Loin de moi l’idée de critiquer ces pays depuis peu libérés du joug Russe et se ruant vers celui des States, cette attitude était presque inévitable et tout au moins prévisible. Mais un européen convaincu comme moi, pas par une Europe des marchands, mais par celle des valeurs, des philosophies et des cultures, ne peut que constater tristement l’échec, à mon avis définitif, de la « belle idée » telle qu’elle a été mise en oeuvre.
L’accord permet aux États-Unis d’installer sur le sol polonais et donc européen, des “intercepteurs” capables de détruire en vol d’éventuels missiles à longue portée. Couplé avec un puissant radar qui sera installé en République tchèque (UE), ce “bouclier” permettra de protéger le territoire américain d’éventuelles menaces de “pays imprévisibles” comme l’Iran. C’est la raison évoquée.
Bush et Kaczynski ont beau plaider que le bouclier est un système uniquement défensif, la Russie y voit une menace directe contre elle ! Qui pourrait l’empêcher ? Pas question dans tout ça d’une quelconque protection de l’Europe; c’est bien de l’amérique dont il s’agit et à la solde des seuls américains. Certains analystes refusent de voir que la Russie est sortie de sa convalescence, et qu’il faut prendre au sérieux la menace nucléaire russe contre d’éventuelles installations militaires américaines en Pologne. Un général russe a laissé planer la possibilité d’une attaque de la Pologne en représailles à la signature de l’accord. Ces mêmes polonais qui prennent d’ailleurs fait et cause pour les géorgiens, et condamnent les prises de position Européenne. Mais que reste-t-il donc de cette Europe à laquelle ils sont pourtant censés appartenir ?
Ils utilisent et amplifient les désaccords et les haines, [que l’on pense au démembrement yougoslave !] et n’ont jamais favoriser la réconciliation entre les peuples. Un petit « jeu » dangereux, bien anglo-saxon, dans lequel le souci de la sécurité européenne est pour ainsi dire absent. Cette pauvre Europe élargie est profondément divisée entre ceux qui là souhaiteraient “troisième pôle”, indépendante et souveraine et ceux, toujours plus nombreux, qui n’y voient qu’un terrain de manoeuvres pour les américains.