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La dernière licorne

Publié le 15 mai 2023 par Polinacide @polinacide

Si vous vous attendiez à une énième créature qui pète des arcs-en-ciel sur fond de paillettes, passez tout de suite votre chemin. Car cette pépite sortie en 1982 (hélas fort méconnue en France) est bien loin de l’esprit Disney que nous a inculqué l’industrie cinématographique ces dernières années. Pour beaucoup, la séquence la plus triste de la franchise reste encore la mort de la mère de Bambi à ses débuts… Il en faut peu pour pleurer dans les chaumières.

Aux antipodes des productions bon enfant à partager en famille autour d’un pop-corn, cet « ovni » d’animation fait tout d’abord appel à la sensibilité de chacun, bien loin du conte de fées mainstream se terminant par un happy end ô combien prévisible. Empreinte d’une certaine tristesse, l’ambiance de la dernière licorne n’enlève en rien la féerie qui s’en dégage, bien au contraire. L’histoire se contemple à l’image d’une introspection personnelle aux frontières d’un rêve éveillé, laissant le spectateur marqué à vie par ce qui ne fut qu’un mirage.

Un conte cérébral bien moins naïf qu’il n’y parait…

Il s’agit surtout d’un récit qui parlera à tous les âges, soulevant autant de sujets profonds comme celui de la nostalgie de l’enfance, du paradis perdu, ou encore la quête identitaire d’un être qui se découvre le dernier de son espèce. Sans oublier la notion de sacrifice de soi, du respect de l’autre ou simplement de la nature au sens large. Des thématiques plus que jamais d’actualité qui sont non sans rappeler notre propre condition humaine, dont le happy end reste tout aussi incertain.

Etrange apparition de lumière sur une tonalité de couleurs fantomatiques, cette créature légendaire nous rappelle également l’importance de rester combatif, quand bien même le moindre espoir semble à jamais perdu. Il en va ainsi tout au long de sa quête, lors de laquelle la licorne se voit sans cesse traquée par un démon qui la hante. Le rythme, quant à lui, est posé tout en étant ponctué de scènes fortes, non interrompues continuellement par des vannes inutiles servant à détendre l’atmosphère des dessins animés contemporains. 

Une réflexion sur les défis à venir

Aussi sombre qu’hypnotique, cette fable n’est pas un simple divertissement devant lequel on plante les enfants pour qu’ils nous lâchent la grappe le temps d’un film. Ils n’en sortiront que plus enrichis, la fiction ayant l’avantage de susciter leur sensibilité comme leur esprit critique, les questionnant sur leur rapport à la vie ainsi qu’au réel dans une société de consommation où l’on n’a  même plus envie d’y penser.

Ce serait bien dommage de les en priver, ne serait-ce que pour encourager les générations futures à faire mieux que nous-mêmes. N’est-ce pas là la vraie raison d’être d’un conte de fées ?

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