Roland-Garros : dix joueuses à surveiller de près

La pression monte à quelques heures du début des Internationaux de France de tennis à Roland-Garros. Iga Swiatek va-t-elle se succéder à elle-même ou va-t-on voir une autre joueuse détrôner la numéro une mondiale, si oui laquelle ? Si les regards se tournent logiquement vers la tenante du titre, vers sa dauphine au classement Aryna Sabalenka ou vers Elena Rybakina qui vient de remporter à Rome son deuxième tournoi WTA 1000 de l'année, il existe une possibilité pour qu'une autre membre du top 10, ou une joueuse classée plus loin, décroche la timbale en cas de défaillance du Big Three. Mais alors, qui pourrait réussir à tirer son épingle du jeu dans un tableau aussi relevé ? Nous avons sélectionné dix joueuses parmi lesquelles se trouve peut-être celle qui va faire sauter la banque. 
Barbora Krejcikova, République Tchèque, tête de série n°13 :

Après un Sunshine Double moyen où elle s'est faite éliminer en huitièmes de finales, aussi bien à Indian Wells qu'à Miami, la tchèque de vingt-sept ans, lauréate de Roland-Garros 2021, n'a pas rassuré en s'éclipsant vite à Madrid et à Rome, tandis qu'avant cela, elle s'était faite corriger à Stuttgart par Aryna Sabalenka 6/2 6/3. Pourtant, la treizième joueuse mondiale avait auparavant montré une grande autorité en gagnant le tournoi WTA 1000 de Dubaï en s'offrant successivement Daria Kasatkina, Petra Kvitova, Aryna Sabalenka, Jessica Pegula et Iga Swiatek, qui dit mieux. Voilà pourquoi il va falloir se méfier de la native de Brno comme de l'eau qui dort à Roland-Garros, d'autant plus qu'elle adore progresser en sous-marin, sans attirer les médias sur elle, sans doute parce qu'elle est une des joueuses les plus sous-estimées du top 20. Attention danger.
Veronika Kudermetova, Russie, tête de série n°11 : 

La voici de retour aux affaires après une période au cours de laquelle on la sentait tâtonner, comme à la recherche d'un second souffle. Passée complètement à côté de l'Open d'Australie, où elle était très attendue (défaite au deuxième tour contre l'américaine Katie Volynets), elle a tenté, sans succès, de se remettre dans le bon sens aux États-Unis, à Indian Wells et à Miami, où elle n'a pas brillé, dominée par les tchèques Karolina Pliskova et Marketa Vondrousova. De retour en Europe, elle ne pouvait pas plus mal débuter la tournée sur ocre avec un exit au premier tour à Stuttgart contre Coco Gauff. Tout cela avant qu'une étincelle inattendue ne se produise à Madrid et à Rome où elle enchaînait deux demi-finales de suite, en se payant notamment Jessica Pegula dans la Casa Magica. Toute proche de réintégrer le top 10, à vingt-six ans, elle arrive Porte d'Auteuil avec l'étiquette de la joueuse à éviter, à moins que la pression ne la rattrape.
Anhelina Kalinina, Ukraine, tête de série n°25 :

Où en est la numéro une ukrainienne après son épopée de haute volée à Rome où elle nous avait gratifié d'un quart de finales d'anthologie (le plus long match de la saison en cours, 3h41) contre Beatriz Haddad Maia, avant qu'elle n'abandonne en finale sur blessure face à Elena Rybakina ? En imaginant qu'elle ait bien récupéré, physiquement et mentalement, elle pourrait être un poison dans la moitié haute du tableau (celle d'Iga Swiatek qu'elle pourrait pourquoi pas retrouver en quarts de finales). Mais attention car, des joueuses comme Julia Grabher, Rebeka Masarova ou Coco Gauff pourraient se dresser sur sa route avant. C'est en tout cas une drôle d'aventure pour une joueuse qui, hormis son exploit romain, n'a pas produit un début de saison tonitruant jusque-là. 
Petra Martic, Croatie, non tête de série :

À chaque fois que la terre battue revient, la croate de trente-deux ans se rappelle à notre bon souvenir. C'est après tout la surface qui convient le mieux à son jeu, d'autant plus que c'est à Roland-Garros qu'elle a le plus brillé en Grand Chelem, en y atteignant les quarts de finales en 2019. Seul point noir, on ne l'a pas beaucoup vu depuis le début de la saison à part une finale perdue à Linz (WTA 250) en février dernier contre la russe Anastasia Potapova. Cependant, elle s'est distinguée il y a peu à Madrid en battant Barbora Krejcikova deux manches à zéro en huitièmes de finales. Elle pourrait par conséquent être dangereuse à Roland-Garros sur une surface qu'elle affectionne. 
Beatriz Haddad Maia, Brésil, tête de série n°14 :

