L'effervescence grandit de plus en plus à quelques heures à peine du début de Roland-Garros 2023. Le Big Three du tennis féminin (Swiatek, Sabalenka, Rybakina) va-t-il imposer sa loi ? Qui sont les joueuses à suivre capables de contrarier les plans des trois championnes ? Les débutantes en Grand Chelem auront-elles leur mot à dire ? Alors que va commencer aujourd'hui un premier tour étalé sur trois jours, nous vous proposons une petite sélection de dix matches qui pourraient s'avérer très intéressants et qu'il ne faut surtout pas rater.
Victoria Azarenka (Biélorussie, n°18) vs Bianca Andreescu (Canada) :
C'est le très gros choc de ce premier tour entre deux joueuses championnes de Grand Chelem mais, qui ne se sont jamais imposées Porte d'Auteuil. Classée 42e, la canadienne est une nouvelle fois malheureuse au tirage au sort mais, à bien y réfléchir, Azarenka n'est-elle pas malheureuse elle aussi ? La trentenaire, dont la meilleure performance à Roland-Garros est une demi-finale en 2013 (l'année où Serena Williams battait Maria Sharapova), s'est soudainement éteinte après sa formidable percée dans le dernier carré de l'Open d'Australie. Depuis, elle n'est pas allée plus loin qu'en huitièmes de finales à Charleston et Dubaï, avant de se faire sortir très tôt à Madrid et à Rome où elle déclarait forfait au troisième tour contre Madison Keys. Si elle n'est pas suffisamment remise physiquement, Andreescu pourrait alors en profiter à condition, bien sûr, que son corps la laisse tranquille. Sachant que la canadienne n'a pas montré grand chose de concluant sur terre battue européenne, on peut s'attendre à tout sur ce match.
Anna Kalinskaya (Russie) vs Emma Navarro (États-Unis) :
Vous vous dites sans doute que cette rencontre n'a pas grand intérêt mais, détrompez-vous. Ces deux joueuses sont dans une forme ascendante et pourraient par conséquent nous offrir du beau spectacle. La moscovite de vingt-quatre ans a étonné à Charleston en atteignant les quarts de finales après des victoires sur Anhelina Kalinina, Alizé Cornet et Victoria Azarenka. Elle se paya une membre du Big Three, en la personne d'Elena Rybakina, au deuxième tour à Madrid, puis la belge Elise Mertens à Rome. Face à elle, elle retrouve une joueuse qui a fait une percée spectaculaire dans le top 100, atteignant cette semaine son meilleur rang à la WTA, 75e. Quart de finaliste à Saint-Malo (WTA 125) et Strasbourg (WTA 250), où elle éliminait notamment la suissesse Jil Teichmann, l'américaine Emma Navarro s'est surtout mise en évidence le mois dernier sur le circuit secondaire en remportant coup sur coup les tournois de Charleston (100000$) et Charlottesville (60000$) sur terre battue. On peut donc vraisemblablement s'attendre à une rencontre enlevée entre les deux joueuses.
Anhelina Kalinina (Ukraine, n°25) vs Diane Parry (France) :
Bénéficiaire d'une invitation dans le tableau principal, la niçoise hérite d'un gros premier tour face à la récente finaliste de Rome et potentielle outsider à Roland-Garros. Néanmoins, la question est de savoir dans quelle condition physique se trouve la numéro une ukrainienne après son abandon sur blessure face à Elena Rybakina au Foro Italico. La française de vingt ans aurait alors une petite fenêtre qui s'ouvrirait, elle qui a remporté récemment le Trophée Clarins à Paris (par forfait de l'américaine Caty McNally) après avoir atteint les demi-finales à Zagreb sur le circuit ITF.
Lucia Bronzetti (Italie) vs Ons Jabeur (Tunisie, n°7) :
Ce premier tour pourrait être tout sauf une formalité pour la tunisienne et ce pour deux raisons. D'abord, sa condition physique, loin d'être optimale en raison d'un genou récalcitrant qui peine à retrouver sa motricité après une récente opération. Ensuite, parce qu'elle se retrouve face à une joueuse qui vient de gagner son premier tournoi WTA, à Rabat (WTA 250), au Maroc, et qui du coup, dans l'euphorie du moment, pourrait bien lui causer quelques tracas, même si l'italienne est très irrégulière et ne possède pas de référence notable face à des joueuses du top 10. Une aubaine pour Jabeur mais, attention au piège.
Maria Sakkari (Grèce, n°8) vs Karolina Muchova (République Tchèque) :
L'athénienne tâtonne et ça tombe mal pour elle car, Muchova, de retour dans le top 50, va mieux après une convalescence pour blessure. Quart de finaliste à Dubaï et à Indian Wells, avec à la clef des succès sur Bencic, Azarenka, Trevisan et Vondrousova, la tchèque s'est rassurée avant d'arriver à Paris en allant jusqu'en huitièmes de finales à Rome. Les sensations sont de retour alors que la grecque se cherche encore. Certes, il y a eu du mieux à Madrid avec une victoire autoritaire contre l'enfant du pays Paula Badosa et une place dans le dernier carré mais, ses résultats à Rome ont été beaucoup moins concluants avec une sortie de piste au troisième tour qui sème le doute. C'est le premier tour de tous les dangers pour la demi-finaliste de Roland-Garros 2021.
