Il y a quelques mois, alors que je quitte les lieux, un des sauveteurs de la piscine de Pully me demande:
Quel est le secret de ta longévité?
Pris au dépourvu, je ne sais que répondre, sinon que j'entretiens au mieux mon corps et mon esprit. C'était un peu court, jeune homme (je suis un éternel adolescent malgré des ans l'irréparable outrage) !
Ayant toujours bénéficié d'une bonne mauvaise santé depuis ma naissance, plutôt que de céder à l'émotion, ma pente naturelle, très tôt, depuis tout petit, je m'analyse, corps et âme, pour mieux survivre.
Ne disposant pas d'une mémoire éléphantesque, loin de là, je dois compenser. Je le fais en raisonnant, en me raisonnant. Ce blog, qui est surtout un blog-notes, supplée à mes défaillances neuronales.
Ma mère m'a raconté que j'étais mutique jusqu'à mes quatre ans. Mes parents inquiets se demandaient si j'étais sourd ou idiot. Une psychologue consultée leur a dit que je ne voulais pas dire de bêtises...
Pour m'en sortir, tout au long de ma vie, j'ai analysé mon environnement, les êtres et les choses, rejetant tout ce qui était toxique à mon corps et à mon âme et ne retenant que ce qui leur était bénéfique.
Cette démarche m'est naturelle aussi bien quand je ressens des douleurs au corps ou à l'âme que lorsque je comprends ce qui leur fait du bien. Cette attitude physique et mentale se retrouve avec ce blog.
Je ne me fixe pas de buts inatteignables, prends une chose après l'autre, même si je maintiens un cap, celui de la devise que je me suis donnée à seize ans, à l'instigation de l'aumônier du Lycée Henri IV:
Semper longius in officium et ardorem.
Sans entrer dans les détails de ma bonne mauvaise santé physique, je surmonte ainsi peu à peu, et surtout, ma multi-morbidité par des mouvements gymnastiques et natatoires qui y remédient grandement.
Sans entrer dans les détails de ma santé mentale, je la conforte par de saines lectures et, quand elles le sont moins, je sépare le bon grain de l'ivraie en observant les principes enseignés par Louis Millet.
Le secret de ma longévité n'en est donc pas vraiment un. Il relève du bon sens, qui, contrairement à ce que disait René Descartes en un autre temps, n'est peut-être plus la chose du monde la mieux partagée.
La confiance et la fidélité de mes lecteurs m'encouragent à garder mon cap. Je leur en suis infiniment reconnaissant et, à défaut d'être l'écrivain qu'enfant je rêvais d'être, grâce à eux, j'en cultive l'illusion...
Francis Richard