Tout va pour le mieux pour Coco Gauff, du moins sur le plan financier. En ce qui concerne le plan sportif, en revanche, c'est plutôt la soupe à la grimace pour la jeune américaine de dix-neuf ans qui, depuis son élimination par Jelena Ostapenko en huitièmes de finales de l'Open d'Australie, enchaîne les mauvais résultats à un rythme inquiétant. Étrillée par Paula Badosa au troisième tour du tournoi de Madrid, puis sortie au même stade de la compétition par Marie Bouzkova à Rome, la sixième joueuse mondiale aborde Roland-Garros dans le doute absolu avec tous les points de sa finale 2022 à défendre. Autrement dit, une élimination précoce de la native d'Atlanta pourrait bien signifier une éjection du top 10 dont elle est membre depuis septembre dernier. Pour ce qui est du domaine monétaire, Gauff peut dormir sur ses deux oreilles. Avec plus de onze millions de dollars engrangés en 2022, elle fait partie des dix athlètes féminines les mieux payées au monde sur l'année écoulée. Néanmoins, il est intéressant de constater que seulement trois de ces onze millions proviennent des gains qu'elle a amassés sur son salaire de joueuse et les tournois WTA auxquels elle a pris part, tandis que les huit millions restants proviennent de ses activités extra-sportives. L'américaine est sous contrat avec Rolex, Microsoft, Head, Barilla et New Balance, son équipementier vestimentaire, ce qui veut dire qu'en échange de quelques avantages pécuniaires, elle assure la promotion de ces marques à l'échelle mondiale. C'est tout simple, ça s'appelle du sponsoring et c'est ce que font la grande majorité des joueuses les mieux classées à la WTA aujourd'hui, rien de choquant dans tout çà, surtout que la partenaire de double de Jessica Pegula fait très attention à renvoyer une image d'elle-même qui ne déborde pas des lignes. En effet, elle bénéficie du soutien de tous les instants de son père Corey, qui est aussi son entraîneur, et de sa mère, Candi, avec qui elle a pratiqué l'école à la maison étant petite. Le moins qu'on puisse dire est que, lorsqu'il est question d'argent, papa et maman veillent au grain car, pas question pour eux que leur fille devienne la vache à lait d'un système capitaliste qui peut très vite devenir envahissant dans la vie d'une sportive professionnelle si des limites ne sont pas fixées. De par une approche lente et raisonnée des sujets financiers, les parents de Coco ont donc instauré un rythme de croisière qui permet à leur fille de concilier vie purement sportive et vie extra-sportive tout en lui laissant une marge de manœuvre suffisante pour qu'elle puisse s'épanouir. Ainsi, la petite famille n'a pas hésité à refuser plusieurs partenariats qui aurait certainement pu faire de leur enfant chérie l'une des personnalités du sport les mieux payées de tous les temps.
Au lieu de cela, donc, les parents ont opté pour cette approche en douceur, en laissant à leur fille le choix de certains aspects comme, par exemple, une liberté élargie sur la conception de ses propres chaussures signées pour son équipementier New Balance. D'ailleurs, cela peut paraître étonnant mais, dans toute l'histoire du tennis, Gauff est seulement la neuvième joueuse à bénéficier de chaussures apposées de sa propre signature et la seule actuellement sur le circuit WTA, dans une mode dont les origines remontent à la fin des années 40 et qui connut des années de vache maigre durant toutes les années 90, 2000 et 2010 avant qu'un certain Roger Federer ne se décide à lancer sa franchise. Pour son propre modèle, Coco Gauff a laissé libre cours à son inspiration jusque dans le choix des couleurs, allant même jusqu'à rajouter un petit plus bien dans l'esprit familial, une citation de son propre père inscrite sur les semelles où l'on peut lire : You can change the world with your racket. La jeune femme a d'ailleurs profité des Internationaux de France pour dévoiler sa toute nouvelle gamme dans un exercice de promotion parfaitement huilé et calibré dans la plus pure tradition du sponsoring vestimentaire.
C'est sans aucun doute là que Gauff parvient à faire la différence par rapport à d'autres joueuses qui se sont laissées happer trop vite par un système dont elles ne maîtrisaient pas complètement tous les complexes rouages. On pourrait ici citer l'exemple de la britannique Emma Raducanu qui s'est faite pour ainsi dire avaler par un monstre faute de conseils avisés et qui aujourd'hui disparaît progressivement de la circulation à l'échelle sportive alors que le raisonnement de Coco Gauff et de sa famille s'inscrit dans une logique de durée et une approche plus nuancée, plus prudente et plus pédagogique du monde des finances. C'était quoi qu'il en soit le meilleur choix à faire même si l'américaine ne doit pas oublier que le sport doit primer avant tout. Reste maintenant à savoir si, dans ce domaine, la famille sera toujours d'aussi bon conseil qu'elle l'est pour le reste car, pour le moment, on ne peut pas dire que Coco soit sur une pente ascendante, à moins qu'elle nous fasse mentir à Roland-Garros.