L'idée n'est plus très originale mais son introduction récente par Mastercard, via sa filiale dédiée aux applications de finance ouverte, nous procure une occasion de nous attarder sur l'exploitation de la connexion aux comptes bancaires dans le but de valider l'identité d'une personne et collecter les informations nécessaires à un enrôlement.
Dans la droite ligne de son positionnement stratégique, Finicity cible prioritairement les entreprises du secteur financier – des grands groupes historiques aux jeunes pousses de la FinTech – avec sa solution « Secure Account Opening ». Par bonheur, il s'agit probablement du segment le plus approprié pour cette catégorie de produits, en raison de ses exigences particulières de confiance (celle-ci est critique pour partager les données bancaires) fréquemment combinées avec le besoin d'une source de fonds.
Car le principe de l'offre consiste à intégrer dans une même opération l'enregistrement des coordonnées d'un compte à prélever – pour le provisionnement d'un porte-monnaie électronique, pour le paiement d'un abonnement… – avec une vérification instantanée de sa détention par l'individu qui les fournit et la transmission de caractéristiques additionnelles potentiellement utiles, pour pré-remplir un formulaire d'inscription (l'adresse postale, par exemple) ou pour certains contrôles (de revenus, de solde disponible…).
Pour les organisations qui adoptent le système, la promesse est une expérience client optimale, entièrement en ligne, quasiment en temps réel, de bout en bout, réduisant et simplifiant drastiquement le nombre d'interactions imposées aux nouveaux utilisateurs (au bénéfice des taux de transformation), tout en garantissant un niveau élevé de sécurité et de protection contre la fraude, notamment autour de l'usurpation d'identité, voire des identités synthétiques, en forte progression ces derniers temps.
Naturellement, le modèle a ses limites, qui, en général, excluent d'en faire le seul moyen proposé pour une entrée en relation. D'une part, il ne peut s'adresser qu'aux consommateurs qui possèdent un compte, ce qui peut être discriminant dans les régions où la bancarisation n'est pas universelle (y compris, dans une certaine mesure, aux États-Unis, où Finicity opère) et, plus encore, quand les cibles privilégiées sont les jeunes générations. D'autre part, il faut également convaincre les usagers d'adopter un dispositif qui peut être perçu comme intrusif… mais il est vrai que l'habitude s'installe peu à peu et que, en outre, un nom connu tel que Mastercard devrait faciliter les choses.
Comme ses équivalents un peu partout dans le monde, ce « Secure Account Opening » répond à une attente réelle de nombreux acteurs désireux de « digitaliser » leurs parcours d'enrôlement. Son espérance de vie pourrait cependant être courte car il remplit un rôle logiquement dévolu aux plates-formes d'identité numérique. Si, pour l'instant, ces dernières sont réservées à quelques pays, elles ont actuellement le vent en poupe et leur déploiement généralisé est en pleine accélération (entre autres en Europe… et Mastercard est aussi engagée dans ce domaine au Royaume-Uni, incidemment).