À la veille d'une seconde levée du Grand Chelem qui déchaîne déjà les passions et tandis que les forces en présence sont désormais bien établies avec un tableau principal complété par les joueuses issues des qualifications et les repêchées, le moment est venu de se lancer dans une grande analyse afin de savoir qui va pouvoir contester le statut de favorite de la tenante du titre Iga Swiatek qui va tenter de remporter un quatrième titre du Grand Chelem, le second consécutif à Roland-Garros. Mais, comme nous allons le voir, le chemin est semé d'embûches pour la numéro une mondiale qui va devoir montrer de quelle trempe elle est pour conserver sa couronne.Les yeux sont rivés sur le Big Three du tennis féminin à quelques heures du début des hostilités. Pour de nombreux observateurs, il ne fait aucun doute que la victoire finale à Roland-Garros va se jouer cette année entre Iga Swiatek, Aryna Sabalenka et Elena Rybakina. Après tout, comment pourrait-il en être autrement ? Si l'on regarde ce qui s'est passé durant la tournée de préparation sur terre battue européenne, le Big Three s'est tout bonnement partagé les trois gros tournois en ne laissant que des miettes à la concurrence. Swiatek a gagné à Stuttgart (WTA 500) en dominant Sabalenka en finale, avant que cette dernière ne prenne sa revanche deux semaines plus tard en s'offrant la polonaise dans la fournaise madrilène. Enfin, ce fut au tour de Rybakina de refermer le chapitre en s'emparant du trophée à Rome, dans des Internationaux d'Italie bien arrosés et hélas gâchés par une organisation lamentable. À partir de ce constat, on peut par conséquent envisager que la coupe Suzanne Lenglen va revenir cette année à l'une des trois championnes. Mais, en sommes-nous si sûr ? À bien y regarder, Elena Rybakina, par exemple, n'a pas réalisé une saison printanière si étincelante que cela sur terre battue. On peut même aller jusqu'à dire que ces performances ont été assez calamiteuses puisque, hormis son succès au Foro Italico, où elle a tout de même bénéficié d'un sacré coup de pouce du destin en bénéficiant de trois abandons adverses (Kalinskaya au troisième tour, Swiatek en quarts de finales et Kalinina en finale), la kazakhe est rapidement passée à la trappe à Madrid, avec une défaite dès son entrée en lice, précédée d'un abandon en huitièmes de finales à Stuttgart. De plus, la quatrième joueuse mondiale part avec un désavantage par rapport à ses deux principales rivales, à savoir ses difficultés récurrentes sur terre battue, surface qu'elle n'a pas encore apprivoisé aussi bien que le dur ou le gazon, même si elle a montré des progrès significatifs dans les conditions climatiques extrêmement éprouvantes de la capitale italienne. Autre constat pour le moins alarmant pour Rybakina, elle va devoir composer à Roland-Garros avec un tableau très compliqué qui la ferait croiser la brésilienne Beatriz Haddad Maia ou la russe Ekaterina Alexandrova dès les huitièmes de finales, avant un quart éventuel contre la double championne de Wimbledon Petra Kvitova ou la tunisienne Ons Jabeur si cette dernière n'est plus gênée par son genou récalcitrant. Ce serait ensuite une demi-finale explosive contre la tenante du titre.Les championnes de Grand Chelem ne manquent pas dans cette moitié haute de tableau où évolue la lauréate de Wimbledon 2022. On évoquait Kvitova, récente gagnante du tournoi WTA 1000 de Miami mais, il y a aussi Victoria Azarenka, Bianca Andreescu (toutes deux vont s'affronter dès le premier tour dans un choc titanesque), Barbora Krejcikova (qui s'imposa dans l'épreuve en 2021) et bien sûr Iga Swiatek. On trouve aussi l'américaine Coco Gauff, finaliste de la précédente édition, et sa compatriote Madison Keys, ancienne finaliste de l'US Open. Rybakina pourrait même connaître une première semaine compliquée durant laquelle elle devra faire preuve de vigilance au premier tour contre la pépite Brenda Fruhvirtova, avant de croiser éventuellement Danka Kovinic, puis Petra Martic ou Shelby Rogers, qui furent toutes deux quarts de finalistes du tournoi. Qu'en est-il alors des deux autres membres du Big Three par rapport à la kazakhe ? Comme évoqué en introduction, Swiatek va devoir