Basic Partner au festival Lodañ, Place de La Cloche, Binic, le 20 mai 2023
michel
Charlotte Caillon-Lagadeuc est une sainte, avec son compagnon Arnaud Lagadeuc, elle gère Le Chaland Qui Passe, dont elle est le sourire, de temps en temps, elle vient donner un coup de main au Barbe à Plouha, géré par Arnaud et un autre fou de musique, Yann Olivier, toujours avec Arnaud, et le plus Breton des gars originaires des Antipodes, Maxwell Farrington, ils ont repris et mis à neuf l'Hôtel Neptune à Binic, et depuis peu, elle préside l'association Goël'Art, qui a décidé qu'il y aurait une Morue en Fête à Binic, malgré l'annulation annoncée.
Très vite, l'idée d'un festival se déroulant durant le week-end de l'Ascension a germé dans l'esprit des responsables de l'équipe et avec l'accord de la mairie de Binic, le Lodañ Festival voit le jour.
Fameuse affiche concoctée en quelques semaines: deux scènes , neuf groupes, des concerts étalés sur trois jours!
Tu décides de faire un tour sur les quais de la station balnéaire le 20.
T'avais opté pour les concerts de Basic Partner et The Soap Opera.
Sur place, tu apprends que The Soap Opera s'est produit la veille, ils ont switché avec Les Saumons Fumés qui doivent se produire sur l'avant-port à 20h.
Second hic, le soundcheck de Basic Partner s'est prolongé,, le coup d'envoi a été donné avec près de 25' de retard!
Tu connais Partner in Crime et Basic Instinct mais pas Basic Partner, cette formation nantaise, peut-être nantie, qui a vu le jour il y a moins d'un an.
Discographie: inexistante, un clip existe!
Style: ils optent pour l'étiquette krautpunk, le médecin, après une écoute attentive au stéthoscope, a relevé des éléments psychédéliques, du postpunk, du garage , de la crank wave , de l'art punk... on prévient les amateurs de schlager ou de middle of the road qu'ils peuvent passer leur chemin.
Line-up: la grande inconnue, ils ne se sont pas présentés, on avance: Clément Le Gallo ( chant, sax, synthé) , actif chez Sir Greggo, Kata K, Deftstomp, Two Headed/ Sacha Sourty ( guitare ) , actif chez Deftstomp/ Anton Brachet ( batterie), cité chez OHM, Tickles, Ämelast et, enfin, à la basse, sans doute, Lucas Fleurance, annoncé chez Tickles, Ämelast, Easy Frenzy, Nashira.
On nous souffle que pendant un temps, Marius Radius de Clavicule ( cf article de NoPo) a fait partie du combo.
Pour les titres, on te prévient, c'est la galère, t'as les mains ampoulées, du coup!
On suppose qu'ils ont démarré par 'Love is Strange', le morceau visible sur YouTube.
Une amorce bruitiste au synthé sur laquelle vient se greffer la guitare, le tag krautrock se justifie. Si Neu!, Faust ou Can font partie de tes groupes favoris, tu risques d'aimer.
Le son est épais, des éléments psychédéliques, voire doorsiens, pointent, Sacha saupoudre son jeu d'une pointe de wah wah, le chant de Clément passe de l'obsédant à l'irascible et c'est sur un final liturgique que s'achève une première plage percutante.
Un cliquetis aux drums amorce la suivante, t'as cru lire ' Insomnia's' sur le chiffon caché par les câbles de la guitare, qui réagit après l'allumage signé Anton.
Le synthé grogne puis développe des sonorités caoutchouteuses, la voix est rageuse, Clément est relayé au chant par Lucas, Sacha en profite pour activer à nouveau la wah wah pedal, un coup de fuzz jaillit, , ça gronde et gesticule furieusement, d'où les problèmes d'insomnie!
Un synthé Notre-Dame de l'Assomption , on lui a pas dit, que c'était l'Ascension, introduit ' As you want' ( après déchiffrage) , les autres musicos sont transformés en enfants de choeur avant de se joindre à l'organiste titulaire, peut-être émérite.
Il entame un chant aux intonations the Lizzard King, avec quelques inflexions Stan Ridgway.
A ses côtés, Sacha girouette selon l'humeur du vent, puis il pirouette, tournoie, se plie en deux, tout en balançant de méchants riffs.
Très expressif, Monsieur Le Gallo, est bien secondé par Lucas.
William Sheller a une de ses compos intitulée ' Lux Aeterna', sur la fiche t'as lu ' Lux Eterna, c'était pas du William Sheller, et c'était plutôt sombre, avant de s'éteindre à petits feux. Le coup final sur une caisse a fait forte impression!
'All the people' tient d'une équipée de la horde sauvage, chant courroucé, post punk violent et anxiogène, faut se tenir à distance, ils canardent grave.
Aucun signe d'assagissement sur 'Catch me' , une attaque en force amorce la plage, Clément pédale en spoken-word, t'as jamais réussi à l'attraper et comme une bête aux abois, Sacha nous lâche un effet larsen perfide.
Il entame ' Monotonus' on n'a pas lu "ous ", t'iras leur poser la question, un titre un rien plus apaisé lors de l'entame , il se transforme en prière implorante avant le terminus.
Un petit blanc, énerve un rocker vintage qui leur enjoint d'enchaîner.
Après une brève intro aux claviers, 'Temptation' est jeté en pâture à nos oreilles candides, il a vu un papillon, on a aperçu un cormoran, les deux bestioles ont mis les bouts aussi sec, tellement ça pilonnait sur scène, un petit coup de slide vient divertir le vétéran de tout à l'heure, et, on n'a pas compris pourquoi, un briquet a atterri à ses pieds.
Remerciements d'usage et dernière balle,'Where are you' chanté d'un timbre chevrotant , ce qui a éveillé en toi quelques souvenirs ( 'My Generation' des Who), c'est en format cataclysme d'ampleur sidérante que prend fin ce concert turbulent et déterminé.
Basic Partner, un band à tenir à l'oeil.
Il est 20:20', le gig sur l'avant-port est déjà sérieusement entamé, tu jettes l'éponge et rentres à la niche !