Proche de devenir la première brésilienne à intégrer le top 10 depuis Maria Bueno (ça fait un bail), la native de Sao Paulo continue d'alterner le bon et le moins bon depuis le début de l'année. Après un Open d'Australie désastreux, où elle était sortie par la toute petite porte au premier tour contre l'espagnole Nuria Parrizas Diaz, elle s'est remise dans le bon sens en s'offrant Elena Rybakina à Abu Dhabi (WTA 500), Paula Badosa et Daria Kasatkina à Doha (WTA 500), et de nouveau Rybakina à Stuttgart (sur abandon de cette dernière). Après sa défaite cinglante contre la junior Mirra Andreeva à Madrid, elle s'est remobilisée à Rome en atteignant les quarts de finales. Encourageant donc, et peut-être de bon augure pour elle à Roland-Garros où elle arrive sous les radars. 
Ons Jabeur, Tunisie, tête de série n°7 :

La tunisienne a une idée en tête : devenir la première représentante du Maghreb, et du continent africain par la même occasion, à remporter un tournoi du Grand Chelem. Encore faut-il que son corps ne la trahisse plus, et ça c'est une autre histoire. En imaginant qu'un scénario aussi idyllique se produise, elle serait alors en mesure de faire vaciller le Big Three et d'aller au bout de son rêve. Elle a en tout cas montré qu'elle avait toujours de l'ambition après sa victoire à Charleston (WTA 500) le mois dernier contre Belinda Bencic. Attention, tout de même, elle va rencontrer au premier tour des Internationaux de France l'italienne Lucia Bronzetti, qui vient de gagner son premier tournoi WTA à Rabat, sur terre, avant un duel éventuel contre l'imprévisible Sorana Cirstea au troisième tour.
Liudmila Samsonova, Russie, tête de série n°15 :

Le danger peut venir là où on ne l'attend pas avec cette joueuse qui, lorsqu'elle est dans un bon jour, peut rivaliser avec n'importe quelle membre du top 10. Huitième de finaliste à Wimbledon en 2021 et à l'US Open en 2022, elle peine à trouver la bonne carburation cette saison malgré une finale à Abu Dhabi où elle a écarté notamment Barbora Krejcikova et Veronika Kudermetova. Certes, il lui manque une victoire de référence contre une joueuse très bien classée, cependant, elle a récemment montré de bonnes choses à Madrid où elle s'est hissée jusqu'en huitièmes de finales après avoir donné la leçon à Jelena Ostapenko (6/2 6/0). Intéressant pour la suite.
Jessica Pegula, États-Unis, tête de série n°3 :

Comme souvent, il faudra surveiller la native de Buffalo, souvent placée mais rarement gagnante, surtout qu'elle arrive à Roland-Garros avec de la pression, en étant dans l'obligation de défendre les points de son quart de finales en 2022. Les quarts, ce mur auquel elle s'est souvent heurtée ces deux dernières années en Grand Chelem. Le brisera-t-elle enfin ? Pas sûr quand on regarde ces récentes performances sur ocre. Une sortie sans gloire dès le deuxième tour à Rome contre sa compatriote Taylor Townsend, précédé d'une élimination en... quarts de finales à Madrid contre Veronika Kudermetova. À Roland-Garros, elle hérite d'un premier tour piège contre Danielle Collins mais, peut néanmoins se réjouir d'un tableau un peu moins compliqué que celui du Big Three. Du coup, l'espoir est permis alors que beaucoup estiment que son rang de numéro trois mondiale est clairement surcoté. À elle de faire taire les critiques de la plus belle des manières.
Martina Trevisan, Italie, tête de série n°26 :

La florentine est de retour dans le jardin de ses exploits. Quart de finaliste en 2020 et demi-finaliste l'année dernière, elle veut suivre les traces de la seule italienne à s'être imposée à Roland-Garros, Francesca Schiavone (2010). Hélas, il y a un hic : sa saison pour le moment en demi-teinte, surtout sur terre, sa surface, où elle n'a pas fait mieux qu'un huitième de finales à Madrid. Pire, elle a très vite été écartée à Rome, où son public l'attendait avec impatience, battue dès son entrée dans le tournoi par Karolina Muchova. Cependant, rien n'est impossible quand on s'appelle Martina Trevisan et elle voudra certainement le rappeler quand elle défiera Elina Svitolina, toute récente championne des Internationaux de Strasbourg, au premier tour. 
Jelena Ostapenko, Lettonie, tête de série n°17 :

Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, une chose est sûre : la joueuse la plus insupportable du circuit WTA est en train de revenir. Ses résultats depuis le début de l'année en témoignent : quart de finaliste à l'Open d'Australie, huitième de finaliste à Miami et demi-finaliste à Rome où l'on a eu le sentiment face à Krejcikova et Badosa de retrouver par intermittence la Jelena Ostapenko qui s'imposa à Roland-Garros en 2017. C'est sûr qu'avec son fichu caractère et son style vestimentaire atypique, elle n'aura pas les faveurs du public à Paris. Mais justement, n'est-elle pas plus dangereuse lorsque qu'elle sent que la foule est contre elle ? Il va falloir la surveiller très attentivement...