Petit retour sur le dernier album du duo anglais Depeche Mode sorti en mars dernier et sur celui du trio écossais Young Fathers publié quelques semaines plus tôt, alors que les deux groupes jouent ensemble lors de sept soirées de la tournée européenne des Anglais, notamment à Lyon.
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Alors, qu'en sera-t-il de leur quatrième album studio, au titre puissamment trouvé ? Oui, Heavy Heavy semble vouloir d'emblée s'imposer, par son visuel (encore) et, donc, son titre sans équivoque. Eh bien, dès les premières écoutes, je suis bluffé, pour ne pas dire " sur le c.. ! " Le trio écossais a non seulement repris là où il s'était arrêté mais, de plus, il enfonce le clou encore plus loin, accompagné d'un cri de rage parfaitement maîtrisé et qui s'ensuit d'un moment en apesanteur indescriptible. Oui, l'image est complexe, tout comme l'univers des Young Fathers : pourtant, il se dégage quelque chose d'unique, d'étincelant, de tellement humain. Heavy Heavy est une œuvre à la fois sauvage et dompté, tout y est d'un naturel désarmant, tout vous touche telle une flèche - mais c'est une flèche dorée, magique, indolore.
Le voyage est onirique, on en ressort comme après une séance au ciné où un chef-d'œuvre vient de défiler devant nos yeux sans qu'on s'y attende et, une fois la lumière revenue, hagard, on se lève, on repart, et toutes ces images, ces paroles, ces sons, ces musiques nous habitent encore. Ce disque, enregistré entre l'Angleterre et l'Afrique du Sud, est juste monstrueusement génial !!!
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Comme à leur habitude désormais depuis quelques albums, Dave Gahan a coécrit trois des douze chansons, alors que Martin Gore en signe seul ou accompagné dix au total. Richard Butler ajoute sa touche sur quatre chansons, Christian Eigner sur deux chansons, et Peter Gordeno et Marta Salogni chacun sur une chanson. Chose rare mais à laquelle on commence à prendre goût puisque depuis Sounds Of The Universe on y a systématiquement droit une fois : " Wagging tongue " est née de la collaboration de Dave et Martin.
Les critiques sont un peu unanimes sur les qualités de Memento Mori. Loin d'être en désaccord avec tout cela puisque j'avoue que cela fait longtemps que je n'avais pas été immédiatement été conquis par un album de Depeche Mode aussi aisément, je ne mesure pas pour autant l'impact que peut avoir le contexte de sa création autour de la naissance de ce phœnix inespéré. Un peu comme lors de la sortie, en 2020, de Fall To Pieces de Tricky qui venait suite au décès prématuré de sa fille : les critiques semblaient s'être soudainement réveillé sur le génie anglais, alors même que tout ce qu'il publie depuis False Idols était de même acabit en terme de qualité. De la même façon que Spirit, Delta Machine et ses prédécesseurs en remontant jusqu'à Exciter (car Ultra marque le plus souvent la fin des sommets himalayens du groupe, le premier album sans Wilder ayant été une énorme renaissance, déjà).
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(in Heepro Music, le 29/05/2023)
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