Nadia Podoroska (Argentine) vs Jessika Ponchet (France) :
La native de Bayonne est allée chercher sa wildcard avec les tripes grâce à de bons résultats sur le circuit secondaire, sans oublier un hiver passé au chaud durant laquelle elle s'imposait au tournoi W40 de Mâcon. Plus récemment, on l'a retrouvée à Saint-Malo où elle s'est hissée en quarts de finales, battue deux manches à une par l'américaine Sloane Stephens. Elle a un bon coup à jouer, d'autant plus que Nadia Podoroska ne parvient plus à retrouver le niveau qui lui avait permis d'atteindre les demi-finales à Roland-Garros en 2020. Absente à Madrid, elle a très vite disparu à Rome, éjectée au premier tour par Stephens. On se dit alors que, devant un public acquis à sa cause, la tricolore pourrait bien accéder au tour suivant.
Magda Linette (Pologne, n°21) vs Leylah Fernandez (Canada) :
La polonaise est dans une période de transition. L'on sent que depuis son incroyable parcours à l'Open d'Australie, où elle a atteint les demi-finales, elle éprouve le besoin de souffler. Cela explique ses résultats médiocres depuis, notamment à Madrid où elle a fait partie des victimes de la tornade Mirra Andreeva qui l'a étrillée en deux petits sets. Cependant, elle s'avère plutôt chanceuse au tirage puisqu'elle va affronter une Leylah Fernandez elle aussi en période de transition mais, une transition longue qui dure depuis 2021, année de sa finale à l'US Open. La québécoise est depuis dans l'incapacité totale de retrouver son niveau d'antan, même si une petite éclaircie a eu lieu dernièrement sur le circuit secondaire où on la vit se hisser dans le dernier carré au tournoi W100 de Madrid. Voici donc une rencontre qui s'annonce indécise.
Liudmila Samsonova (Russie, n°15) vs Katie Volynets (États-Unis) :
Figurant parmi les outsiders du tournoi, la russe cherche à retrouver les sensations qui lui avaient permises de se rapprocher tout près du top 10 cet hiver (12e en février). On l'a ainsi revue plus offensive au WTA 1000 de Madrid où elle atteignait les huitièmes de finales après avoir expédié ad patres la lettone Jelena Ostapenko. Pas suffisant néanmoins pour arriver à Paris avec le plein de confiance, surtout qu'elle va jouer contre une Katie Volynets qu'on n'attendait vraiment pas à ce niveau cette saison, demi-finaliste à Saint-Malo et au Trophée Clarins, et victorieuse de Veronika Kudermetova à l'Open d'Australie. C'est donc un premier tour copieux pour la tête de série n°15.
Taylor Townsend (États-Unis) vs Anastasia Potapova (Russie, n°24) :
Issue des qualifications, l'américaine de vingt-sept ans, ex-grand espoir du tennis féminin, retrouve un tournoi qu'elle affectionne. D'autant plus qu'elle est actuellement dans une bonne dynamique avec un troisième tour à Rome où elle fut victorieuse de sa compatriote Jessica Pegula et une finale à Florence (WTA 125) il y a une semaine. Pourtant, c'est un obstacle sérieux qui l'attend avec l'imprévisible russe Anastasia Potapova qui ne ménage pas ses efforts cette saison avec un tournoi gagné à Linz (WTA 250), un quart de finales à Miami, avec des victoires sur Coco Gauff et Qinwen Zheng, et une demi-finale à Stuttgart (WTA 500) avec des succès sur Martic, Gauff (encore) et Garcia. Une tâche compliquée attend donc la native de Chicago mais, avec elle, sait-on jamais...
Caroline Garcia (France, n°5) vs Xiyu Wang (Chine) :
Pourquoi ce match a tout du piège parfait pour la française ? Deux raisons à cela. D'une part, elle connait une grave crise de confiance qui l'empêche d'enchaîner les victoires, ce dont elle a nécessairement besoin pour se remettre sur les rails. D'autre part, elle est opposée à une joueuse difficile à manœuvrer, puissante, bonne contreuse et proche de retrouver le top 50 après sa victoire contre Bianca Andreescu à Madrid et ses huitièmes de finales à Rome où elle dictait sa loi contre Irina-Camelia Begu et Taylor Townsend avant de tomber courageusement contre sa compatriote Qinwen Zheng. Tous ses éléments associés rendent finalement cette rencontre plus indécise qu'elle en a l'air. Inutile de préciser qu'une sortie précoce de la française serait terrible.
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