Après l’agitation des affaires et des travaux on voudrait l’apaisement et l’on se retrouve entêté de tâches futures : agité jusque dans le repos et incapable de penser à autre chose. Aussi admire-t-on ces sages de l’Orient dont les pratiques paraissent si bien calmer les esprits. Mais le philosophe n’a-t-il pas aussi son mot à dire ?
On peut remarquer que le soucieux reste en dedans de lui-même, occupé à remâcher ses pensées. Ce qu’il néglige de faire, c’est de changer le cours de ses perceptions, comme de regarder soudain un objet à l’horizon. Ou de scier du bois, jouer de la musique, ranger une pièce de fond en comble. Il n’y a pas de souci qui résiste longtemps à cet énergique remède.
Parmi les moyens de la sérénité on comptera donc la musique, la gymnastique et l’observation. Par exemple, la musique que l’on exécute et dont on est à la fois l’auditeur et l’interprète ; la marche, la danse ou la nage, qui ont pour effet de masser le corps par le simple mouvement des muscles ; l’observation attentive d’un immeuble, d’un mécanisme ou d’un paysage.
Ainsi religions et sagesses s’occupent d’abord de régler les mouvements du corps et de choisir les objets offerts aux sens. D’où le philosophe conclura peut-être que la sérénité est une manière de penser en percevant et en agissant, au lieu de remâcher des discours sans objet, qui ne sont que songes.