La mort nous accueille au Centre d’art contemporain La Traverse d’Alfortville. Une mort qui dit la fragilité du vivant. Un oiseau naturalisé retenu sur le tronc mort d’un arbre sans écorce : c’est un dialogue interrompu dans la nature, nature elle-même dessinée bleue sur des toiles très grandes qui font tapisserie, comme si on voulait toujours avoir tout sous les yeux. Mais qui regarde qui ? Dans une vidéo, à propos des statues, le texte dit : « ils ont des yeux et ne voient pas ». Que voient donc les visiteurs ? Si c’est la mort qui nous accueille, elle n’échappe pas ici à nos regards : oiseaux couchés sur le dos, raides, immobiles, animal tué par une automobile sur une route sans doute traversant un bois, une forêt. Nous vivons avec la mort qui parfois nous surprend, nous bouleverse. Mais que voyons-nous de la mort que des humains infligent à d’autres humains ? Violences quotidiennes et violences des guerres, on n’en sort pas. Et les armes tuent à distance : hier, c’étaient des flèches, puis vinrent les armes à feu, puis les canons, puis les bombardiers, puis les drones : étrange civilisation où l’on tue sans voir, où l’on tue pour ne pas voir ceux qui nous regardent.
L'aquarelle représentant ici un oiseau mort me rappelle le livre de Jean-Christophe Bailly et Éric Poitevin, catalogue d'une exposition intitulée Le puits des oiseaux, dont vous pouvez retrouver la présentation dans ce blog en suivant ce lien.