cravacher dur si elle ne veut pas voir son objectif de doublé s'évanouir. Si la première semaine s'annonce plutôt tranquille pour la native de Varsovie, à moins d'un énorme coup de tonnerre venant de la tchèque Marie Bouzkova ou la française Fiona Ferro (permettons-nous de rêver), c'est la deuxième partie de la quinzaine qui risque de poser problème, surtout si la tête de série numéro une n'est pas totalement remise de la blessure, à première vue bénigne, qui l'avait obligée à abandonner contre Rybakina à Rome. En effet, se profilerait un huitième de finales à haut risque contre Victoria Azarenka ou Barbora Krejcikova, qui l'a battue à la régulière cette année à Dubaï, sachant que la tchèque, qui apprécie ce type de surface, semble représenter pour la polonaise le danger le plus immédiat pour une sortie de piste précoce. Il est en tout cas certain que la tenante subira son premier test dans le tournoi avant que les choses ne se corsent un peu plus en quarts contre une Veronika Kudermetova naviguant sous les radars et qu'il va falloir surveiller de près suite à ses exploits à Madrid et à Rome où elle a à chaque fois atteint le dernier carré. À moins qu'une Coco Gauff à la confiance retrouvée ne se dresse devant la patronne ou une Anhelina Kalinina désireuse d'oublier son malheureux abandon en finale des Internationaux d'Italie. Si Swiatek faisait respecter son rang, l'on se dirigerait alors vers cette fameuse demi-finale contre Rybakina ou Jabeur. N'enterrons surtout pas la tunisienne, bien que l'on ignore où elle en est exactement sur le plan physique.Dans le bas de tableau, Aryna Sabalenka, tête de série numéro deux, peut voir venir. Quoique... Bien qu'il n'y ait que deux autres championnes de Grand Chelem dans sa section qui ne se sont plus imposées au plus haut niveau depuis quelques années (Ostapenko et Stephens), les petits pièges, disséminés partout, ne manquent pas et pourraient donner à la biélorusse du fil à retordre. Il y a d'abord ce premier tour périlleux, au vu du contexte géopolitique actuel, contre l'ukrainienne Marta Kostyuk. Si l'obstacle était franchi, sachant que la native de Kiev va tout donner pour tenter de renverser la membre du Big Three, cette dernière pourrait alors se focaliser sur un huitième de finales aux allures de test contre Karolina Pliskova ou Qinwen Zheng, à moins qu'une Sloane Stephens renaissante (très en vue dernièrement sur le sol français à Saint-Malo et à Rabat, au Maroc) ne décide de pointer le bout de son nez. Il faudrait ensuite se projeter vers un quart de finale contre Jelena Ostapenko ou Marketa Vondrousova (respectivement lauréate en 2017 et finaliste en 2019), voire Caroline Garcia, si la française retrouve de bonnes sensations (avouons que le moment serait bien choisi). Enfin, se dessinerait l'éventualité d'une demi-finale contre Jessica Pegula ou Maria Sakkari, et dans le cas où aucune des deux ne serait présente au rendez-vous, il resterait Belinda Bencic, Liudmila Samsonova ou pourquoi pas Magda Linette (suite à ses exploits à Melbourne, on peut s'attendre à tout avec la polonaise). Pas si simple donc, pour la dauphine de Swiatek au classement WTA, même si le tirage est incontestablement plus clément pour elle que pour les autres représentantes du Big Three. À cela s'ajoute un dernier élément, le fait que Sabalenka n'ait plus joué en compétition officielle depuis le 11 mai dernier, date de sa drôle de défaite contre Sofia Kenin au deuxième tour du tournoi de Rome. La native de Minsk va-t-elle manquer de compétition par rapport à ses rivales ou, au contraire, cette période de latence lui sera-t-elle bénéfique ? Peut-être aura-t-on un premier élément de réponse face à Kostyuk, le match étant programmé en ouverture ce dimanche à onze heures du matin sur le court Philippe Chatrier.Une question reste posée. Que se passerait-il en cas de défaillance du Big Three ? Qui en profiterait pour s'immiscer dans la brèche et aller jusqu'au bout ? Si quelques petits éléments peuvent vous aiguiller dans les paragraphes précédents, voici une interrogation à laquelle nous tenterons de répondre dans un article qui sera publié incessamment sous peu. D'ici là, que la meilleure gagne.