Un des intérêts de ce recueil bilingue (persan-français) de quatrains d’Omar Khayyâm tient dans sa préface : Gilbert Lazard y raconte ce qu’on sait d’un Omar Khayyâm, mathématicien, astronome et philosophe qui vécut de1048 à 1131. Est-ce le même qui écrivit ces quatrains dont on ne parlera qu’une dizaine d’années après sa mort et dont le nombre de quatrains qui lui seront attribués ira augmentant avec les siècles ? Si l’on s’accorde à penser que c’est bien le même homme, scientifique, philosophe et poète, il semble évident que tous les quatrains ne sont pas de lui.
Plusieurs connaisseurs de la poésie iranienne ont réuni entre 75 et 150 poèmes dont ils estiment qu’ils sont probablement du poète persan. Gilbert Lazard en retient, pour sa part, 101, qu’il traduit en essayant de rester fidèle au rythme des textes originaux, rimes incluses, et en suivant à peu près les thèmes suivants : le Temps, la Mort, la Terre, l’Énigme, l’Imposture, le Vin, la Sagesse.
En voici deux :
Ce palais dont l’arrogance
côtoyait le ciel jaloux
Et dont la salle d’audience
mettait les rois à genoux,
Nous y vîmes un ramier
sur les créneaux de l’enceinte
Qui roucoulait une plainte
incessante : Où ? Où ? Où ? Où ?
Tant de souci des richesses,
tant de regret des grandeurs,
À quoi bon ? Une vie, est-ce
beaucoup plus que quelques heures ?
Ce souffle en ton corps ne t’est
que pour un instant prêté :
Avec un bien emprunté,
il faut vivre en emprunteur.