Dans un tableau désormais orphelin de nombreuses têtes de série (vingt-cinq ont été éliminées depuis le début du tournoi, seulement sept ont survécu, dont cinq appartenant au top 10), Roland-Garros entre désormais dans une phase décisive qui doit amener l'une des seize rescapées vers un sacre attendu samedi prochain. Si plusieurs favorites, dont la tenante du titre Iga Swiatek, sont toujours en course, on note également la présence en huitièmes de finales de joueuses nettement moins bien classées qui ont su profiter de cet écrémage pour se frayer un chemin dans le tableau, certaines étant des surprises inattendues. Faisons le point en passant au crible chacun des huit matches qui vont se dérouler ce dimanche et lundi. Anastasia Pavlyuchenkova (Russie) vs Elise Mertens (Belgique, n°28) :La belge égale sa performance de 2022 et vise désormais un premier quart de finales sur l'ocre parisien. Mais, après sa démonstration contre Jessica Pegula, elle retrouve une joueuse en train de revoir ses ambitions à la hausse après avoir écarté successivement ses compatriotes Liudmila Samsonova et Anastasia Potapova, alors qu'elle était menée à chaque fois d'une manche (elle perdait 5-2 dans le dernier set contre Samsonova). Finaliste en 2021, Anastasia Pavlyuchenkova peut se permettre de rêver plus grand même s'il va falloir qu'elle vende chèrement sa peau contre la flamande.Elina Svitolina (Ukraine) vs Daria Kasatkina (Russie, n°9) :Est-ce le retour en grâce d'une joueuse retrouvant avant tout la joie de jouer et comme transcendée depuis qu'elle est devenue maman d'une petite fille ? Après sa victoire au WTA 250 de Strasbourg, Elina Svitolina, trois fois quart de finaliste à Roland-Garros, n'a peut-être pas fini de nous surprendre et de se surprendre elle-même par la même occasion. Mais, cette fois-ci, c'est la demi-finaliste de l'édition 2022 qui se dresse devant elle. Kasatkina reprend goût à la victoire après une période de doute et elle semble bien décidée à prolonger le plaisir pour aller défier la championne de l'Open d'Australie Aryna Sabalenka en quarts. Karolina Muchova (République Tchèque) vs Elina Avanesyan (Russie) :Autant la présence de la tchèque, de retour à un niveau très intéressant, ne surprend personne (bien qu'elle atteigne pour la première fois les huitièmes de finales à Roland-Garros), par contre, il fallait être très fort pour prédire celle d'Elina Avanesyan à ce stade de la compétition. Certes, il y avait eu quelques signes début mai au tournoi de Wiesbaden (W100) où elle obtenait sa plus belle victoire sur le circuit ITF mais, de là à la voir en huitièmes de finales du Chelem parisien alors qu'elle n'a aucune référence à ce niveau et qu'elle a été repêchée dans le tableau principal en tant que lucky loser, il fallait vraiment le faire. L'idylle avec Paris va-t-elle néanmoins prendre fin contre Muchova ? Probable mais, pas si sûr... Sloane Stephens (États-Unis) vs Aryna Sabalenka (Biélorussie, n°2) :Revoilà l'américaine au premier plan, elle qui fut finaliste à Roland-Garros en 2018, l'année où Simona Halep triomphait. Peut-elle faire trembler la numéro deux mondiale ? Oui, bien sûr, si elle confirme ses bonnes dispositions des précédents tours, si elle s'en donne la peine et si Sabalenka se frustre trop. Ça fait beaucoup de si, je sais mais, dans un match qui fait figure de premier test pour la biélorusse, tout peut arriver. On remercie au passage l'organisation qui programme enfin un match du tableau féminin en session nocturne, mieux vaut tard que jamais... Bernarda Pera (États-Unis) vs Ons Jabeur (Tunisie, n°7) :L'américaine n'avait jamais fait mieux qu'un deuxième tour à Roland-Garros et un troisième tour en Grand Chelem (cette année à l'Open d'Australie). La voilà en huitièmes de finales après une remarquable première semaine (quelle victoire renversante au second tour contre la croate Donna Vekic). Mais, il va falloir maintenant se sortir les tripes pour venir à bout d'une Ons Jabeur qui se dit peut-être que ce Roland-Garros 2023 pourrait être le sien. Un match qui semble évident sur le papier mais, en réalité, plus équilibré qu'il en a l'air.Iga Swiatek (Pologne, n°1) vs Lesia Tsurenko (Ukraine) :On attendait une confrontation entre la polonaise et Bianca Andreescu mais, l'ukrainienne, huitième de finaliste en 2018, en a décidé autrement. Étrillée à Rome 6-2 6-0 par la numéro une mondiale, Tsurenko, tombeuse de Barbora Krejcikova au premier tour, s'attend à une journée difficile. Cependant, nul doute qu'elle va tout tenter pour déboulonner la tenante qui pense sans doute déjà à un éventuel quart de finales contre Coco Gauff. Sara Sorribes Tormo (Espagne) vs Beatriz Haddad Maia (Brésil, n°14) :Avec une journée de repos en plus survenant suite au forfait d'Elena Rybakina, la joueuse ibère, qui n'était jamais parvenue aussi loin en Grand Chelem, peut avoir de l'ambition sur ce match grâce à une combativité qui lui fait rarement défaut. Ça tombe bien, de la combativité, la brésilienne n'en manque pas, elle l'a d'ailleurs montré au deuxième tour contre la russe Diana Shnaider (qui a bien failli la sortir du tournoi) et contre Ekaterina Alexandrova au tour suivant, contre qui elle est également passée près de la défaite. Ce match contre Sorribes Tormo pourrait presque constituer un choc et s'annonce intéressant à plus d'un titre. Anna-Karolina Schmiedlova (Slovaquie) vs Coco Gauff (États-Unis, n°6) :Pour la première fois qualifiée en huitièmes de finales d'un tournoi du Grand Chelem, la slovaque a pris confiance après son incroyable victoire au premier tour contre la russe Veronika Kudermetova, tête de série n°11. Reine du faux rythme, va-t-elle parvenir à endormir l'américaine, finaliste en 2022 ? La tâche sera rude pour l'européenne, face à une Coco Gauff sans doute soulagée d'avoir passé l'obstacle Mirra Andreeva. Mais, attention à bien gérer une pression qui va monter de plus en plus chez la native d'Atlanta qui voit la patronne foncer sur elle à vive allure.