President’s Sarkozy will is not unrest. In a will, you have to measure the part of desire, passion and intelligence; but all that is not enough: you have to go further and look for a future. No will without any desire, but no will also without an objective for the future. To desire can be in fact muscular, or ambition, but to succeed requires work for analyzing, convince and organise. This short word of ‘will’ is much more than the summary of the press is presenting.
Nous avons un nouveau Président qui, au rebours de l’ancien, affiche sa « volonté » de changer les choses. Mais qu’est-ce donc que « la volonté » ? Chacun croit savoir ce qu’il en est alors que le concept est éminemment flou. Sous ce mot unique se cache une machine complexe de forces et de croyances qui vient du vocabulaire juridique latin : une disposition testamentaire à l’égard de quelqu’un. Il y a ce que nous savons – ou croyons savoir – de l’état des choses ; il y a ce que nous envisageons – réalités ou opinions – sur un nouvel état des choses ; et il y a le mouvement – comment passer de l’état ancien, figé, à l’état nouveau, en devenir.
Dans cette situation mentale du vouloir, n’y aurait-il donc pas ce mélange détonnant qui fait le propre de l’homme :
• une sensation quasi « musculaire » d’agir ?
• du « cœur à l’ouvrage » ?
• et une pensée « qui ordonne » au double sens de mettre de l’ordre et de commander - unique, impérialiste même ?
La « volonté », ce simple mot, ne met-il pas en branle tout l’être, des réflexes et instincts aux affects et à l’intelligence, et jusqu’à cette projection « irrationnelle » de vitalité que certains appellent « l’âme » ? C’est en tout cas ce que laisse entendre son histoire dans la langue française. Le mot volonté signifie d’abord « désir » et « passions » avant de se rationaliser en « décision ». Mais nulle décision ne survient par raison pure ; il y faut l’impulsion d’en bas (désir) comme celle d’en haut (se projeter dans l’avenir).
Pour « vouloir », il faut l’instinct de vie qui pousse tout être à « être plus », pas seulement à subsister. Il faut l’envie musculaire de bouger, ne pas tenir en place oblige la pensée à envisager le nouveau. Il faut entreprendre avec passion, donc jamais tout seul car la passion n’est rien sans les autres ; bouger demande courage, conviction, partage. Il faut la maîtrise du mouvement, faute de quoi il risque de dégénérer en simple agitation, et dans « maîtrise » il y a le regard clair sur ce qui est, lucidité sur le possible et organisation rationnelle du chemin à prendre. Pulsions, passions, pensées, « qui » donc veut - sinon un bouillonnement intérieur avec des affects et une histoire ?
L’eau qui s’infiltre obstinément partout n’a pas de « volonté » ; elle n’a que la propriété d’être fluide et d’obéir à l’attraction de la pesanteur. La « volonté » de l’eau n’est qu’un destin. Le même que celui d’un corps social ou d’une organisation où « personne » ne « veut » quoi que ce soit, mais où la masse pousse, travaillée de désirs obscurs et de passions pour elles-mêmes. Le terme même de « mouvement social » implique l’absence d’une quelconque « volonté » : il s’agit d’un « ça » aveugle, d’une pesanteur des choses qui « réagit » pour changer un « état de faits » ou conserver un ordre acquis des privilèges. Rien n’émerge de « volontaire », sinon par un individu ou par un très petit groupe mené par une personnalité.
Il ne suffit donc pas de dire « je veux » pour que tout s’accomplisse.
Car, dès qu’un projet fait l’objet d’une volonté, il devient un maître qui commande à son tour. Il asservit les moyens aux fins et les bonnes volontés à sa propre volonté. L’acte, dès qu’il est énoncé, ne « doit » pas nécessairement se produire, comme si l’homme était Dieu à qui Il suffit d’une Parole ou d’un Souffle.
Et c’est là que « le travail » prend tout son sens, notamment dans la mythologie intime de Nicolas Sarkozy. Energique d’instinct, ambitieux par éducation, agité physique – le Président a « besoin » d’agir, donc de « vouloir ». Mais pour atteindre le succès, objectif de sa quête permanente, cette volonté doit se traduire dans les faits. A ce stade, rien d’autre que « le travail » ne peut y réussir.
Ce travail, c’est :
• l’analyse des dossiers tels que l’avocat les pratique : à fond, dans les détails.
• puis la fixation d’un objectif général, « politique » : le regard lucide sur le possible.
• enfin l’élaboration d’un itinéraire pour y parvenir, avec des étapes, des gens à voir, à écouter et à convaincre, une équipe à motiver, du marketing à assurer.
Non, le projet ne surgit pas tout armé du cerveau présidentiel. Il n’est pas que discours performatif car il n’est pas de volonté sans désirs ni passions, organisés par une intelligence et en vue d’une fin qui dépasse. C’est sans doute ce qui manquait à la présidence d’hier comme ce qui manque à l’opposition d’aujourd’hui. C’est pourquoi la démarche de la gauche, sous Hollande, de “préparer d’abord des idées” avant de choisir un(e) candidat(e) n’est probablement pas la bonne : c’est bien une “volonté” qui fait surgir les idées - pas l’inverse.
L’homme qui veut commande, analyse et exécute, il a ainsi le plaisir de surmonter les obstacles comme si sa parole était acte. Comme nous l’avons montré plus haut, il n’est que l’impulsion d’une multitude de facteurs. Mais voilà un raccourci bien commode ! Bien dans cet air du temps épidermique, émotionnel et superficiel » qui ne voit pas la lune, mais seulement le doigt.