme La Dame aux camélias depuis le Brésil jusqu’à l’Australie, en passant par les États-Unis.
Sur Sarah Bernhardt on n'avait lu à ce jour lu qu’un roman graphique mais c’était assez pour trouver le personnage incroyable.
Régine Detambel fait revivre le fantôme de Sarah Berhnardt en se glissant dans le regard de Susan, amante amante éconduite devenue dame de compagnie, mi-secrétaire, mi-accompagnatrice.et souffre-douleur également.
Susan va raconter qui était Sarah Berhnardt personnage extravagant et envoûtant, passionnée, cruelle et surtout libre notamment dans ses choix de vie. Dans la vie de la comédienne, il y aura eu beaucoup d’hommes, mais aussi des femmes
Sous le regard de Susan, on découvre une flamboyante actrice qui traverse la Belle époque, la première guère mondiale et l’entre deux guerres mais aussi une mère dévouée, une femme qui assume tous ses choix, vit dans le luxe et ne conçoit pas le refus.
De ces années d’apprentissage qui ont nourri Susan autant qu’elles l’ont désespérée, reste l’incroyable ardeur au travail d’une Sarah Bernhardt handicapée, qui avait dû subir l’amputation d’une jambe, mais surtout son courage et sa détermination de tigresse, jusqu’à ses derniers instants de vie relatée ici sous le regard de Susan avec tendresse et émotion .
La plume de Régine Detambel est à la hauteur de l'énergie de vivre et d'aimer qui consume Sarah Bernhardt au quotidien, entre ambiguité, colère et passion pour la vie et pour la scène. Un bel hommage à ce génie théâtral français, précurseur des grandes stars de cinéma.
Sous la plume de Régine Detambel, La Divine Sarah demeure sur scène à jamais, juste cent ans après sa mort.