Léon Monet, frère mécène, industriel et collectionneur - au musée du Luxembourg

Par Mpbernet

Les frères Monet sont nés dans une famille de négociants.

Léon, diplômé en chimie, se spécialise dans la couleur et co-fonde la Société industrielle de Rouen… à l’image de la Société Industrielle de Mulhouse.

Marié depuis 1865, directeur de la succursale de la société suisse Geigy et Cie, productrice de produits chimiques installée à proximité de Rouen, il acquiert plusieurs toiles de son frère, dont «Fleurs de printemps» (1864) ou «Adolphe Monet lisant dans un jardin» (1866).

En 1882, les deux hommes se brouillent brièvement à cause d’une dette que Claude Monet tarde à régler. Mais ils entretiennent des relations étroites, à tel point que Léon participe à l’éducation de son neveu Jean.

Le peintre réalise le portrait de son frère en 1874.

Entre 1879 et 1885, Claude Monet rendra visite, à plusieurs reprises, à son frère qui réside en villégiature aux Petites-Dalles, entre Fécamp et Dieppe.

En juillet 1892, lorsque Claude Monet s’unit officiellement à Alice, Léon est son témoin.

Mais les relations entre les deux frères se ternissent lorsque Léon, veuf depuis 1895, choisit d’épouser en 1897 sa gouvernante, plus jeune que lui de près de trente ans.

Léon Monet est un notable de renom et un homme d’affaires chevronné, mécène des impressionnistes.

Il achète des toiles non seulement à son frère mais aussi à Alfred Sisley, Camille Pissarro, Renoir - qui a fait ce beau portrait de Claude -  des estampes japonaises … qu'ils apprécient tous les deux.

L’intérêt de cette exposition est de souligner le rôle de la couleur, aussi bien pour faire bouger l’art pictural que dans la teinture des étoffes (entre autres).

Extraordinaire essor de l’industrie chimique après la découverte au milieu du XIXème siècle de l’aniline et de toute la palette nouvelle de couleurs qu’elle offre aux artistes et à l’industrie textile.

On nous explique, dans le « journal de l’exposition » (6€) la différence entre le pigment et le colorant : le colorant est une matière tinctoriale liquide et soluble dans l’eau. Le pigment se présente sous une forme solide et est obtenu par précipitation.

Le XIXème siècle voit l’apparition des premières couleurs industrielles prêtes à l’emploi d’abord présentées dans des vessies de porc séchées … avant des seringues de verre (1822), enfin le brevet de tube souple rétractable déposé en 1841 par John Goffe Rand à Londres et commercialisé en France à partir de 1855 par la maison Lefranc.

L’ouvrage fondamental de Michel-Victor Chevreul « De la loi du contraste simultané  des couleurs et de l’assortiment des objets colorés » parait en 1839 … Cette théorie inspire tous les peintres de ce temps.

L’exposition est riche de plusieurs œuvres collectionnées par Léon Monet, dont des  portraits de famille pleins de tendresse, et se termine par les dernières toiles marquées par la cataracte du vieil artiste, qui invente ainsi l’art moderne sans le savoir …

Comme ces deux dernières toiles qui font penser au jardin de Giverny !

Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur au Musée du Luxembourg jusqu’au 16 juillet, tous les jours jusqu’au 16 juillet. Prix : 14€.