Croire est le titre. Sur les pouvoirs de la littérature, le sous-titre. C’est le sous-titre sur cette couverture qui m’a attiré. Et je n’ai pas été déçu. Pendant un peu plus de 120 pages, nous côtoyons des textes qui donnent du sens à la vie, à l’action, ici et dans le monde. Justine Augier a commencé par le monde, dans l’action hors de France. Son chemin est passé par la Syrie, avec « Razan Zaitouneh, avocate, écrivaine et figure de la révolution syrienne », et Yassin al-Haj Saleh. Et très vite, d’autres noms vont arriver : Robert Antelme (L’espèce humaine), Romain Gary (Éducation européenne), Annie Ernaux (L’écriture comme un couteau), et beaucoup d’autres. La liste des citations ne rendrait pas compte de l’effet que produit ce livre : bien sûr l’importance des livres, et dès l’enfance, pour prendre place dans le monde, des livres comme un viatique, des livres pour dialoguer avec les autres, vivants et/ou mort.e.s.
Et ce livre-ci arrive dans la vie de Justine Augier après la mort de sa mère. Ce n’est pourtant pas un livre pour faire le deuil, comme on dit. Mais bien plutôt pour « parler au fantôme ». Je ne résiste pas à reprendre ici les mots de Jacques Derrida : « Il faut parler du fantôme, voire au fantôme et avec lui dès lors qu’aucune éthique, aucune politique, ne paraît possible et pensable et juste, qui ne reconnaisse à son principe le respect pour ces autres qui ne sont pas encore là » (Spectres de Marx).
Pour ma part, je pense à cet autre livre, de Nadia Chonville, Mon coeur bat vite, où les ancêtres sont invitées par une de leurs descendantes. L’autrice, à propos de ces ancêtres, cite, dans un entretien récent, la Charte du Mandé : « Une vie n'est pas plus ancienne ni plus respectable qu'une autre vie, de même qu'une vie n'est pas supérieure à une autre vie ».
Revenant au livre de Justine Augier, je reconnais y avoir reçu beaucoup d’émotions, notamment en lisant ces mots : « L’absence de notre conversation rend le monde un peu plus effrayant encore ». Ce livre même cependant poursuit une conversation que la mort ne peut interrompre.